Le jeu 

Le temps d’un dîner, des couples d’amis décident de jouer à un "jeu" : chacun doit poser son téléphone portable au milieu de la table et chaque SMS, appel téléphonique, mail, message Facebook, etc. devra être partagé avec les autres. Il ne faudra pas attendre bien longtemps pour que ce "jeu" se transforme en cauchemar...  

Entretien avec Fred Cayavé, le réalisateur 

Ce film part du postulat que nous avons tous des Choses à nous reprocher, plus ou moins avouables…
Toute vérité n’est pas forcément bonne à dire, que ce soit en amour comme en amitié ! Le film nous interroge sur ce qui est nécessaire de savoir et sur ce qui est peut-être préférable de taire. Ceci devait, bien entendu, n’être que le sous-texte du film. Car LE JEU est avant tout une comédie ludique qui dérape peu à peu vers des situations grinçantes et ce jeu se transforme en « roulette russe » : qui va recevoir une balle ? Qui sera épargné ? 

Le titre du film pourrait être les dix petits nègres 2.0…
Il y a un peu de ça  : je viens du thriller et des films d’action à suspense, et j’en ai repris la construction. Autrement dit, je laisse le spectateur dans l’ignorance de ce qui va se passer dans la minute qui suit. En quelque sorte, c’est une suite logique de mon travail : les événements sont moins graves que dans À BOUT PORTANT par exemple, mais peuvent percuter avec violence les personnages. Et là, non seulement on peut complètement se projeter et rire tout en percevant l’anxiété du personnage trahi par son portable, mais même sans rien avoir à se reprocher, on peut aussi s’interroger sur l’usage perverti de cet objet ordinaire – qu’on ne poserait pas soimême sur la table ! – où messages, points de suspension, posts sur Facebook sont sujets à interprétation et peuvent s’avérer aussi dangereux qu’une grenade dégoupillée. 

Le véritable protagoniste – et antagoniste – n’est-il Pas le smartphone ?
Complètement  ! On a créé un objet qui rassemble toute notre intimité : il y a autant de choses dans nos portables que dans un journal intime. On y met des éléments extrêmement personnels et si cette boîte de Pandore s’ouvre, nul ne peut ni en prédire, ni en maîtriser les effets. Sans avoir la prétention de modifier les comportements, je ne serai pas surpris que ce film ait un impact sur la façon d’utiliser les smartphones… 

Cet outil a un côté addictif…
Il n’y a qu’à voir que lorsqu’on oublie son portable chez soi, on peut passer une journée effroyable ! Cet objet a un côté addictif car il a créé des besoins futiles : regarder ce que vos potes mangent au restaurant ou ce qu’ils font n’a pas grand intérêt et c’est terriblement chronophage ! 

Le personnage de grégory gadebois est un catalyseur : Il met en lumière les préjugés de gens soi-disant Progressistes et l’éloignement qui s’est installé entre Ces prétendus amis…
Le film démontre qu’être amis depuis 30 ans ne signifie pas se connaître vraiment  : l’intime ne se partage pas forcément et les secrets résistent aux rapports les plus fraternels, mais on reconnaît ses vrais amis dans l’adversité. Et le personnage de Grégory, sympathique et « bonne pâte », est le révélateur de cet état de choses. Le film permet donc aussi de s’interroger sur la qualité de nos propres liens.  

Comédie dramatique française de Fred Cayavé. 4,1 étoiles AlloCiné.


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