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Je danserai si je veux Layla, Salma et Nour, 3 jeunes femmes palestiniennes, partagent un appartement à Tel Aviv, loin du carcan de leurs villes d'origine et à l'abri des regards réprobateurs. Mais le chemin vers la liberté est jalonné d'épreuves…
Entretien avec Maysaloun Hamoud la réalisatrice Comment le projet de JE DANSERAI SI JE VEUX est-il né ? Le film s’inspire-t-il de votre propre expérience de vie à Tel-Aviv-Jaffa ? Il faut une véritable audace pour parler de sexualité et de problématiques liées à l’homosexualité dans le monde arabe. Aviez-vous des appréhensions concernant l’accueil du film ? Quelle est la part d’acteurs professionnels et non-professionnels auxquels vous avez fait appel ? J’ai cherché des acteurs professionnels et nonprofessionnels qui puissent incarner les personnages avec le plus grand naturel possible. C’est ce qui m’a guidée pendant les auditions. Je savais qu’il fallait que je sois très précise et sans concessions. Comme j’appartiens au monde que je dépeins dans le film, j’avais mes repères. Je savais vers qui me tourner. Je connais les comédiens les plus intéressants du moment et les personnages qu’ils sont capables de jouer. Je savais que ce ne serait pas facile mais par chance j’ai pu choisir mes principaux interprètes pendant l’écriture du scénario. Deux d’entre eux – Sana Jammalieh (Salma) et Shaden Kanboura (Nour) – m’ont donné leur accord deux ans avant le tournage. Sur les 42 personnages du film, c’est Laila qui m’a donné le plus de fil à retordre au moment du casting, plus encore que Salma, qui est lesbienne. Laila incarne notre alter ego, celle qui refuse le moindre compromis. Non seulement Laila ne se censure pas, mais elle fait exactement ce qu’elle veut. Elle ne correspond pas aux stéréotypes de la femme palestinienne hétérosexuelle. Son approche du féminisme est subversive et représente une menace : elle est belle, sexy, sensuelle, insoumise, déterminée, volontaire et rebelle. Nous n’avons pas beaucoup de comédiennes en Palestine et j’ai même fait venir une femme de Berlin pour faire un essai. Je tenais à ce que l’actrice qui campe Laila partage les traits de personnalité du personnage. Nous voulons tous être des Laila à notre façon mais nous nous efforçons de garder cet aspect de notre identité enfoui au fond de nous. Un mois avant le début du tournage, je ne l’avais pas encore trouvée. Nous avons bien failli retarder le tournage. C’est alors qu’on a rencontré Mouna Hawa et qu’elle a incarné le rôle dans toute sa complexité. Je n’ai pas eu un coup de foudre au départ mais elle s’est magnifiquement appropriée le personnage. En revanche, le rôle de Salma était pour ainsi dire écrit pour ma grande amie Sana, une non-professionnelle. Elle a une personnalité – et un parcours – très proche de celle de Salma. J’ai rencontré Shaden Kanboura grâce à ma colocataire Maysa Abdel Hadi, qui devait interpréter Laila au début. Et dès que j’ai commencé à filmer Shaden au cours des essais caméra, j’ai compris qu’elle était Nour. Comme si le personnage de Nour l’attendait. Le casting des autres personnages comportait aussi sa part de difficultés. Je pense notamment à Dunya, l’amoureuse de Salma. Ahlam Canaan est une formidable violoniste dans la vie et elle appartient à notre univers culturel. Quand elle s’est présentée pour le rôle de Laila, je savais qu’il ne lui correspondait pas. Je savais en revanche qu’elle correspondait à Dunya. Lorsque je le lui ai dit, elle a accepté le rôle sans la moindre hésitation. Lorsqu’elle a fait une lecture du scénario avec Sana, l’alchimie a été immédiate. Le personnage de Saleh, garçon homo extravagant, représentait un nouvel obstacle. Il me semblait évident que celui qui allait interpréter le rôle, quel qu’il soit, devait très bien connaître ce milieu : il fallait que sa description soit authentique et surtout pas stéréotypée. Il n’y a pas assez d’acteurs gay et j’ai donc dû solliciter tous les homos disponibles. Tout à coup, Ayman Daw, qui étudie la mode à Milan, a débarqué – je commençais à perdre courage. J’ai braqué la caméra sur lui et il correspondait exactement à ce que je recherchais. Il en va de même pour Riyad Saliman qui incarne Qays. Saliman fait partie de Jazar, petit groupe d’habitants de Haïfa qui font du cinéma, de la musique et des graffiti. J’ai fait appel à beaucoup de non-professionnels, c’est-à-dire des gens comme moi qui nourrissent le film de leur quotidien. Le choix de Mahmoud Shalabi pour Ziad était relativement simple puisque Mahmoud est la seule «star» que j’ai choisie (acteur pré-sélectionné deux fois aux Césars - révélation masculine pour Les Hommes libres de Ismaël Ferroukhi et Une bouteille à la mer de Thierry Binisti - NdT). Mais il campe Ziad à la perfection – c’est aussi simple que ça. Avez-vous cherché à donner naissance à un nouveau féminisme arabe ? Film palestinien de Maysaloun Hamoud. 12 prix dans les festivals. 3,8 étoiles AlloCiné. Voir toutes les newsletters : www.haoui.com Pour les professionnels : HaOui.fr |