Born to be blue

Afin de lui rendre hommage, un producteur de Hollywood propose à Chet Baker, le légendaire trompettiste de jazz des années 1960, de tenir le premier rôle dans un long métrage consacré à sa vie. Pendant le tournage, Chet tombe éperdument amoureux de Jane, sa partenaire afro-américaine. Malheureusement, la production est arrêtée le jour où, sur un parking, Chet est passé à tabac. Anéanti, les mâchoires fracassées, l'artiste se replie sur lui-même, et son passé ravive ses démons. Jane réussit néanmoins à le convaincre d'aller de l'avant, de rester sobre et, grâce à la musique, de regagner la reconnaissance de ses pairs...

Notes de production
Auteur et réalisateur, Robert Budreau est à l’origine du projet Born To Be Blue. Son premier  court-métrage expérimental en noir & blanc conçu en 2003 contenait déjà les germes du  concept développé par Budreau dans son long-métrage, à savoir mélanger une esthétique  onirique avec une narration jazz. Bien que fan de jazz depuis de longues années, ce n’est  qu’il y a cinq ans que Budreau découvrit l’histoire de la vie privée de Chet Baker, et s’aperçut  qu’elle trouvait écho dans les thématiques récurrentes de ses films, celle de personnages  masculins cherchant l’amour et la rédemption.  

« Ce qui m’a tout d’abord attiré dans l’histoire de Chet Baker, ce sont deux choses : en  premier lieu une sympathie pour le personnage via le fait qu’il ait été violemment agressé et  cherche à faire son comeback malgré tout, et ensuite un élément surréaliste, à savoir qu’on  lui a proposé de jouer son propre rôle dans un biopic qui n’a jamais vu le jour ». En effet, au  début des années 1960, alors que Baker était emprisonné en Italie à cause de son addiction,  le producteur Dino De Laurentiis lui proposa d’incarner son propre personnage.

Le film ne  fut jamais finalisé, mais il donna à Budreau l’idée de filmer son tournage, utilisant ce procédé  pour capturer le côté improvisé du jazz et éviter les clichés habituels des biopics musicaux.  Selon la narration de Budreau, la vérité est aléatoire, et durant ses recherches il s’aperçut  que Baker lui-même improvisait sur l’histoire de sa vie, racontant des versions différentes de sa mâchoire fracturée, par exemple. « Le fait que sa propre version de sa vie soit truffée de  contradictions et d’improvisation m’a inspiré et m’a convaincu de rester fidèle à la musique  ainsi qu’au personnage, qui comme Bob Dylan a créé son propre mythe, sa propre identité » explique Budreau.  Ce n’est que plus tard, durant la préproduction de Born To Be Blue, qu’Ethan Hawke s’est  impliqué dans le projet. Et c’est Hawke qui a proposé à Budreau d’improviser sur la vie de  Chet, de créer une fiction historique.

« Il existe un livre superbe sur le jazz, But Beautiful de  Geoff Dyer, qui imagine les vies de fameux jazzmen comme Bird, Monk, Duke Ellington ou Art  Pepper. Le film retrouve cet esprit. Pour moi, on ne raconte pas comment était Chet mais  plutôt comment on imagine qu’il a été » explique Ethan Hawke. « C’est difficile à décrire,  mais disons que si vous êtes tranquille dans votre chambre et que vous mettez un disque de  Chet Baker, ce film est celui que vous imagineriez. Il est fidèle à son esprit. Robert Budreau a  été malin, il a utilisé une vérité, à savoir que De Laurentiis voulait que Chet joue dans son  propre biopic. Sauf que Chet n’a jamais tourné une seule scène de ce film, par contre il a  vraiment perdu ses dents. Et Robert imagine que c’est arrivé à Chet pendant le tournage du  biopic.

C’est une façon de revendiquer l'absence de vérité objective d'un biopic, car nos vies  ne sont pas des narrations linéaires avec un début, un milieu et une fin ».  Dans la lignée de cette licence poétique, le scénario rassemble les caractéristiques de plusieurs des femmes de la vie de Chet en deux personnages, Jane et Elaine, toutes deux  interprétées par Carmen Ejogo. Elle aussi considère que Born To Be Blue n’est pas un biopic.  « Je crois que c’est plutôt une lettre d’amour à Chet Baker. Un film qui comprend l’essence du  musicien qu’il était ».

Pour le producteur Leonard Farlinger, l’âme du film est le génie  musical de Chet qui jouait dans un style émotionnel très cru et sous-tendu par une grande  noirceur et une profonde mélancolie qui a séduit le monde entier. « Encore aujourd’hui, ses performances rassemblent des millions d’internautes sur youtube, prouvant la persistance de  son héritage et son impact sur la musique contemporaine ».

Biopic de Robert Budreau avec Ethan Hawke. 3,6 étoiles AlloCiné.


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