Jalouse

Nathalie Pêcheux, professeure de lettres divorcée, passe quasiment du jour au lendemain de mère attentionnée à jalouse maladive. Si sa première cible est sa ravissante fille de 18 ans, Mathilde, danseuse classique, son champ d'action s'étend bientôt à ses amis, ses collègues, voire son voisinage... Entre comédie grinçante et suspense psychologique, la bascule inattendue d’une femme...

Entretien avec les réalisateurs David et Stéphane Foenkinos 

Comment est née l’idée du film ?
Après LA DÉLICATESSE nous avions le désir d’un autre portrait de femme. De la rencontre entre une actrice et un personnage que l’on suivrait au moment où elle est traversée par de nombreux doutes. Le titre « femme au bord de la crise de nerfs » était quasiment notre tonalité initiale. Autour d’elle, elle ne percevrait que le bonheur et la réussite. Ce bonheur des autres qui « lui saute au visage » comme elle le déclare à son généraliste. Tout au début, nous nous sommes surtout concentrés sur la relation mère-fille. Voir éclore la beauté et la grâce, la promesse et l’avenir, au moment où votre vie semble décliner, c’est difficile. Progressivement nous avons décidé d’étendre le sujet à tout l’entourage de Nathalie. Son mal être devient général. 

Qu’est-ce qui vous attirait dans ce sujet ?
C’est finalement assez tabou d’envier les autres, de ne pas les supporter parce que leur vie vous paraît meilleure, plus épanouie. Et c’est d’autant plus interdit quand il s’agit de vos propres enfants. Cet aspect sulfureux nous attirait fortement. Et, au delà de l’aspect social ou psychologique, on y voyait aussi le potentiel comique. Rire en mettant une main devant les yeux et se dire : « non, c’est pas vrai, elle va pas faire ça ! » est aussi un plaisir d’auteur et de réalisateur. 

Comment avez-vous construit le récit ?
On a imaginé le film en trois parties. La première est celle de l’apparition de la crise, avec des actes de plus en plus nuisibles, des réactions de plus en plus imprévisibles. Puis, un drame central, acte ultime et violent du dérèglement. Et dans un troisième temps, suivre Nathalie dans sa tentative de se recomposer. Surtout pas une rédemption, plutôt une acceptation.

Comment définiriez -vous le ton du film ?
Est-ce une comédie ? Un drame ? Disons que c’est la crise d’une femme avec des situations totalement risibles, et d’autres graves ou désespé- rées. Nous aimons quand le ton oscille sans cesse entre la comé- die et le portrait intime. Ce qui est primordial c’est le réalisme psychologique même dans les moments les plus aberrants. La tonalité serait alors perdue quelque part entre TATIE DANIELLE et UNE FEMME SOUS INFLUENCE. Vous voyez, le spectre est large !  

De toutes vos envies, qu’est-ce qui vous tenait le plus à cœur de réussir ?
Que l’on aime notre héroïne malgré tout. En ce sens, nous ne remercierons jamais assez Karin de son investissement. Elle est l’une des rares comédiennes à posséder autant de couleurs de jeu, à passer d’une émotion à l’autre à l’intérieur d’une même scène sans que cela soit fabriqué. Surtout elle possède une qualité unique : elle peut tout se permettre, dire et faire des horreurs, le spectateur lui pardonnera toujours. 

Comédie dramatique de David et Stéphane Foenkinos avec Karin Viard. Une nomination au festival du film francophone d’Angoulême 2017. 3,7 étoiles AlloCiné.


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