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Comancheria Après la mort de leur mère, deux frères organisent une série de braquages, visant uniquement les agences d’une même banque. Ils n’ont que quelques jours pour éviter la saisie de leur propriété familiale, et comptent rembourser la banque avec son propre argent...
D'origine britannique, David Mackenzie, qui signe ici son neuvième long métrage, apporte un point de vue personnel sur l'Ouest américain : si sa mise en scène est souvent d'une âpreté viscérale, il témoigne d'une grande empathie à l'égard des personnages. Comme en écho aux paysages envoûtants, le cinéaste alterne entre plans d'ensemble majestueux et scènes intimistes, mêlant l'émotion des situations à la tension qui va crescendo. ''J'ai toujours été séduit par les intrigues qui ne sont pas manichéennes", signale Mackenzie. "Ce qui m'a intéressé dans ce projet, c'est qu'il met en scène ce que j'appelle la 'criminalité rédemptrice', autrement dit, il s'attache à des personnages honnêtes qui transgressent la loi pour des raisons légitimes ". Habitué à passer d'un registre à l'autre, Mackenzie était intéressé par la perspective de brouiller les frontières entre des genres foncièrement américains : "C'est un croisement très rare entre le western, la comédie, le film de braquage et le roadmovie", note le réalisateur. Avec COMANCHERIA, ce dernier dépasse largement la simple histoire de vengeance sur fond de hold-up: le film rend hommage à la loyauté familiale et à la solidité de la fratrie, tout en portant un regard nostalgique sur la disparition des valeurs traditionnelles. La complexité des personnages et les résonances très contemporaines du récit ont suscité l'intérêt de quatre formidables comédiens. Chris Pine et Ben Foster campent deux frères que tout oppose mais qui se retrouvent pour réparer une injustice. Quant à Jeff Bridges et Gil Birmingham, ils interprètent deux Texas Rangers radicalement différents, mais attachés l'un à l'autre malgré les apparences. Pour la productrice Carla Hacken, présidente de Sidney Kimmel Entertainment, "il s'agit d'un film de braquage, mais qui est très actuel, dans la mesure où il raconte l'histoire d'une famille dont la maison est saisie par une banque. Dans le même temps, la rivalité entre les frères Toby et Tanner évoque l'opposition entre Abel et Caïn. C'est donc un thriller palpitant et la chronique d'une famille unie dans l'adversité". Jeff Bridges dans le rôle du Ranger fatigué : ultime tour de piste avant la retraite Le réalisateur et son comédien se sont d'abord intéressés à la complicité qui lie les deux Rangers. "On a beaucoup parlé des codes et de la déontologie propres aux Rangers", poursuit-il. "Une fois qu'on s'est assuré qu'on ne les trahissait pas, on a pu humaniser le personnage. Jeff est très bon en impro et on s'est donc éclatés avec le texte". La perspective d'incarner Marcus intéressait d'autant plus Bridges que les Rangers font partie intégrante de la mythologie de l'Ouest, même si l'homme est conscient que le mythe est sur le déclin. "Les Texas Rangers sont l'élite de la police", note Bridges. "Mais Marcus est en fin de course. Au début du film, il vient de recevoir une lettre de sa hiérarchie l'informant qu'il est temps de prendre le large. Il a passé toute sa vie à traquer les malfrats et résoudre des affaires criminelles et il ne lui reste désormais plus qu'une enquête avant de prendre sa retraite". Bridges s'est lui-même documenté sur les Rangers. Il a longuement interrogé l'oncle de Taylor Sheridan, l'ancien marshal Parnel McNamara, et a également passé du temps en compagnie de Joaquin Jackson, célèbre Texas Ranger qui a fait la couverture du mensuel Texas Monthly, pour un article intitulé "Le crépuscule des Texas Rangers". D'entrée de jeu, Marcus sent instinctivement que les deux hommes qui dévalisent les banques de la région ne sont ni des toxicos, ni des voyous. "Ces policiers sont souvent en phase avec les criminels", observe Bridges. "ou coup, il comprend qu'il a affaire à deux types très futés qui ont un objectif bien précis". Les échanges entre Marcus et son partenaire Alberto étaient un régal pour le comédien. "II est à moitié comanche et à moitié mexicain ", indique-t-il, "et Marcus le vanne sur ses deux origines". Mackenzie précise : "Ce racisme banal est l'un des éléments du scénario qui le rendent aussi vivant. Cela nous mettait parfois mal à l'aise, mais je tenais à ne pas l'édulcorer. Ce qui m'a intéressé, c'est que ces remarques, au départ insultantes, deviennent de plus en plus affectueuses, et la manière dont Alberto encaisse, puis cherche à lui rendre la monnaie de sa pièce en dit long sur leur forme d'amitié vacharde". Pour Chris Pi ne, Marcus est la clé de voûte du film: "C'est une histoire sur la fin d'un monde", déclare le comédien. "Toby est prêt à sacrifier sa vie pour sa famille. Et Marcus voit le moment tant redouté de la retraite se rapprocher. Toby devient un but à atteindre pour Marcus, une raison de vivre, ce qui est beau et triste à la fois". Western contemporain de David Mackenzie. 6 nominations Cannes 2016. 4 étoiles AlloCiné. Pour investir dans des films de cinéma : 75008 - CINÉFEEL PROD http://www.cinefeelprod.com Voir toutes les newsletters : www.haoui.com Pour les professionnels : HaOui.fr |