Informatique : les différentes méthodes de sauvegarde des données

A priori, la méthode la plus simple est la sauvegarde complète ou totale. Elle consiste à copier toutes les données à sauvegarder que celles-ci soient récentes, anciennes, modifiées ou non. Cette méthode est aussi la plus fiable mais elle est longue et très coûteuse en termes d'espace disque, ce qui empêche de l'utiliser en pratique pour toutes les sauvegardes à effectuer. Afin de gagner en rapidité et en temps de sauvegarde, il existe des méthodes qui procèdent à la sauvegarde des seules données modifiées et/ou ajoutées entre deux sauvegardes totales. On en recense deux : la sauvegarde différentielle et la sauvegarde incrémentale...

La restauration d'un disque avec l'une de ces méthodes s'avère plus longue et plus fastidieuse puisqu'en plus de la restauration de la sauvegarde différentielle ou des sauvegardes incrémentielles, on doit également restaurer la dernière sauvegarde complète. Les fichiers supprimés entre-temps seront restaurés ou non (en fonction des fonctionnalités du logiciel de sauvegarde utilisé)

Afin de comprendre la différence entre les deux méthodes, nous prendrons l'exemple d'un plan de sauvegarde selon le cycle suivant :

- Une sauvegarde complète au jour J (dimanche soir par exemple)
- Une sauvegarde des fichiers modifiés ou nouveaux du jour J+1 au jour J+6 (du lundi soir au samedi soir inclus)
- Une sauvegarde complète au jour J+7 (dimanche soir suivant)

Mécanisme
Pour pouvoir différencier ces différentes méthodes de sauvegarde/archivage (complète, incrémentielle, différentielle), le mécanisme mis en place est l'utilisation d'un marqueur d'archivage. Chaque fichier possède ce marqueur d'archivage, qui est positionné à "vrai" lorsque l'on crée ou modifie un fichier. On peut comprendre cette position comme "Je viens d'être modifié ou créé : je suis prêt à être archivé donc je positionne mon marqueur à vrai". Ce marqueur est appelé aussi attribut d'archivage (ou bit d'archivage). Sous Windows, cet attribut est modifiable et peut être visualisé par la commande ATTRIB (attribut A pour archive). Le système de sauvegarde peut aussi constituer une base de données contenant les définitions des fichiers et utiliser un marquage interne.

Sauvegarde complète
Lors d'une sauvegarde complète, on va remettre à "0" l'attribut du fichier pour mémoriser le fait que le fichier a été enregistré5.

Détail technique

Lors d'une sauvegarde complète, tous les fichiers sont sauvegardés, indépendamment de la position du marqueur (vrai ou faux). Une fois le fichier archivé, celui-ci se voit attribuer la position de son marqueur (le bit d'archive) à "faux" (ou à "0").

Sauvegarde différentielle
La restauration faite à partir de ce type de sauvegarde nécessite la recopie sur disque de la dernière sauvegarde complète et de la sauvegarde différentielle la plus récente.

Avec notre exemple, si la restauration porte sur un disque complet qui a été sauvegardé le jour J+2, on doit alors recopier sur disque la sauvegarde complète du jour J et la sauvegarde différentielle du jour J+2 afin d'avoir la dernière version des données.

Cependant lorsqu'il s'agit de la restauration d'un fichier ou d'un répertoire qui a été sauvegardé le jour J+2 seule la dernière sauvegarde, ici la différentielle, est utile.

Détail technique

Lors d'une sauvegarde différentielle, tous les fichiers dont le marqueur est à "vrai" sont sauvegardés. Une fois le fichier archivé, celui-ci garde la position de son marqueur tel qu'il l'avait avant la sauvegarde.

Certains logiciels de sauvegarde donnent la possibilité d'utiliser non pas le bit d'archive, mais l'heure de modification du fichier pour déterminer si celui-ci est candidat ou non à la sauvegarde6.

Sauvegarde incrémentielle ou incrémentale
Exemple : une sauvegarde complète est réalisée le jour J. Le jour J+1, la sauvegarde incrémentielle est réalisée par référence au jour J. Le jour J+2, la sauvegarde incrémentielle est réalisée par référence au jour J+1. Et ainsi de suite.

Si la restauration se porte sur un disque complet qui a été sauvegardé le jour J+4, on doit alors recopier sur disque la sauvegarde du jour J et les sauvegardes incrémentielles des jours J+1, J+2, J+3 et J+4 afin d'obtenir la dernière version de la totalité des données.

Cependant lorsqu'il s'agit de la restauration d'un fichier ou d'un répertoire qui a été sauvegardé le jour J+3, seule la dernière sauvegarde, ici l'incrémentielle, est utile.

La sauvegarde incrémentale peut également porter sur les seuls octets modifiés des fichiers à sauvegarder. On parle alors de sauvegarde incrémentale octet. Cette méthode est celle qui permet d'optimiser le plus l'utilisation de la bande passante. Elle rend possible la sauvegarde de fichiers de plusieurs Gigaoctets, puisque seul un pourcentage minime du volume est transféré à chaque fois sur la plateforme de sauvegarde.

Lorsqu'un fichier a été supprimé du système de fichier, une sauvegarde incrémentale doit enregistrer que ce fichier qui était présent lors de la sauvegarde précédente devra être supprimé lors de la restauration de cette sauvegarde incrémentale, afin de restaurer le système de fichier exactement dans son état d'origine. Ce point n'est pas toujours pris en compte par les logiciels de sauvegardes gérant les sauvegardes incrémentales. La restauration à partir de sauvegardes incrémentales avec des logiciels ne gérant pas la suppression des fichiers conduit alors à reconstituer le système de fichier original pollué par tous les fichiers qui ont été supprimés parfois de longue date.

Détail technique

Lors d'une sauvegarde incrémentielle, tous les fichiers dont le marqueur est à "vrai" sont sauvegardés. Une fois le fichier archivé, celui-ci se voit attribuer la position de son marqueur à "faux".

Sauvegarde, archivage et conservation

La conservation permet de faire la différence entre sauvegarde et archivage. La durée de conservation est le temps pendant lequel la donnée sauvegardée est maintenue intacte et accessible. Si elle est courte, il s'agit d'une sauvegarde classique : la donnée est protégée contre sa disparition/son altération. Si elle est longue (une ou plusieurs années), il s'agit d'archivage, dont le but est de retrouver la donnée avec la garantie qu'elle n'a pas été modifiée ou falsifiée.

Exemple : une conservation de quatre semaines implique que les données sauvegardées à une date précise seront toujours disponibles jusqu'à 28 jours après leur sauvegarde. Après ces 28 jours, d'un point de vue logique, les données n'existent plus dans le système de sauvegarde et sont considérées comme introuvables. Physiquement, les pistes utilisées pour enregistrer cette sauvegarde peuvent être effacées.

Plus la conservation est longue et plus le nombre d'instances sauvegardées pour un même objet fichier ou dossier est important, ce qui nécessite un système de recherche et d'indexation approprié, et plus l'espace nécessaire pour stocker les résultats de la sauvegarde sera important.

Formule de calcul de l'espace de sauvegarde nécessaire 

Cette formule permet de dimensionner une librairie de sauvegarde (bande ou disque VTL).

Dans le cas d'une sauvegarde classique, c'est-à-dire sauvegarde totale le week-end (vendredi soir) et sauvegardes incrémentielles les autres jours ouvrés de la semaine, du lundi au jeudi (pas le vendredi) soit quatre jours :

- soit D l'espace de donnée utile à sauvegarder,
- soit R la durée de conservation des travaux souhaitée, exprimée en semaine,
- soit T le taux de modification par jour des fichiers de l'espace à sauvegarder,

la formule suivante est obtenue : D x R + (D x T %) x 4 = capacité de sauvegarde.

Exemple chiffré : 100 Go au total à sauvegarder avec une rétention de 3 semaines et un taux de modification de 20 % par jour donne 100 x 3 + (100 x 20 %) x 4 = 380 Go. 380 Go seront nécessaires pour sauvegarder nos 100 Go de données avec une rétention de 3 semaines et une modification de 20 % par jour.

Des innovations technologiques telles que les snapshots ou la déduplication permettent de réduire cette valeur d'une façon très intéressante.

Sauvegarde décrémentale
Contrairement à la sauvegarde incrémentale où la sauvegarde la plus ancienne est complète et les suivantes différentielles, le principe de la sauvegarde décrémentale consiste à obtenir une sauvegarde complète comme sauvegarde la plus récente et des sauvegardes différentielles pour les plus anciennes.

L'avantage tient au fait que la restauration complète du système dans son état le plus récent est simple et rapide, on n'utilise que la dernière sauvegarde, (contrairement à la méthode incrémentale qui implique la restauration de la plus ancienne (complète) puis de toutes les suivantes, incrémentales). Si maintenant on souhaite récupérer le système dans l'état de l'avant dernière sauvegarde, il faut restaurer la dernière sauvegarde (complète) puis la précédente (dite "décrémentale" parce qu'elle donne la différence à appliquer au système de fichier pour atteindre l'état N-1 à partir de l'état N). Autre avantage, le recyclage de l'espace de stockage des sauvegardes est simple car il consiste à supprimer les sauvegardes les plus anciennes, alors que dans le cas des sauvegardes incrémentales le recyclage implique usuellement plusieurs jeux de sauvegarde (complète + incrémentales).

Le désavantage de cette approche est qu'elle nécessite plus de manipulation de données à chaque sauvegarde, car il faut construire une sauvegarde complète à chaque nouvelle sauvegarde et transformer l'ancienne sauvegarde la plus ancienne (qui était donc une sauvegarde complète) en une sauvegarde décrémentale. 

Techniques complémentaires
La sauvegarde de données peut être réalisée en utilisant des techniques plus ou moins sophistiquées. La méthode la plus simple est de parcourir les répertoires et les fichiers d'un poste de travail ou d'un serveur. Mais on se trouve vite limité par le nombre de fichiers et par le volume de données, lesquels ont un impact direct sur le temps de sauvegarde. Pour contourner ces limitations, plusieurs approches sont envisageables : 

- compression de données sauvegardées, utilisée par la majorité des solutions de sauvegarde ;
- technique de snapshot : prise d'image instantanée d'un disque,
- sauvegarde en mode bloc (protocole NDMP en particulier pour les NAS) ;
- technique de déduplication pour limiter le volume des sauvegardes en éliminant les doublons ;
- technique de déduplication à la source permettant de ne stocker qu'une seule fois un fichier, même si celui-ci a été dupliqué et renommé sur les postes sauvegardés, les doublons n'étant présents que dans les index ;
- une combinaison de ces différentes techniques.

Texte sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, iciPhoto : Ayvengo - Fotolia.com.

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