Chala, une enfance cubaine

Chala, jeune cubain, malin et débrouillard, est livré à lui-même. Elevé par une mère défaillante qui lui témoigne peu d’amour,il prend soin d’elle et assume le foyer. Il rapporte de l’argent en élevant des chiens de combat...  

 

Entretien avec Ernesto Daranas, le réalisateur

Comment avez-vous eu l’idée du scénario ?
Ce projet est né d’une collaboration avec un groupe d’étudiants de la Faculté des Médias Audiovisuels de l’ISA de la Havane. Ils ont eu une part active dans le travail, le choix du thème, l’enquête parallèle pour le script, et la sélection des enfants du film. C’est le résultat d’un travail effectué, articulé sur un ensemble de préoccupations personnelles. Cela m’a étonné que, malgré notre diversité et la différence d’âge, nous soyons autant d’accord sur les questions de difficulté de la formation et de l’éducation, particulièrement dans les milieux marginalisés. L’éducation est d’une importance primordiale pour tous les pays. La société que nous aurons dans le futur se décide en fonction de la formation, comment elle est structurée et sur quels critères elle se base.

Quel genre de préoccupations ?
Après un quart de siècle de crise, les changements qui ont lieu finalement dans notre société et l’économie n’ont pas obtenu l’impact attendu dans nos secteurs les plus humbles. Ce que nous avons vu, c’est qu’à tous les niveaux, il est possible de parler d’une crise des valeurs, sans y remédier. Les graves problèmes qu’affrontent actuellement l’éducation à Cuba fait le portrait d’une société qui doit accélérer sa mutation si elle ne veut pas laisser de côté toute une frange de sa population. 

Qu’est-ce qui a motivé l’approche constituante du film d’une famille dysfonctionnelle et du système d’éducation cubain ?
En réalité, Chala, une enfance cubaine n’essaie pas de parler du système d’éducation à cuba. Le regard se concentre beaucoup plus sur les risques auxquels sont exposés les enfants, notamment la manière dont les conditions sociales et économiques affectent la famille et l’école. Ces questions et d’autres sujets connexes nous sont assignés par la vie quotidienne. La maîtresse Carmela met de côté cette rhétorique dans son désir de faire de leur salle de classe un espace différent. 

Comment est cette salle de classe ?
Un lieu dans lequel aucune différence n’est stigmatisée, où chaque enfant exprime ce qu’il pense. Les valeurs ne sont pas manipulées et nos essences assumées. Le visage est donné à la réalité où les choses s’appellent par leurs noms. Mais surtout, c’est un lieu où il y a amour et engagement avec ce qui est fait. Il y a beaucoup de gens qui vivent au bord de la subsistance, aux prises avec des problèmes de toutes sortes qui vont avec cette réalité. Les enfants de ces familles sont ceux qui ont le plus besoin d’une salle de classe comme cellelà. Bien sûr Carmela n’est pas parfaite, fait des erreurs comme tout le monde, mais elle sait demander pardon. Cette fragilité et cette transparence la rendent attachante aux enfants comme Chala.

Le film aborde également des problématiques comme l’émigration interne et l’expression de certaines formes de violence. Est-ce le résultat d’un travail préalable que vous commentez ou l’intérêt de vous référer à ces questions ?
Nous n’avons jamais posé les questions à l’avance. Nous nous sommes concentrés sur la mise sur pied d’une histoire et dans l’élaboration de personnages qui s’y meuvent naturellement et efficacement. À partir de cela, Conduite est un film simple, formellement orthodoxe en dialogue avec la nature de cette histoire et ses personnages. Bien sûr, tout cela est immergé dans un groupe de problématiques humaines et sociales parmi lesquelles l’émigration interne domine, en partie parce que les mesures prises pour la contenir ont approfondi une crevasse sociale. En ce qui concerne la violence, elle est souvent l’expression de conflits et d’insatisfactions qui ne peuvent être résolues qu’en s’attaquant à leurs causes réelles. Tout cela a un impact inévitable sur l’enfance, la famille, l’école et la société. Carmela ne peut pas changer la réalité de Yeni, de la petite fille de Holguín qu’elle a dans sa classe, mais il est bien clair qu’elle ne peut pas non plus leur tourner le dos.

Comédie dramatique cubaine d'Ernesto Daranas. Prix du public au Festival international du film de Pau. 4 étoiles AlloCiné.

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