La dynamique des inégalités économiques

Dans nos sociétés capitalistes, les inégalités économiques occupent une place centrale dans la hiérarchisation de nos sociétés. Au sein du « système des inégalités », les inégalités économiques sont particulièrement structurantes. Elles ont un caractère cumulatif : elle s'entretiennent les unes les autres. Les inégalités de revenu résultent des inégalités de patrimoine et de rémunération d'activité...

Les inégalités de revenu engendrent à leur tour, pour partie, ces inégalités, particulièrement celles de patrimoine. En effet, l'épargne qui est la partie non consommée du revenu est également la source d'alimentation du patrimoine. Or, le taux d'épargne est d'autant plus élevé que le revenu est élevé : un ménage riche peut satisfaire ses besoins fondamentaux et disposer de sommes en surplus pour épargner, et ce d'autant plus que son revenu est élevé, ce que ne peuvent faire les ménages les plus pauvres. Ce mécanisme explique, pour une part, que les inégalités de patrimoine soient plus fortes que celles de revenu. Inégalités de patrimoine qui, par les revenus qu'elles génèrent, vont grossir à leur tour les inégalités de revenu, dans un cercle cumulatif.

Les inégalités économiques nourrissent également les autres inégalités et sont nourries par elles. En particulier, la stagnation des inégalités de salaires durant la plus grosse partie du XX siècle n'est pas détachable de la permanence des inégalités de formation et de qualification, reflets des inégalités scolaires. Or, une partie de ces inégalités scolaires peut être expliquée par les différences de revenu entre les individus, etc.

Enfin, l'importance des inégalités économiques est telle que, dans beaucoup d'analyses sociologiques, ce sont elles qui génèrent, pour l'essentiel, la structure fondamentale de la société. En particulier, la tradition marxiste considèrent que les inégalités de patrimoine qui opposent détenteurs du capital aux travailleurs qui en sont dépourvus est à l'origine de la structure de classe des sociétés capitalistes. On peut contester ces analyses, notamment parce qu'elles tendent à minorer l'importance d'autres inégalités, en particulier celles de sexe (critique féministe), celle de capital culturel (critique à la Bourdieu) ou celle de pouvoir politique (critique d'inspiration wébérienne). Il n'en demeure pas moins que la place des individus dans l'espace social doit beaucoup aux richesses économiques auxquelles ils ont accès, même si elle ne lui doit certainement pas tout.

Une baisse des inégalités économiques interrompue
Au cours du XX siècle, les inégalités de revenu ont diminué dans un grand nombre de pays développés, essentiellement entre 1939 et 1960. Thomas Piketty et Emmanuel Saez attribuent cette baisse aux effets des impôts, en particulier sur le revenu. La grande dépression, puis les destructions de la seconde guerre mondiale et la période de très forte inflation qui l'ont accompagnée ont eu pour effet d'affecter très fortement les patrimoines, en particulier les plus importants. Cette baisse des inégalités de patrimoine a généré à son tour la baisse des inégalités de revenu, alors que les inégalités salariales restaient stables. Pour T. Piketty et E. Saez, les impôts sur le revenu, qui deviennent très fortement progressifs à partir de la seconde guerre mondiale jusque dans les années 1980, vont interdire la reconstitution des patrimoines les plus importants.

Cependant, depuis une trentaine d'années dans les pays anglo-saxons, et de manière moins nette et plus récemment en France, les inégalités économiques ont recommencé à augmenter. Leur diminution passée ne relevait donc pas d'une logique nécessaire et durable du développement économique, comme le pensait Simon Kuznets, dans les années 1950, quand il a proposé la courbe qui porte son nom.

Les causes de la remontée des inégalités
« C'est bien dans les revenus du travail que les inégalités augmentent continuellement. Bien sûr, les inégalités de patrimoine viennent exacerber celles de revenus ». La hausse des inégalités salariales se fondent sur deux tendances économiques lourdes : la stagnation des plus faibles revenus salariaux, accompagnée d'une hausse des très hautes rémunérations, hausse d'autant plus forte que l'on escalade la hiérarchie des salaires.

La stagnation des revenus des plus faibles revenus salariaux prend la forme d'une précarité croissante de l'emploi, qui génère des périodes de chômage, particulièrement en Europe, et d'une stagnation des salaires, particulièrement aux États-Unis. « Qu'elle prenne la forme de l'inégalité face à l'emploi ou de l'inégalité face au salaire, l'inégalité réelle des revenus du travail a donc augmenté dans tous les pays occidentaux depuis les années 1970 ». Parallèlement, les très hautes rémunérations ont explosé. Entre 1989 et 2000, la rémunération totale d'un PDG a augmenté de 342 % aux États-Unis, alors que le salaire horaire médian n'augmentait que de 5,8 %.

Trois grandes explications sont proposées : premièrement l'effet d'un progrès technique « biaisé ». Dans une perspective néo-classique, les rémunérations salariales sont le reflet de la productivité individuelle. Le progrès technique récent aurait pour effet de favoriser la productivité des plus qualifiés, et de faire stagner celle des moins qualifiés, remplaçables par des machines. Cette explication rend mal compte du fait que la hausse des inégalités est d'autant plus forte que l'on monte vers les très hauts salaires : fortes pour les 10 % des salaires les plus élevés, elle est très forte pour les 1 % et exponentielle pour les 0,1 %. On voit mal comment le progrès technique pourrait cibler si nettement les plus hautes des plus hautes rémunérations. Et on a du mal à penser que la productivité des PDG ait progressé de 342 % en 10 ans.

La deuxième grande explication rattache cette hausse des inégalités aux effets de la mondialisation. En mettant en concurrence les travailleurs pauvres des pays les plus pauvres avec ceux des pays riches, la mondialisation aurait pour effet de diminuer les salaires de ces derniers. Au contraire, les salariés les mieux qualifiés profiteraient de la mondialisation, car leurs activités auraient trouvé de nouveaux débouchés sur la planète entière. Là encore, cette explication a fait l'objet de larges critiques, notamment parce que, d'un point de vue économétrique, les effets des délocalisations sur l'emploi sont très faibles.

Enfin, la dernière explication, plus sociologique, met en avant la transformation des rapports de force entre capital et travail depuis 30 ans. Avec le déclin rapide de la classe ouvrière et du syndicalisme, les salariés en bas de l'échelle n'ont plus les moyens de mener des luttes collectives pour leur rémunération. Cette perte d'influence aurait accompagné le passage d'un capitalisme de manager à un capitalisme actionnarial, organisé autour de la production de la valeur pour l'actionnaire. Dans ce cadre, la gouvernance des entreprises vise à offrir une haute rentabilité à ses actionnaires. Cela serait la cause de la hausse des revenus financiers, parallèle à la stagnation des salaires. D'autre part, comme le soutient notamment Michel Aglietta, le management supérieur des entreprises se serait servi de cette transformation pour obtenir de très hautes rémunérations, notamment à travers le versement de stocks options qui, en étant indexées sur les cours de la bourse, sont supposées inciter les managers à agir dans les intérêts des actionnaires. La doctrine de la valeur managériale aurait ainsi, paradoxalement, permis une libération du pouvoir des managers et la captation par ceux-ci d'une part de plus en plus importantes des plus values produites. On peut, enfin, y voir un effet de la baisse des taux d'imposition, considérable aux États-Unis. Baisse qui participe, du reste, du même contexte sociologique et intellectuel que l'accroissement du pouvoir actionnarial.

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