Le e-learning se résume-t-il a mettre un corpus pédagogique sur informatique ?

Nous avons vu la semaine dernière les possibilités offertes par l’outil digital. Dans le contexte de l'enseignement professionnel, avec une génération « Y » (1) « media sensible », les professeurs ont des attentes fortes quant aux perspectives pédagogiques des ressources digitales dans l'apprentissage de l'efficacité.  Dans la formation professionnelle les attentes des populations, apprenants et formateurs sont tout autres. Dans les deux cas, il ne suffit pas de mettre un corpus pédagogique sur Internet pour pouvoir parler de e-learning...

Technologie et efficacité face aux attentes
Chaque nouvelle avancée technologique entraine son lot de questionnements, les domaines de l’éducation et de la formation ne dérogent pas à la règle. L’amélioration de l’efficacité de l’apprentissage est au centre de toutes les attentes. C’est avec l’arrivée des premiers ordinateurs individuels dans les années 80 que les premières formes de e-Learning ont vu le jour. Le relatif succès de ces premières tentatives a été avant tout basé sur le fait que le e-learning « historique » ne concernait que l’apprentissage de connaissances factuelles et l’acquisition d’informations générales. Il n’avait pas révélé alors les nombreux bénéfices attendus en termes d’économies et gains de temps.

C’est avec l’explosion du nombre de nouvelles applications – Web 2.0 – que la pédagogie a vu dans les possibilités d’interactivité, des perspectives nouvelles autour d’une approche de l’apprentissage sous une forme « auto-organisée » permettant à l’apprenant d’apprendre également la motivation. C’est alors seulement que l’on peut parler de succès des premières « plateformes apprenantes ». Toutefois, la majorité des ressources ne répondaient pas complètement au résultat escompté.

La tendance nouvelle s’oriente aujourd’hui vers l’utilisation des smartphones et autres tablettes, permettant de fournir des ressources « portables », autorisant la diffusion de nouvelles formes de contenus de type « micro modules » par exemple. Ces outils mobiles s’inscrivent dans une nouvelle vision du e-learning, un nouveau concept didactique offrant à chaque apprenant la possibilité de gérer en plus de sa vitesse d’apprentissage, son contenu, ses relations avec les pairs, tuteurs et autres formateurs, le lieu et le temps consacré à la formation.

Le e-learning à l’épreuve de la motivation
Difficile de parler de formation, fusse-t-elle en e-learning, sans prendre en compte le paramètre déterminant qu’est la motivation. Si l’on admet que celle-ci est fortement influencée par le contexte, elle demeure avant tout personnelle et individuelle, et puise sa dynamique entre références au passé et aspirations d’avenir.

Les corpus pédagogiques « traditionnels », se heurtent aux réalités de l’utilisation de l’Internet par les apprenants, jeunes et moins jeunes. Symptomatiquement, les nouveaux « concepts apprenants » restent fortement influencés par la relation élève/professeur et ses évaluations (on apprend pour le contrôle). Pour parvenir à sortir de cette ambiguïté, et libérer son potentiel, le e-learning doit sortir de cette construction, pour s’inscrire dans une vision professionnelle des compétences en lien étroit avec les tâches et les missions de l’apprenant. Il ne suffit plus de proposer un contenu pédagogique aussi complet soit-il sur une plateforme pour qu’il devienne un support de formation, efficace et pertinent pour l’apprenant.

En effet, les travaux récents ont mis en évidence, ce que l’on savait déjà de manière empirique, que la motivation à apprendre dépend beaucoup de l’utilisation que l’individu compte faire de ses acquis, ou plus précisément de ce que son engagement dans un apprentissage/formation va lui apporter.

On parvient d’autant mieux à renforcer et à sensibiliser un individu en ses capacités à apprendre, que l’on parvient à renforcer sa croyance en sa capacité à réussir. Mais pour apprendre il faut du temps. Les enjeux personnels, professionnels, les rythmes imposés, les craintes personnelles, ne permettent bien souvent pas de demeurer en accord avec les rythmes et aspirations personnelles sur le long terme.

On l’aura compris, il ne suffit pas de mettre des milliers de pages pdf en ligne, des graphiques, des animations et des QMC (Questionnaires à Choix Multiples) sur une plateforme apprenante, pour parler de e-learning. Construire un e-learning ou une ressource de formation digitale, peut importe le vocable, impose de repenser complètement le contenu pédagogique. Il ne doit ressembler ni à un cours présentiel, ni à aucune autre ressource existante et il doit concrètement prendre en compte les quatre dimensions de la construction des savoirs :

- Savoirs : acquis, compétences, expériences
- Habiletés : cognitives, activités du poste, relationnelles
- Motivation : processus dynamique et intentionnel
- Socio-collaboratif : échange, partage, coopération.

Le modèle SAMR (voir infographie ci-dessus)
Le modèle SAMR pour Substitution-Augmentation-Modification-Redéfinition, développé par le Pr. Ruben Puentedura, nous semble particulièrement intéressant. Il a été conçu pour aider les acteurs, formateurs, tuteurs, et autres pédagogues à repenser l’utilisation de la technologie dans l’apprentissage et la formation. En effet, celui-ci propose une architecture progressive pour construire « la transition pédagogique ». Une pédagogie digitale au sein de laquelle l’apprenant peut s’appuyer sur ses compétences existantes pour intégrer la technologie comme faisant partie de la démarche et avoir confiance en celle-ci en s’appropriant petit à petit les outils et les ressources proposés.

Chaque niveau, défini une approche au sein de laquelle la scénarisation et la médiatisation des contenus pédagogiques proposés, vient soutenir le propos. Vous l’aurez compris, il ne sert à rien de sur médiatiser un contenu, ou de bâtir une scénarisation très complexe qui risque de « cannibaliser » l’objet pédagogique central. L’accompagnement d’un projet par une équipe spécialisée, est un plus qui permet à l’organisation d’éviter les écueils et de se projeter dans son projet en fonction de ses objectifs et ses priorités. 

(1) Génération Y : regroupe des personnes nées entre le milieu des années 70 et le milieu des années 90. Plusieurs explications à ce nom, pour certains le nom viendrait de la génération précédente, appelée « Génaration X » Les Américains quand à eux utilisent le vocable « Digital Natives » ou « net generation” pour signifier le fait que ces jeunes ont grandi dans un environnement où l’ordinateur individuel, le jeu vidéo et l’Internet ont pris une place de plus en plus importante.

À suivre la semaine prochaine : les 10 étapes pour réussir son projet e-learning

Source : In Octavo Conseil.

78130 - IN OCTAVO CONSEIL http://www.communication-elearning-formation-paris.com


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