Le vin de Savoie

Le vin de Savoie est un vin d'appellation d'origine contrôlée produit essentiellement dans les départements de la Savoie et de la Haute-Savoie, auxquels se rajoutent deux communes de l'Ain et une de l'Isère. Il s'agit d'une appellation régionale couvrant tout le vignoble de Savoie, qui se décline en seize dénominations géographiques...

Antiquité
Avant la Savoie (Sabaudia), il y eut l'Allobrogie. Ce fut Strabon, le premier, qui vanta les qualités des Allobroges qui, expliqua-t-il « tournent désormais vers l'agriculture l'application qu'ils avaient donné, jusque là, aux choses de la guerre. ».

Il faut rappeler, qu'en effet, dans le courant du 1e siècle, ces Celtes avaient sélectionné un cépage nouveau, le vitis allobrogica, capable de résister aux conditions climatiques alpines. Son vin entra dans l'histoire à l'époque d'Auguste et Columelle lui donna le qualificatif de « vinum picatum », c'est-à-dire de vin poissé. Résultat sans doute de son passage dans des tonneaux aux douelles de sapin ou de mélèze. Pline l'Anciennous a décrit ses crus, le sotanum, le taburnum et l'ellicum.

Moyen Âge
Après les grandes invasions et la chute de l'Empire romain, ce fut l'Église qui prit le relais et donna un nouvel essor à la viticulture savoyarde. Dès le XIe siècle, les moines replantèrent la vigne « en crosse », c'est-à-dire sur arbre mort.

Certaines légendes font provenir des cépages de Chypre. Un duc de Savoie les aurait rapporté en rentrant de l'empire romain d'Orient où il était allé guerroyer pour aider son cousin l'empereur Paléologue.

Durant tout le Moyen Âge et jusqu'au rattachement de la Savoie à la France, les albergataires, ou métayers, dans le cas de plantation nouvelle ou de renouvellement d'une ancienne vigne, s'obligeaient contractuellement avec le bailleur. Celui-ci payait le défonçage du sol, l'engrais et les échalas ; le baillé avait à sa charge la plantation des hautains et l'entretien général des vignes.

Époque moderne
La plus grande extension du vignoble se fit entre le XVIe siècle et le XVIIIe siècle. Initialement implanté sur les coteaux les plus ensoleillés, il descendit vers les plaines. Et dans ces bas-fonds, pour préserver les ceps du gel, les hautains prirent encore plus de hauteur, avec l'obligation de mettre les premières grappes à 1, 50 ou 2 mètres du sol. Ce qui permit de comptabiliser, en 1768, 9 000 hectares de vignes, toutes surs treilles ou sur hautains, dont la majorité n'était apte qu'à fournir un « vin de laboureur », verdelet à souhait. Profitant d'un plus gros rendement - 40 hl/ha, soit le double que les vignes sur échalas - ils étaient dits « verts, acides, mais sains et désaltérants. ». C'est ce que constata, en 1816, André Jullien, lors de son séjour en Savoie, pour rédiger sa Topographie de tous les vignobles connus :

« La variété des expositions, les différentes espèces de cépages que l'on réunit dans la même vigne, et surtout les ceps hautains que l'on rencontre dans beaucoup de cantons, occasionnent de grandes dissemblances dans la qualité des produits. et tandis que quelques vignobles donnent de forts bons vins, beaucoup d'autres ne produisent que de très basse qualité. »

Au milieu du XIXe siècle, ces vins surets étaient produits sur près de 3 000 hectares, dont 2 000 dans le département actuel de Savoie, soit le quart du vignoble12. Cette situation perdura jusqu'à l'apparition du phylloxéra et la reconstitution d'un nouveau vignoble. La conduite en hautain ne se retrouve plus aujourd'hui qu'en Chautagne pour une partie seulement du vignoble, la quasi-totalité étant palissée sur fil de fer à une hauteur de 1,20 mètre. Ce reliquat de la vieille technique ne concernent que des vignes de gamay.

Toujours au milieu du XIXe siècle, mais en Haute-Savoie cette fois, la commune d'Évian avait 70 hectares et son canton 455 hectares de vignes. Le cépage cultivé était le chasselas ; il était conduit pour moitié en vignes basses avec un rendement de 40 à 50 hl/ha. L'autre moitié poussait sur « crosses de châtaignier » avec des rendements qui s'élevaient entre 80 et 120 hl/ha. Jusqu'au début du XXe siècle, la ville s'était fait une renommée pour ses vins autant que pour ses eaux. Ils avaient impressionné le docteur Jules Guyot, qui les goûta en1868 et commenta :

« Les vins des crosses d'Évian sont blancs, légers et ils sont aussi sains qu'agréables... Les habitants préfèrent beaucoup leurs vins à leurs eaux qui sont pourtant des plus séduisantes. »

Il a laissé une description des crosses, constituées par de grands arbres avec toutes leurs branches montant jusqu'à 8 à 12 mètres de haut et dont le tronc de 30 à 50 cm de diamètre avait été tout écorcé. Il précisait même que les raisins du bas mûrissaient les premiers, entre six à neuf jours plus tôt que ceux du haut. Aujourd'hui, il ne reste qu'une centaine de crosses sur le territoire de Marin et le vignoble d'Évian-les-Bains est classé en vin de Pays des Allobroges.

Époque contemporaine
Au milieu du XIXe siècle, ces vins surets étaient produits sur près de 3 000 hectares, dont 2 000 dans le département de Savoie, soit le quart du vignoble. Cette situation perdura jusqu'à l'apparition du phylloxéra et la reconstitution d'un nouveau vignoble. La plupart de ces mauvaises vignes ont disparu définitivement avec l'arrivée du phylloxera dès la fin du XIXe siècle, mais surtout avec l'arrivée du chemin de fer qui permit d'importer massivement du Midi de la France des vins bon marché et de bien meilleure qualité alcoolique que les petites piquettes locales. Même si pendant quelque temps les raisins et les vins du Midi furent utilisés pour faire du coupage afin d'améliorer la qualité, seuls les meilleurs terroirs survécurent en améliorant leur qualité propre et en se greffant sur des pieds américains.

L'appellation est reconnue par l'INAO comme un vin de qualité supérieure (VDQS) en 1957, puis comme une appellation d'origine contrôlée (AOC) par le décret du 4 septembre 1973. 

Terroir et vins
La Savoie compte huit terroirs viticoles sur lesquels sont produits 22 crus différents. Ces terroirs couvrent 1 800 hectares et s'étalent sur quatre départements : Ain (100 hect.), Isère (110 hect.), Savoie (1 400 hect.) et Haute-Savoie (200 hect.). La règle est le morcellement aussi bien des terroirs que des vignobles puisque la moyenne de ceux-ci varie entre 50 ares à 2 hectares. Ce qui a permis la culture de nombreux cépages qui fournissent des vins différents et au caractère très typé. Les coteaux calcaires exposés au sud donnent des vins fruités (Chignin et Chignin-Bergeron) ; au nord-est, des vins aux notes minérales (Abymes, Apremont), le cépage le plus adapté est l'altesse B. Sur les rives du lac Léman, pour les vins de Crépy, de Marin et d'Ayze, c'est le chasselas B. Auprès du lac d'Aix-Les-Bains les vins de Seyssel, Marestel, Chautagne, Jongieux sont élaborés à base d'altesse pour les blancs, de gamay N et de mondeuse N, pour les rouges. La mondeuse, cépage typiquement savoyard, se retrouve dans la Combe de Savoie pour les vins d'Arbin et de Chignin-bergeron.

Structure des exploitations
En dépit de la taille moyenne des exploitations, le vignoble est exploité majoritairement par 50 caves indépendantes, les caves coopératives étant au nombre de trois et regroupant 250 adhérents.

Types de vins et gastronomie
Les vins blanc et rouge de Savoie couvrent une gamme assez étendue pour accompagner de nombreux mets. Le Chignin-bergeron blanc est parfait pour l'apéritif, L'Apremont est idéal avec les plats à base de fromages locaux, quant à l'Abyme, son mariage avec une fondue Savoyarde est remarquable. Les vins rouges, élaborés à base de mondeuse, gamay ou pinot, accompagnent fort bien les charcuteries.

Il est à souligner que le berthoud, la croûte au fromage, la fondue savoyarde et la poêlée montagnarde sont les quatre principales recettes de la cuisine savoyarde nécessitant des fromages à pâte pressée cuite et du vin blancde l'AOC.

Commercialisation
L'AOC qui couvre 2 630 hectares produit annuellement 150 000 hectolites. L'exportation ne représente que 2 %. Sa commercialisation est assurée pour un moitié par les caves indépendantes, l'autre l'étant par les coopératives et le négoce.

Texte sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici. Photo : Florian Pépellin.

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