Nous trois ou rien

D’un petit village du sud de l’Iran aux cités parisiennes, Kheiron nous raconte le destin hors du commun de ses parents Hibat et Fereshteh, éternels optimistes, dans une comédie aux airs de conte universel qui évoque l’amour familial, le don de soi et surtout l’idéal d’un vivre-ensemble...

Entretien avec Kheiron, le réalisateur 

Pourquoi avoir choisi Leïla Bekhti ? 
 
Pour ce rôle, je souhaitais une actrice à la fois populaire et respectée dans le métier. Mais aussi quelqu’un qui puisse être crédible quand elle s’énerve et totalement à l’aise dans les dialogues comiques. Or Leïla réunissait tous ces aspects-là. Cela m’a sauté aux yeux en tombant sur une interview d’elle à la télé. Mais c’est seulement pendant le tournage que j’ai  réalisé à quel point Leïla allait surpasser mes attentes. Sa palette de jeu est infinie, dans l’émotion comme le rire. Elle a un timing comique digne des plus grands humoristes et sa capacité d’analyse mêlée à sa vitesse d’exécution m’ont fait gagner beaucoup de temps. Elle a réussi à me surprendre plus d’une fois. Sincèrement je n’avais aucun plan B. Si elle m’avait dit non, je ne sais absolument pas à qui j’aurais pu faire appel. Et c’est drôle car, assez vite, j’ai découvert à quel point ma mère et Leïla se ressemblent. Elles ont notamment en commun une vraie grande mauvaise foi. (rires)  

A-t-elle été simple à convaincre ? 
En prétentieux fini, je l’avais appelée pour lui dire que j’avais le plus beau rôle de sa carrière à lui proposer mais qu’elle devait voir mon spectacle d’abord. (rires) Elle a accepté de venir et, dès le lendemain, je lui ai fait lire les 7 premières pages que j’avais écrites mais en restant face à elle pour observer ses réactions. Elle m’a tout de suite fait part de son envie de faire le film et je me souviens lui avoir répondu : « OK, alors maintenant, je vais l’écrire ! » (rires). Dans son esprit, elle a sans doute pensé qu’on ne tournerait pas avant deux ans. Mais moi, je voulais aller vite. Mon spectacle s’arrêtait au printemps et j’avais donc mon été suivant libre pour tourner. J’ai donc mis les bouchées doubles. J’ai rendu mon scénario en décembre,  Leïla m’a donné son accord dans la foulée et Simon a réuni les financements en quatre jours. Les planètes se sont parfaitement alignées. 

Vous débutez très fort d’emblée en distillant de la comédie dans les scènes où votre père se retrouve prisonnier dans les geôles iraniennes… 
C’était un autre des challenges que je tenais à relever avec ce film. Car il ne faut jamais oublier que, placés dans des situations aussi tragiques et angoissantes, les gens usent du rire comme une arme d’auto-défense. Ceux et celles qui ont subi ce genre de traumatisme sont les premiers à en rire. Ce sont les autres qui s’en offusquent, jamais eux…  Voir Alexandre Astier incarner le Shah d’Iran donne d’ailleurs d’emblée le ton que vous décrivez… Oui sa présence dans ce rôle permet de comprendre d’emblée qu’on se situe dans l’univers d’un conte inspiré d’histoires véridiques. Et NOUS TROIS OU RIEN évolue sur ce fil ténu, avec un dosage à respecter de bout en bout. Mais si j’ai pu y parvenir, je le dois au soutien d’une équipe épatante. Des gens extrêmement compétents mais aussi superbement humains. J’ai choisi Richard Rousseau qui travaille habituellement avec Jacques Audiard comme directeur du casting pour son talent à dénicher des têtes qu’on n’a pas beaucoup vues. Le chef décorateur Stanislas Reydellet avait travaillé sur LA MÔME et est arrivé avec mille idées. Karen Muller Serreau avait signé les costumes des  GAMINS  et j’avais adoré son travail. Anny Danché, ma monteuse, m’a également épaté sur le travail qu’elle a fourni sur LES INFIDÈLES  et    99 FRANCS. Quant à mon directeur de la photo JeanFrançois Hensgens, il avait signé la lumière de films à l’atmosphère aussi différente que BANLIEUE 13 et DIKKENEK.

L’humour et l’amour l’emportent sur la peur qui ressurgit pourtant soudainement lors du passage d’une frontière pour fuir l’Iran, le temps d’un contrôle où jamais ils n’ont semblé aussi proche de se faire arrêter… 
Oui car pour la première fois, cet homme et cette femme n’ont plus peur seulement pour eux deux mais pour leur fils. Il y a eu un avant et un après cette naissance dans leur vie. S’ils ont décidé de ne pas rentrer en Iran et de rester en France, c’est d’ailleurs en grande partie pour lui. Comme dans A BOUT DE COURSE  de Sidney Lumet, les combats menés sont désormais regardés d’un autre œil car les personnes concernées n’engagent désormais plus leurs seules responsabilités mais aussi celle d’un enfant qui n’a rien demandé.   

L’humanité qui se dégage de ce film est ce dont vous êtes le plus fier ? 
Oui ce film parle de la famille « réelle » et de celle qu’on se crée et qui vous porte au quotidien. En Iran comme en France, mes parents ont rencontré des personnalités hors du commun. Réaliser ce film était une manière de leur rendre aussi hommage.

Comédie dramatique de Kheiron. 4,2 étoiles AlloCiné.

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