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Les européens sont-ils eurosceptiques ? Les conservateurs britanniques viennent de remporter un large victoire. D’ici 2017, comme promis par leur leader David Cameron, devrait avoir lieu un référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Plus que jamais, l’euroscepticisme sera au cœur des débats des deux prochaines années... L’euroscepticisme est une opposition à l'intégration européenne et à l'Union européenne dans son ensemble basée notamment sur un doute quant à sa viabilité ou son utilité. À l'instar des pro-européens, les eurosceptiques ne constituent pas un bloc homogène mais comprennent les « mouvements d’opposition à la construction européenne ». Ainsi, Agnès Alexandre-Collier souligne l’ambiguïté de la notion allant « de la simple suspicion à l’opposition militante en passant par l’hostilité passive, [soulignant que] l’euroscepticisme revêt autant de formes qu’il existe de motifs de désapprobation ». Les eurosceptiques s'opposent aux pro-européens (les partisans de l'Union européenne actuelle et du fédéralisme européen notamment). Début du XXe siècle : la notion d'« anti-européen » L'expression fut aussi reprise par le mouvement fasciste italien qui a créé, sous la direction d'Asvero Gravelli, la revue Anti-Europa. Le terme dénote l'idée, en Italie fasciste, de rejet des valeurs humanistes, de la démocratie libérale et de la bourgeoisie. Apparition de la notion d'euroscepticisme : distinction hard euroscepticism et soft euroscepticism Une typologie de l'euroscepticisme a été proposée par Aleks Szczerbiak et Paul A. Taggart afin d'identifier les courants le formant. Ils ont ainsi distingué le hard euroscepticism et le soft euroscepticism. Pour eux, la notion de hard euroscepticism est définie comme « un principe d'opposition à l'Union européenne et à l'intégration européenne et qui est, par conséquent, visible dans les partis qui considèrent que leurs pays devraient se retirer de l'Union, ou dont les politiques envers l'UE équivalent à être opposé à l'ensemble du projet d'intégration européenne telle que conçu actuellement ». La notion peut se traduire par l'expression « euroscepticisme dur » et inclure des éléments tels que l'« europhobie » ou la « xénophobie ». La notion de soft euroscepticism est, quant à elle, définie comme « un principe qui ne s'oppose pas à l'intégration européenne ou à l'adhésion à l'Union européenne mais dans lequel les doutes liés à certaines politiques conduisent à l'expression d'une opposition nuancée à l'Union, ou dans lequel l'« intérêt national » est ressenti comme étant pour le moment en désaccord avec la trajectoire de l'Union ». Cette dernière notion se traduit par l'expression d'« euroscepticisme modéré », et peut inclure des élément tels que la « non intégration », l'« euroréalisme », le « populisme », l'« ennui européen » ou la critique de l'UE. L'emploi de hard euroscepticism est critiqué en ce que les politologues ont constaté, en France, lors des débats sur le traité de Maastricht, que l'opposition au traité ne se matérialisait pas systématiquement par de l'« anti-européisme », mais parfois par la volonté d'une autre Europe. Ainsi, les gaullistes étaient « pour » l'Europe de l'Atlantique à l'Oural, l'extrême droite « pour » une Europe des nations et des patries, et ces courants manifestaient donc un soft euroscepticism. La notion d'euroscepticisme peut être rapprochée de celle de souverainisme, apparue dans les années 1996-1997 en France. Celle-ci fut utilisée par des associations en lutte contre les traités de Maastricht et d’Amsterdam pour ne pas être qualifiées d'« anti-européennes ». Autre tentative de définition de l'euroscepticisme : un idéal-type - la position de EU-optimist est définie comme étant la position de ceux soutenant l'UE telle qu'elle a été mise en œuvre et qu'elle est dirigée. Selon leur définition, une attitude critique envers une certaine politique de l'Union européenne ne disqualifie pas le parti de sa position de EU-optimist. Dès lors que le parti accepte l'actuel structure de l'UE dans son ensemble, il est dans cette catégorie. - la position de EU-pessimist au contraire est la position de ceux qui ne soutiennent pas la forme actuelle de l'UE ou sont pessimistes sur ses développement. Cela ne veut pas dire, pour autant, qu'un EU-pessimist s'oppose à l'adhésion. Il peut s'agir simplement d'une opposition aux développement de l'UE, contraire à leur propre interprétation de l'idée d'intégration européenne. En combinant ces quatre paramètres, quatre idéaux-types apparaissent : - les euroenthusiasts : les partis ou groupes qui combinent les europhiles et EU-optimists. Ils soutiennent l'idée générale d'intégration européenne et croit que l'UE en est l'incarnation. - les eurosceptics : les partis ou groupes combinant les europhiles et EU-pessimists. Ils soutiennent l'idée générale d'intégration européenne mais sont pessimistes sur les développements de l'UE par rapport à leur opinion de l'intégration. - les europragmatists : ils regroupent les europhobes et les EU-optimists. Ils ne soutiennent pas l'idée d'intégration européenne à la base de l'UE (sans nécessairement s'y opposer), mais soutiennent l'UE. - les eurorejects : ils sont à la fois europhobes et EU-pessimists, ne soutiennent ni l'UE ni l'intégration européenne. Petr Kopecky et Cas Mudde soulignent cependant qu'il s'agit d'idéaux-types et que la notion d'« euroscepticisme » en soi est floue en ce qu'elle correspond à différentes visions de l'UE et de l'intégration européenne. Ils soutiennent cependant que l'europhilie sous-tend l'euroscepticisme15. Cependant, Ümit Yazmaci souligne que le concept d'euroscepticisme, dans son acception commune, n'est pas aussi restrictif que celui proposé par Petr Kopecky et Cas Mudde. Il considère, ainsi, que le « concept même d’euroscepticisme est promptement contesté en tant qu’instrument conceptuel pour ne pas avoir entièrement expliqué tous les aspects et les formes polymorphes des oppositions à l’intégration européenne ». Positionnement En matière politique, les eurosceptiques considèrent que l'intégration européenne se fait sans la volonté des peuples (et font, à ce titre, référence au traité de Lisbonne). À cela, s'ajoute l'abstention aux élections européennes. Par ailleurs, les eurosceptiques considèrent qu'il y a un abandon de la souveraineté nationale dans l'intégration européenne. En matière économique, les eurosceptiques critiquent notamment la création de l'euro, les politiques économiques menées par la BCE ou le caractère libéral de l'Union. Sur le plan culturel, l'harmonisation menée au niveau du processus législatif (notamment dans le cadre de l'adoption de règlements) est critiquée par les eurosceptiques car ils considèrent que cela gomme les différences nationales. Euroscepticisme en Union européenne L'Eurobaromètre indique que, à la question de savoir si les citoyens européens éprouveraient de « grands regrets », un « vif soulagement », ou de l'« indifférence » en cas d'abandon de l'Union européenne, environ 80 % d'entre-eux hésitent entre le « grand regret » et l'« indifférence ». À la question de savoir si l’appartenance à l'Union européenne est un gaspillage d'argent, 50 % des Autrichiens pensent que c'est le cas (- 4 points par rapport à l’automne 2012), 40 % des Suédois partagent cet avis (- 4 points par rapport à l’automne 2012) ainsi que 38 % des Tchèques (+ 2 points par rapport à l’automne 2012). L'opinion des européens quant à la direction prise par l'UE varient en fonction des États membres. Dans 21 États, les citoyens européens considèrent que la situation prise par l'UE est négative (contre 20 pour la situation prise par un État en particulier). Parmi ces États, les plus fortes opinions négatives enregistrées le sont en Grèce (71 %), à Chypre (62 %) et au Luxembourg (61 %). À l'inverse, les opinions négatives sur la direction prise par l’UE sont les plus faibles en Bulgarie (13 %) en Lituanie (20 %) et à Malte (22 %). Sans être positive, les plus fortes progressions des opinions négatives sur la direction prise par l'UE sont aux Pays-Bas (+ 8 points à 56 % ; tandis que les opinions positives gagnent aussi 13 points à 32 %) et en Slovénie (+ 6 points d'opinion négative à 48 % ; tandis que les opinions positives perdent 7 points à 19 %). En Croatie, le dernier État adhérant, l'opinion publique était, avant l’adhésion, majoritairement en faveur avec 38 % des sondés considérant cela comme une bonne chose, 24 % comme une mauvaise chose, et 35 % ne se prononçant pas. Texte sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici. Pour évaluer pour votre entreprise une éventuelle sortie de l'euro, des experts-comptables : 60270 - PATRICK GAUTIER EXPERTISE http://www.expert-comptable-chantilly-60.com Voir toutes les newsletters : www.haoui.com Pour les professionnels : HaOui.fr |