Un « plan-lumière », qu’est-ce que c’est ?

Un « plan-lumière », notion récente, est un plan d’organisation et de mise en place de l’éclairage d’un site touristique, d'un territoire urbanisé - quartiers, villages, villes, métropoles… - ou d’une zone d’activité (culturelle, récréative, commerciale, industrielle). La mise en place d'un plan-lumière par les décideurs politiques vise habituellement à produire un système global et cohérent d'éclairage, avec des investissements planifiés dans l'espace et dans le temps, et constitue parfois une réponse au développement anarchique de l'éclairage. Les dépenses d’investissement dans le mobilier urbain d’éclairage font partie des dépenses des communes engagées pour 20 à 30 ans. Par rapport à une situation pré-existante, un plan-lumière peut générer d'importantes économies d'énergie... 

Les objectifs d’un plan-lumière sont à la fois : 

- urbanistiques : accessibilité et lisibilité des espaces publics ou semi-publics, sentiment de sécurité, cohérence avec les réseaux de circulation, structuration générale du territoire…

- scénographiques : mise en scène d'espaces, définition de critères etshétiques, de mobiliers, de teintes de lumière…

- économiques : gestion du coût d'investissement et de fonctionnement, programmation d'économies d'énergie et de la rotation du parc d'éclairage…

- et environnementaux : réduction de la pollution lumineuse, protection nocturne des biotopes, empreinte écologique du système d'éclairage global, recyclage des sources et composants… 

La mise en place d'un plan-lumière par les décideurs politiques vise habituellement à produire un système global et cohérent d'éclairage, avec des investissements planifiés dans l'espace et dans le temps, et constitue parfois une réponse au développement anarchique de l'éclairage. Les dépenses d’investissement dans le mobilier urbain d’éclairage font partie des dépenses des communes engagées pour 20 à 30 ans. Par rapport à une situation pré-existante, un plan-lumière peut générer d'importantes économies d'énergie. 

Intérêt économique des plans-lumière
Ces plans nécessitent et entraînent une professionnalisation accrue du secteur de l'éclairage afin d'y valoriser les techniques et matériels les plus sobres et efficients et le cas échéant les alternatives (gradation, télégestion, couplage à détection de présence, dispositifs rétroréfléchissants, leds, fibre optique, alimentation photovoltaïque pour des luminaires à leds notamment s'ils sont isolés…) aux solutions classiques.

Ces plans ont un coût de réalisation et de mise en œuvre, mais selon l'ADEME  s'ils intègrent les principes de sobriété et les meilleures techniques, ils permettent par ailleurs d'économiser beaucoup (de 35 à 50 %, voire plus) d'électricité à confort d'éclairage et à sécurité égale avec du matériel, des horaires, un usage et un entretien adéquat de l'éclairage public.

Un plan lumière qui intègre une stratégie d'économie d'énergie doit pouvoir être rapidement rentabilisé. La rénovation du parc ancien installé (75 % des réseaux seraient de ce point de vue à restaurer ou à renouveler en France) permettrait d'importantes économies d'énergie, lesquelles peuvent être utilisées pour poursuivre des investissements d'économies d'énergie, via ou non un plan-lumière encore plus économe par rapport à la situation existante. L'AFE cite l'exemple d'une simple rénovation en remplaçant des lampes classiques par des SHP (Sodium Haute Pression) dans des luminaires fermés (pas de changement de mâts ni d'implantation ni de hauteur) ; il permet une économie d’énergie de 57 % et fournit encore après deux ans d’exploitation (et avant le remplacement des lampes) 75 % de lumière en plus. Une économie supplémentaire de 25 % peut être obtenue au moyen du couplage des lampadaires à une horloge astronomique et à un variateur de puissance (qui par exemple diminue l'intensité de l'éclairage de 23h à 5h du matin)7

Les collectivités disposent là d'un gisement d'économies qu'elles sous-estiment. Ainsi, en 2000, en France, les communes n'estimaient pouvoir économiser qu'environ 10 % de leur consommation liée à l'éclairage public, alors qu'elles consacraient en moyenne 22 % de leurs dépenses en énergies à l'éclairage public (0,4 milliard d'€ pour 5,3 TWh) ; c'était le second poste après le chauffage/éclairage des bâtiments qui absorbe 65 % des dépenses (1,18 milliard d'€ TTC), et avant les carburants (13 % correspondant à 0,23 milliard d'€), et il est en France en augmentation régulière (15 % des dépenses communales en énergie en 1995, 17 % en 2000 et 18 % en 2005). Cette dérive n’existe pas dans d’autres pays proches, l’Allemagne par exemple ne consacrait au début des années 2000 qu'environ 43 kWh par habitant et par an à l'éclairage public qui y est jugé très performant ; à comparer aux 92 kWh/hbt/an en France où 8,3 millions de points lumineux consomment en moyenne 160 W par point.

Des mesures simples, tels que le diagnostic des armoires électriques et réseaux d'éclairages, en respectant un cahier des charges minimal (donnant droit à subvention dans certains pays, par exemple de l'ADEME en France) ou la pose d'une cellule photoélectrique permettant de couper l'éclairage quand la luminosité naturelle est suffisante, ou d'autres systèmes de régulation en fonction des besoins réels, l'utilisation de lampes basse consommation et de luminaires plus performants permettraient d'importantes économies. Le total des coûts de l'électricité pour l’éclairage public était évalué pour 2005 à environ 1200 mégawatts, soit environ une tranche nucléaire de centrale récente (et une consommation annuelle environ 5 TWh, (correspondant à 590 000 tonnes de CO2 par an). 

Conditions de réussite
Un bon plan-lumière devrait être coconstruit avec les citoyens, en prenant le temps de bien les renseigner sur les coûts, nuisances et la pollution lumineuse que l'éclairage artificiel peut générer.

Une double approche Investissement et Gestion (fonctionnement) est souhaitable pour tous les thèmes développés ci-dessus, car des coûts de fonctionnement et d'entretien souvent mal évalués en amont s'avèrent ensuite poser des problèmes durables et coûteux aux collectivités.

À titre d'exemple, le nettoyage des verres et le changement d'ampoule sont une nécessité. Mais ils peuvent être fastidieux et coûteux en raison de la présence de fils électriques, obstacles, véhicules mal garés, etc. Dans les rues fréquentées ou étroites, deux voire trois ou quatre personnes sont nécessaires pour assurer la sécurité et ne pas trop perturber la circulation. À proximité des zones de pollution de l'air, sous les arbres ou à proximité de l'eau, les luminaires se salissent plus vite. Les fabricants cherchent à produire des formes et des matériaux plus « autonettoyants », mais il est parfois difficile d'anticiper leur vieillissement. Dans certaines villes allemandes, on profite de ce type d'opération pour - à la demande des riverains - ajouter un cache (peinture noire) dans le luminaire de manière à limiter l'intrusion de lumière non désirée dans leur domicile.

Il convient aussi de prévoir une augmentation logique et probable des coûts de l'énergie électrique, et inversement une diminution des coûts d'achat des leds ou d'autres technologies efficientes, propres ou sûres. 

Intérêts d'un plan lumière
Son intérêt est double ; améliorer l'environnement, le confort d'usage et la sécurité, tout en diminuant les dépenses énergétiques. Le plan peut aussi être un outil réglementaire local contre les nuisances, les troubles et les atteintes au cadre de vie générés par les publicités lumineuses, les projecteurs à faisceaux mouvants et de manière générale tous les dispositifs préjudiciables à la qualité et à l'équilibre de l'environnement nocturne ou favorisant la lumière intrusive. 

Pour la lutte contre les nuisances lumineuses

Un plan-lumière peut par exemple recommander :

- des halos lumineux diminués de 30 à 70 % selon qu'ils soient faibles ou importants et dans la mesure où leur source est bien dans le périmètre d'étude et de travail;

- de limiter l'intrusion lumineuse chez les riverains, par un positionnement et un choix de hauteur plus judicieux des luminaires, et l'utilisation de caches ou bafflages particuliers, y compris pour les installations sportives13.

- Un projet à plus long terme peut concerner la capacité de réflexion des surfaces éclairées (luminance)] qui contribue aussi au halo.

Pour les économies d'énergie

- Bannir les lampes gaspillant l’énergie et à faible durée de vie, ou émettant dans l’ultraviolet, les lampadaires-boules, les lasers, les canons à lumière, et de manière générale toutes les sources mal fixées et/ou éclairant de bas en haut ou n’éclairant pas exclusivement des éléments d’architecture.

- Asservir à la présence humaine les éclairages de sécurité/alarme et/ou susceptibles d’éclairer les berges, l’eau ou des zones humides, et limiter les effets « clignotants » aux fonctions de sécurité (cf. gêne/fatigue/déclenchement de crises d’épilepsie),

- Les lampes basse consommation, à Leds notamment, pour les feux tricolores existent aussi. Elles ont permis des économies significatives et ont une très longue durée de vie. Les Leds et la fibre optique offrent des solutions nouvelles. L'alimentation solaire va sans doute également se développer.

Pour la santé 

En réduisant le « halo » et l'intrusion lumineuse en diminuant la lumière inutilement perdue vers le ciel et à l'horizontale, source par ailleurs d’impacts vraisemblables pour la santé (trouble du sommeil, perturbation hormonale).

Pour mieux protéger les espèces animales

- Protéger l'environnement nocturne : Pour les monuments ou éléments du paysage susceptibles d’abriter des espèces sensibles (chauves-souris, rapaces nocturnes, oiseaux cavernicoles et papillons de nuit en particulier), conserver des zones d’ombre et des Corridors biologiques de noir. 

Critiques de certains plans-lumière

Certains plans-lumière sont critiqués non pour leur résultat esthétique, mais pour la pollution lumineuse qu'ils génèrent, pour leur contribution à la dégradation du paysage nocturne, ainsi que pour les nuisances lumineuses qu'ils imposent aux astronomes amateurs et professionnels et aux citoyens. D'autre part leur généralisation et leur permanence dans le temps tend à les banaliser ; les effets de lumière surprennent de moins en moins, ce qui encourage des éclairages de plus en plus colorés ou violents qui sont imposés à ceux qui voudraient jouir de la simple beauté du ciel nocturne et pouvoir dormir au rythme du coucher et lever du soleil, sans devoir subir la lumière intrusive des éclairages décoratifs, ou de sécurité mal orientés.

Texte sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici. Photo : Mike Boehmer.

Des spécialistes de l'éclairage LED urbain :

75006 - ESPACE NEOLUX http://www.eclairage-led-paris.com
78530 - AROUNA SAS WINDELA http://www.eclairage-public-led.eu


Voir toutes les newsletters :
www.haoui.com
Pour les professionnels : HaOui.fr