Voyage en Chine

Liliane part en Chine pour la première fois de sa vie afin de rapatrier le corps de son fils, mort dans un accident. Plongée dans cette culture si lointaine, ce voyage marqué par le deuil devient un véritable voyage initiatique...

Entretien avec Zoltán Mayer, le réalisateur 

D’où est venu ce désir de tourner en Chine?
Je suis né dans une famille très métissée où se mêlent les origines hongroise, sénégalaise, chilienne, grecque ou italienne. Je me suis senti dès l’enfance attiré par les cultures extrême-orientales et plus particulièrement par la culture chinoise, le peuple chinois, son écriture et sa littérature. Il y a dix ans, j’ai commencé à apprendre le chinois et six mois plus tard j’ai fait mon premier voyage en Chine. Je suis particulièrement sensible au charme de cette langue monosyllabique, si différente des langues européennes. Le choix de la Chine est donc apparu comme une évidence dans mon désir de réaliser un film un peu animiste : je voulais faire le récit d’un apprentissage où une femme française, Liliane (interprétée par Yolande Moreau), extraite de son univers athée et rationnel, rencontre au cours d’un voyage a priori tragique, une forme de spiritualité et d’apaisement.  

Pourquoi avoir tourné dans la région du Sichuan ?
La région du Sichuan s’est imposée parce que le taoïsme y est prégnant. Par ailleurs son fort syncrétisme religieux m’intéressait. Au village, le temple où se déroule la cérémonie taoïste est en réalité un temple bouddhiste chargé de représentations taoïstes. Cet entremêlement des religions va de soi, il nous suggère une autre façon de voir le monde et d’appréhender la mort. La végétation si particulière du Sichuan, notamment sa luxuriance, était aussi une manière de suggérer l’omniprésence du fils de Liliane dans la nature. C’est par certains détails végétaux et animaux (par exemple un gecko dans le cadre d’une fenêtre) que le film raconte le cheminement de Liliane. Comme si, après la perte de son fils, elle était conduite par une force qui la dépasse et va peu à peu l’entraîner dans la vie.    

Comment s’est fait le choix de votre actrice principale ?
Yolande Moreau était, avec la Chine, la seconde évidence de mon film. J’étais depuis longtemps touché par son travail. Je l’ai rencontrée par un ami commun et cette rencontre m’a donné l’impulsion du scénario. L’idée du film m’était venue à l’occasion d’un voyage en Chine avec ma mère, mais c’est avec Yolande que tout s’est mis en place. Sa présence m’a accompagné tout au long de l’écriture, avant même d’avoir son accord. Et le film ne se serait pas fait si elle avait dit non.    

Et pour les acteurs chinois ?
Le choix des acteurs chinois a été assez évident. Qu Jing Jing (Danjie, l’amie du fils) est solaire, magnétique. Son jeu est précis, subtil. Elle ne surjoue pas le drame et est capable d’exprimer des sensations opposées, passant aisément du rire aux larmes. Liu Ling Zi, (la logeuse de Liliane), vient du théâtre, j’ai été immédiatement touché par son côté mutin, l’évidence de son jeu dénué d’artifice. Par sa force de caractère, son humour, une trace de l’enfance toujours présente en elle, et qui caractérise aussi la personnalité de Yolande. J’ai tenu à ce que le film se prépare en amont avec tous les acteurs, à la table, comme je peux le faire dans ma pratique de coach. Nous avons travaillé sur les sensations, les appuis, pour ouvrir le jeu, en faire un matériau ou une pâte avec laquelle nous pourrions travailler ensuite au tournage.  

Zoltán Mayer 
Scénariste et monteur du documentaire Le Sens de l’âge, sorti en salles en 2012, Zoltán Mayer est également photographe. Ses photographies sont publiées dans le New York Times et ont été vendues aux enchères à Drouot. Voyage en Chine est son premier long métrage. 

Drame de Zoltán Mayer avec Yolande Moreau.

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