Elle l'adore

Muriel est esthéticienne. Elle est bavarde, un peu menteuse, elle aime raconter des histoires souvent farfelues. Depuis 20 ans, Muriel est aussi la première fan du chanteur à succès Vincent Lacroix. Avec ses chansons et ses concerts, il occupe presque toute sa vie. Lorsqu’une nuit Vincent, son idole, sonne à la porte de Muriel, sa vie bascule. Elle est entraînée dans une histoire qu’elle n’aurait pas osé inventer...

Entretien avec Jeanne Herry, la réalisatrice

« Vous souvenez-vous de la manière dont vous avez eu l’idée de ce film ?
J’avais écrit un livre, « 80 étés » paru chez Gallimard, au sujet très personnel, intime à partir de souvenirs ou d’impressions. J’ai voulu savoir si j’étais capable ensuite de rédiger une véritable histoire avec des personnages, des situations qui ne tournent pas uniquement autour de mon univers proche. Avec un ami, Sébastien Knafo, nous avons commencé à mettre sur papier une liste des éléments que nous souhaiterions voir figurer dans un récit. Sont ainsi sorties de notre imagination les idées d’un duo de personnages principaux, de la mythomanie ou de la complication des événements… En relisant tout cela, j’ai pensé à réunir un chanteur et une fan avec un cadavre encombrant dont il faut se débarrasser ! J’ai revu mon ami, lui ai parlé de ce point de départ mais lui pensait à en faire une comédie, un road-movie. Moi pas du tout ! J’ai donc continué seule avec l’idée d’un vrai polar, basé sur une enquête policière, étant moi-même très férue depuis mon enfance de ce genre de romans ou de films…

Muriel a une petite fêlure qui va tout de même avec le temps se transformer en menace…
Oui, parce qu’elle va aussi enchaîner les bêtises ! Ça faisait aussi partie de ma liste de départ : l’idée d’un « boulet », désigné comme tel, mais qui n’en serait pas un ! Pour moi, c’était Muriel et je l’envisageais comme une véritable héroïne, comme celle qui sauverait tout le monde. Elle trouve un peu de lumière pendant que Vincent Lacroix se recroqueville dans sa propre ombre…

Ce qui est formidable, notamment dans les scènes d’interrogatoire, c’est que la « dinguerie » de Muriel paraît finalement plus crédible que la vérité grâce au culot de ses mensonges !µ
Ça m’a beaucoup amusé ! J’ai un copain psychologue à qui j’ai parlé de la mythomanie à travers les aspects comiques de cette pathologie, qui n’a rien à voir avec la schizophrénie par exemple, beaucoup plus douloureuse. D’ailleurs, jamais dans ELLE L’ADORE, on ne prononce le mot « mythomane » : Muriel n’est pas malade au sens clinique. Elle est dans la fantaisie ! J’ai donc demandé à mon ami ce qui se passerait si on faisait vivre à un mythomane une histoire extravagante, digne d’un mythomane. Il m’a dit : « Ça fera boum » ! Et c’est vraiment ce qui arrive dans le film…

D’autant que vous y rajoutez un autre ingrédient : les ravages de la passion. Celle de la compagne de Vincent, celle de Muriel pour Vincent et celle dévastatrice du couple de policier, Antoine et Coline…

Vous avez raison, même si je n’ai pas pensé aux choses comme cela, d’abord parce que l’idée de « passion » m’est assez étrangère ! Mais il est vrai que mes personnages sont tous à un moment victimes de leur intériorité, de leurs sentiments, de ce qui les meut…»

Comédie de Jeanne Herry avec Sandrine Kimberlain et Laurent Lafitte.


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