My sweet pepper land, sélection officielle Un certain regard, Cannes 2014

Au carrefour de l'Iran, l'Irak et la Turquie, dans un village perdu, lieu de tous les trafics, Baran, officier de police fraîchement débarqué, va tenter de faire respecter la loi. Cet ancien combattant de l’indépendance kurde doit désormais lutter contre Aziz Aga, caïd local. Il fait la rencontre de Govend, l’institutrice du village, jeune femme aussi belle qu'insoumise…

Note d’intention du réalisateur Hiner Saleem
Mon grand-père disait en souriant : « Notre passé est triste, notre présent est tragique, mais heureusement on n'a pas d'avenir ». Et pourtant...

Quand je suis retourné au Kurdistan, après plusieurs années d'exil, j'ai parcouru plus de deux cents kilomètres dans ces territoires montagneux, sans croiser âme qui vive. Tout avait été rasé par les guerres irakiennes. Puis j'ai vu quelques chèvres par la fenêtre de la voiture et mes yeux se sont remplis de larmes de joie. C'était la vie qui reprenait dans ce pays dévasté. C'était en 1991. Un « safe heaven » venait de se créer pour les Kurdes après la défaite de Saddam Hussein au Koweit.

Depuis, les Kurdes se sont organisés, et pour la première fois dans l'Histoire, ils ont connu des élections libres. Ils ont eu leur parlement, leur propre gouvernement, ils ont crée une armée et une police nationale. Mais il restait à reconstruire le pays, l'infrastructure, les villages, les routes, l'électricité, les écoles, etc.

A chaque voyage je remarquais d'immenses changements. A la chute de Saddam Hussein (2003), l'Irak est devenue officiellement un état fédéral. Les Kurdes gèrent à présent leurs propres affaires indépendamment de Bagdad. Des milliards de dollars, l'argent du pétrole, ont commencé à affluer. Le pays est devenu un immense chantier. La vie a repris, les villages ont commencé à renaître, de nouvelles routes se sont tracées, dans une anarchie très orientale. Dorénavant, ces régions éloignées ont besoin d’ordre... C'est le rêve de Baran, le personnage masculin du film.

Quand j'écrivais mon film, tout ce que je voyais me rappelait le far west des westerns américains que j’aime : les montagnes, les vallées sauvages et les villages parsemés dans les steppes. D'anciens combattants sont devenus shérifs, certains mercenaires et d'autres businessmen. La frontière du Kurdistan avec l'Iran et la Turquie est le lieu de passage de tous les trafics. On échange du pétrole contre des médicaments souvent périmés avec les Turcs. Parfois, c’est de l'alcool pour les officiers iraniens, jusqu'au concentré de tomate pour les Kurdes. Car le pays importe tout.

L'ouverture et la démocratie autorisent désormais la jeunesse à exprimer des revendications séculaires et modernistes.

Plus de démocratie, de laïcité, de liberté d’expression. Mon cinéma s’est toujours porté sur ces questions.

Par ailleurs, né dans un pays musulman, je suis particulièrement sensible à la question du statut de la femme dans notre société. Dans le Kurdistan d’aujourd’hui, les femmes espèrent trouver une nouvelle identité, un nouveau rôle social et politique.

De vieilles amies, devenues médecins, professeurs ou institutrices, parties travailler dans ces lointains villages, m'ont raconté leurs histoires. C’est nourri de ces histoires, que j’ai imaginé le personnage de Govend. Govend respecte certains aspects de la tradition, mais défie la famille, la société et la culture de l'honneur. J'admire ces femmes, je les aime et je voudrais leur rendre hommage.

Voilà ce que je veux raconter dans mon film, avec émotion et humour. Car on dit que Dieu a crée dix Kurdes et le onzième pour les faire rire.

Comédie dramatique de Hiner Saleem avec Golshifteh Farahani. Sélection Un certain regard, Cannes 2014.

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