Viva la liberta

Enrico Oliveri, secrétaire général du parti de l’opposition est inquiet : les sondages le donnent perdant. Un soir, il disparaît brusquement laissant une note laconique. C’est la panique au sein du parti, tout le monde s’interroge pour essayer de comprendre les raisons de sa fuite pendant que son conseiller Andrea Bottini et sa femme Anna se creusent la tête pour trouver une solution. C’est Anna qui évoque en premier le nom du frère jumeau du secrétaire général, Giovanni Ernani, un philosophe de génie, atteint de dépression bipolaire. Andrea décide de le rencontrer et élabore un plan dangereux…

Entretien avec Roberto Ando, l’auteur du roman et réalisateur du film

Le fil conducteur du film est le thème de l’identité et de son double, de la ligne très ambiguë qui sépare le vrai du faux. C’est pour cela que vous avez opté pour une histoire de jumeaux ?
Le thème du double, la complexité des attitudes dissimulée derrière les deux personnages incarnés par Toni Servillo et Valerio Mastandrea, est telle que le spectateur a l’impression d’avoir le vertige. Je vais citer un commentaire que l’on a fait au sujet de mon roman qui me paraît valable pour le film aussi.

Il s’agit d’un commentaire de Massimo Cacciari, un philosophe, un grand intellectuel qui connaît bien le monde de la politique : « Le roman de Roberto Andò, dont la légèreté ironique pourrait paraître paradoxale, remet en cause la contradiction sur laquelle repose l’exercice du pouvoir. L’essence du pouvoir, c’est le port d’un masque. Le pouvoir même, c’est un masque ; celui qui l’exerce représente toujours quelqu’un d’autre, dissimule en lui un étranger. Un étranger qui lui appartient autant qu’un frère jumeau. Et malgré tout, le pouvoir est totalement impuissant face à ce rapport.

Donc, au final, malgré le dédoublement, la différence ne s’avère pas essentielle, et il faut reconnaître, par le même désenchantement typique de l’écriture d’Andò, que l’identité du pouvoir n’est que fiction ». Voilà, je ne pourrais pas m’exprimer mieux que ça : la relation qu’il y a entre les deux jumeaux, mise en scène à travers l’échange, est étroitement liée à ce thème qui a toujours fait débat : le pouvoir comme fiction. Le paradoxe sur lequel repose mon film ? Bien que condamné à de la pure fiction, le pouvoir peut toujours essayer d’empêcher l’accès à la vérité. Enfin, aux vérités.

Quelles émotions pensez-vous ou du moins souhaitez-vous que le film transmette ?
L’écriture de ce roman a abouti pour moi à la conquête de cet objectif tant convoité par tous les narrateurs : la légèreté. J’aimerais que les spectateurs du film puissent retrouver cette touche de légèreté que les lecteurs ont tant appréciée dans le roman.

Une légèreté qui va de pair avec mes émotions, et, bien sûr, avec certaines réflexions concernant la vie et la politique. Amour, dissimulation, pouvoir, échec : plusieurs éléments s’entrelacent tout le long du film. Je pense que tout le monde est concerné. Et qu’on peut y voir aussi une certaine trajectoire suivie par la politique italienne de ces 20 dernières années.

Nous sommes en pleine crise d’époque, une crise qui remet en cause tous les principes sur lesquels l’Occident a toujours reposé, une crise qui touche à l’économie et à la politique, et nous sommes tous persuadés que nous allons bientôt atteindre un point de non-retour et que nous devrons tout recommencer à zéro, avec d’autres valeurs, en laissant derrière nous la dissimulation comme forme de gouvernement, ou comme modèle de communication dans le milieu politique.

Si vous avez un projet d’organisation d’évènement cinéma (avant-première, projection privée…) :

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