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Déficit de la Sécu : les pistes pour l’enrayer La France se situe à un moment crucial dans la conduite du redressement de ses comptes publics. Des premiers résultats ont été obtenus dans la résorption du déficit de la sécurité sociale. Pour autant, selon la Cour des Comptes, ce déficit demeure massif, à un niveau deux fois supérieur à ceux de la période 2006-2008. En 2012, sa réduction s’est en effet sensiblement ralentie. Et, en 2013, contrairement à la prévision de la loi de financement de la sécurité sociale votée fin 2012, le redressement des comptes sociaux connaît un coup d’arrêt du fait de l’atonie de la croissance. Analyses et recommandations de la Cour des Comptes… Enrayer la spirale de la dette sociale par un effort nettement accru de maîtrise des dépenses Des mesures ont été annoncées pour rétablir la situation des régimes de retraite. Mais selon les projections de la Cour, du seul fait des déficits des branches maladie et famille, près de 72 Md€ de dettes supplémentaires s’accumuleraient à l’horizon 2018 en l’absence de nouvelles mesures. Enrayer la spirale de la dette sociale est donc indispensable. Le rééquilibrage des comptes sociaux est passé ces dernières années par la mobilisation de recettes supplémentaires d’un montant très important. Mais cette voie de redressement atteint ses limites. Des élargissements ciblés de l’assiette de la CSG demeurent envisageables, mais des contraintes d’ordre constitutionnel tendent à limiter désormais les possibilités d’augmentation générale de ses taux. Par ailleurs, si, en dépit des mesures prises ces dernières années, l’ampleur des « niches sociales » demeure considérable, leur évaluation systématique n’a pas été engagée. En tout état de cause, toute hausse de prélèvements devrait être consacrée de façon prioritaire au financement de la dette sociale. C’est prioritairement en pesant sur les dépenses pour ralentir leur progression que le redressement des comptes sociaux doit s’accélérer. La stricte exécution de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie (ONDAM) est indispensable à cet égard. Pour la troisième année consécutive, cet objectif, resserré pour 2012 à + 2,5 %, n’a pas été dépassé. Pour autant, il a continué de progresser nettement plus rapidement que le PIB. Il convient donc de mettre en œuvre des réformes structurelles, seules à même d’infléchir durablement les dépenses. Or, sans dégrader la qualité des soins, les marges d’efficience et d’économies apparaissent considérables. Réorganiser le système hospitalier À cet égard, le retard considérable de la chirurgie ambulatoire dans notre pays est préjudiciable : quatre interventions seulement sur dix sont pratiquées en ambulatoire, contre jusqu’à huit sur dix dans certains pays comparables. Malgré la progression du nombre de places en chirurgie ambulatoire, la diminution des lits de chirurgie conventionnelle a été interrompue ces dernières années, avec pour conséquence un taux d’occupation très insuffisant. La pleine utilisation des capacités de chirurgie ambulatoire existantes, parallèlement à la fermeture de lits conventionnels, permettrait de l’ordre de 5 Md€ d’économies. La part de l’hospitalisation à domicile reste elle aussi très inférieure à celle constatée dans d’autres pays. L’ensemble des établissements hospitaliers doit s’engager dans des mutations indispensables. C’est le cas notamment des établissements de santé privés à but non lucratif, dits d’intérêt collectif, fragilisés par la tarification à l’activité. C’est aussi celui des anciens hôpitaux locaux, qui représentent le tiers des établissements publics, mais n’assurent qu’une très faible part de l’activité hospitalière. Ils peuvent toutefois, dans certaines zones en risque de désertification, en lien avec des maisons pluridisciplinaires de santé, éviter certains passages aux urgences et faciliter le maintien d’une présence de professionnels libéraux, ce qui suppose un financement adapté. Réaliser les économies possibles dans certaines dépenses de soins Les dépenses d’analyses médicales ont pour leur part connu une très vive croissance au cours de la décennie écoulée et représentent globalement une charge de près de 6 Md€ pour l’assurance maladie, dont 2,9 Md€ pour le régime général au titre des seules analyses effectuées en laboratoires de ville. Les considérables gains de productivité de ce secteur n’ont que très partiellement bénéficié à l’assurance maladie. Au total, la Cour estime possible de dégager rapidement 500 M€ d’économies dans ce domaine. La Cour a également examiné les modalités de prise en charge de l’optique correctrice, qui représente à elle seule une dépense totale de 5,3 Md€, ainsi que des audioprothèses. L’assurance maladie obligatoire ne rembourse que 200 M€ au titre des dépenses d’optique, soit une prise en charge dérisoire (moins de 2 % en moyenne pour les adultes) ; elle a même diminué son taux de remboursement en 2011. Ce désengagement signe un grave échec qui compromet l’égal accès de tous aux soins. Les institutions d’assurance maladie complémentaire ont pris le relais, à hauteur de 3,7 Md€ en 2011, mais dans des conditions inégales. Le marché de l’optique doit être plus transparent et concurrentiel. Les organismes complémentaires doivent quant à eux faire jouer plus activement la concurrence entre les distributeurs, et les pouvoirs publics redéfinir plus strictement les « contrats responsables », pour peser beaucoup plus fortement sur les prix. Accentuer les efforts de certains régimes de retraite Les régimes de retraite des professions libérales ne connaissent pas encore, pour la plupart, de difficultés d’ordre démographique : ils reposent sur 800 000 cotisants pour un peu plus de 200 000 pensionnés. Mais ils ont connu des réformes trop limitées pour assurer à terme leur soutenabilité financière. Une plus grande solidarité interprofessionnelle est souhaitable pour leur permettre de surmonter les difficultés des années à venir. Unifier la gestion de la branche maladie du régime général La Cour constate que la qualité de service des mutuelles de fonctionnaires demeure inégale et globalement insuffisante, pour des coûts élevés. Ce mode de gestion déléguée est à bout de souffle ; comme la Cour l’avait déjà recommandé en 2006, il doit être reconsidéré au bénéfice d’une reprise en gestion directe par le réseau de l’assurance maladie obligatoire. Les onze mutuelles étudiantes, qui couvrent 1,7 million d’affiliés, ont remboursé 800 M€ de dépenses de soins et perçu à ce titre 93 M€ de remises de gestion. Leur qualité de service est, pour certaines d’entre elles, très insuffisante, qu’il s’agisse du règlement des prestations ou des relations avec les étudiants, dont l’insatisfaction est très prononcée, notamment à l’encontre de la mutuelle des étudiants (LMDE). Leur rémunération, fondée sur des bases particulièrement avantageuses et dénuées de toute transparence, a pourtant sensiblement augmenté. La reprise de la gestion de la population étudiante par les caisses d’assurance maladie permettrait une économie de près de 70 M€. Télécharger le rapport complet de la Cour des Comptes Pour aider votre entreprise à trouver des pistes d'économies, des experts-comptables : 60270 - PATRICK GAUTIER EXPERTISE http://www.expert-comptable-chantilly-60.com Voir toutes les newsletters : www.haoui.com Pour les professionnels : HaOui.fr |