Histoires extraordinaires : il survit à une chute de 5 000 m

Nicholas, dit Nick, Alkemade (1923-1987) était sergent-mitrailleur  britannique de la Royal Air Force. Il est resté célèbre pour avoir survécu à une chute vertigineuse de 5 600 m sans parachute à la vitesse de 200 km/h, miraculeusement amortie par des branches de pins et une épaisse couche de neige.

Le 23 mars 1944, le jeune Alkemade (21 ans) s’envole vers Berlin à bord du « S for Sugar », un bombardier Avro Lancaster qui fait partie du 115e escadron de la Royal Air Force (RAF), qui cette nuit-là (nuit du 23 au 24) aligne 300 bombardiers lourds pour bombarder la capitale du IIIe Reich. Il s'agit de la 13e mission du bombardier, Alkemade est « mitrailleur de queue ».

La mission réussit : le « S for Sugar » largue ses 2 tonnes de bombes explosives et ses 3 tonnes de bombes incendiaires, le pilote Jack Newman peut donner l'ordre de retour. Mais c'est alors qu'intervient un Junkers Ju 88 de la Luftwaffe : le chasseur allemand a touché le bombardier. Le Plexiglas de la tourelle arrière, qui abrite Alkemade, est troué par les balles. Ripostant immédiatement, Alkemade parvient à faire exploser le moteur droit du Ju 88, mais l'euphorie de cette première victoire aérienne est de courte durée : il doit évacuer le bombardier en feu, alors que son parachute est la proie des flammes.

Il se jette dans le vide sans parachute, préférant cette mort rapide à celle du feu. Immédiatement, la terreur qui l'envahissait laisse la place à un sentiment de grande tranquillité et de calme. Ne ressentant pas la sensation de la chute, il a l'impression d'être couché sur un nuage et de se laisser porter, lui donnant le sentiment que la mort est finalement moins désagréable que l'idée qu'il s'en faisait. Ayant calculé le temps qu'il lui faudrait pour atteindre le sol, il sait qu'il ne lui reste plus que 90 secondes à vivre. Dans l'intervalle, il pense à cette prochaine permission, prévue dans une semaine et qu'il ne prendra pas, de même qu'il ne reverra pas sa fiancée, Pearl. Couché sur le dos, il observe les étoiles, ayant une dernière pensée pour la bestialité de cette guerre, avant de perdre connaissance.

Mais malgré l'altitude de sa chute, il s'en sort presque indemne grâce aux branchages et à la neige qui amortissent son atterrissage. Souffrant d'une seule entorse à une cheville, il raconte avoir allumé une cigarette en attendant qu'on vienne le chercher. Aucun autre membre de l'équipage n'a survécu.

Il fut capturé et interrogé par la Gestapo qui le considéra d'abord comme un espion, ne pouvant croire à son récit. La découverte de l'épave de son avion, contenant des vestiges permettant son identification, authentifia son histoire. Libéré de son camp de prisonniers de guerre en mai 1945, il devint un héros lorsque son aventure fut connue en Grande-Bretagne.

Après sa démobilisation, il devint ouvrier dans une usine de produits chimiques.


Texte sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici. Photo : Kogo.


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