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L’architecture d’intérieur, trois siècles d’évolution L’architecture d’intérieur procède aujourd’hui des arts décoratifs comme de l'architecture. Elle conçoit l'architecture à l'échelle intime de la vie quotidienne et l’inscrit dans les comportements domestiques, professionnels, culturels des hommes… Elle mène l'architecture à son terme, dans le détail rationnel et poétique, en jouant avec les espaces, la lumière, la couleur, le mobilier, les équipements, les objets et l’individualité de l’occupant, afin de créer des lieux non seulement opérationnels et confortables, mais reflètent la personnalité du commanditaire. Un art qui s’est construit au fil du temps… Le public et le privé Dans l'architecture palatine, le concept du passage de la sphère publique à la sphère privée se dessine peu à peu. Des salons de réception - publics - ont pour objet de montrer aux visiteurs la richesse et la puissance du propriétaire. Une ou plusieurs antichambres ont pour objet de filtrer les « clients » et autres quémandeurs. La Chambre - du public au privé Lorsque le rang le permet, elle est précédée d'une salle d'audience pour recevoir les personnes de rang moindre. La « chambre » étant réservée alors aux personnes que l'on veut honorer, aux pairs, aux intimes. Symbole de ce changement de statut, le XVIIIe siècle crée l'alcôve (et ne cesse d'en parler dans la littérature libertine du temps). Le lit doit désormais se cacher et la chambre est un endroit où règne l'intimité. L'enfilade antichambres / chambre peut être prolongée par les appartements (ce lieu où l'on se tient « à part »), ces pièces où se forme le sentiment de l'intimité et du privé. Ceux-ci, typiquement, sont constitués d'un boudoir (si ce sont les appartements de madame) ou d'une étude, d'une garde-robe où l'on s'habille, de lieux d'aisance où l'on se soulage et se lave. La salle de bains n'apparaît que plus tard, au XIXe siècle, avec le progrès industriel qui permet de produire canalisations et chauffe-eau. La cuisine - du domestique au public Les exemples qui nous restent du Moyen Âge de cuisine témoignent de la peur des incendies : ce foyer qui chauffe et nourrit est aussi source d'un feu destructeur aussi les cuisines sont séparées du corps de bâtiment principal et, comme le donjon défensif, sont en dur quand la plupart des maisons, hangars et autres bâtiments utilitaires sont en bois. Si elles intègrent l'architecture intérieure des palais et châteaux, elles sont rarement mentionnées et décrites en tant que telles sur les plans par les architectes : elles sont de l'ordre du « commun » et ne valent pas la peine d'être mentionnées. Sur le plan de l'hôtel d'Espinchal illustré ci-dessus, les cuisines sont sans doute situées en sous-sol et les domestiques montent les plats aux maîtres de maison qui déjeunent selon toute probabilité dans l'antichambre (lorsqu'il s'agit de repas privés) ou dans le salon (pour des réceptions plus publiques). La salle à manger est encore « flottante » et les repas souvent servis sur des tables à tréteaux facilement démontables. En tous les cas de figure, elle n'est pas indiquée sur le plan de cet hôtel particulier. Avec l'émergence de la bourgeoisie, au xixe siècle, la cuisine apparaît sur les plans des maisons d'habitation. Mais dans l'articulation public/privé évoquée ci-dessus, elle fait partie de la sphère privée (on ne la montre pas) et quand le niveau de vie des propriétaires le permet, elle fait encore partie de la zone de la maison ou de l'appartement réservée aux domestiques. C'est à partir de 1945, sous l'influence de l'American way of life, avec l'émergence de la femme active (la « bourgeoise » cesse d'être une femme dite « au foyer »), que la cuisine change. Les appareils électroménagers facilitent la vie de la ménagère. L'homme participe de plus en plus aux tâches de la vie de famille. La cuisine qui était jusqu'alors rejetée dans un no man's land a droit de cité et rentre dans la sphère du public et du montrable. Elle s'intègre dans l'espace public par excellence qu'est le salon et la salle à manger, désormais scindés en un tout avec les cuisines dites « à l'américaine » qui donnent sur la salle de séjour. Un architecte d'intérieur : 91230 - ECOLOOKING http://www.architecte-interieur-dplg-91.com Voir toutes les newsletters : www.haoui.com Pour les professionnels : HaOui.fr |