Yan Tregger, le son des seventies 

Dans les années 70', Yan Tregger, musicien trompettiste, ne se prédestine pas à devenir l'un des artistes les plus emblématique de l'illustration sonore. Pourtant, aujourd'hui, ses albums sont très convoités par les "diggers" du monde entier qui n'hésitent pas à débourser des sommes importantes pour s'offrir le Saint Graal...

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Pour acquérir des vinyls de Yan Tregger 

A l'époque, personne ne faisait vraiment attention à tous ces disques qualifiés d'illustration sonore, d'ambiance musicale ou encore de musique pour l'image. La raison principale est simple : les pochettes étaient pauvres en crédits, les designs simplistes, voire inexistants (comme pour le label anglais KPM), et surtout, il n'y avait pas de promotion à l'attention du grand public. Impossible pour ces "artistes de l'ombre" de rencontrer le succès dans de telles conditions.

Yan Tregger débute dans ce milieu vers la fin des années 60'. Remarqué après quelques enregistrements pour des génériques d’émissions de télévision, on lui propose de composer son premier album. Il s’agit d’un petit label, le design de la pochette est sommaire  et les titres étranges... Aucun doute, nous sommes ici devant de l'illustration sonore ! Pourtant, à l'écoute, ça groove méchamment. L'album s'appelle "FREEZING POINT " et ne sera pressé qu’à… 300 exemplaires.

Son style fut rapidement remarqué par les professionnels du disque et Yan poursuivit sa carrière dans ce style pendant près d'une décennie. Le travail ne manque pas mais la gloire, elle, n'est pas au programme. Qu'importe ! Au fur et à mesure le compositeur, arrangeur et chef d’orchestre très prisé dispose de formations musicales plus étoffées et les limites de l'expression musicale laissées à son choix rendent son travail plus attractif.

Dans les années 70', de nombreux labels tels que Neuilly, Montparnasse 2000 ou le label Italien CAM font appel à lui, Un peu plus tard c’est la société Philips qui distribuera deux de ses disques les  « Major Symphony » viendra par la suite le label  Polydor pour les albums MBT SOUL, Gros succès International avec CHASE. Plus tard AIRPLAY label très connu des DJ s’intéressa à lui en éditant deux Single CD.

Ases toutes premières séances d’enregistrement Yan Tregger a la bonne idée, pour ses rythmiques, de prendre de jeunes musiciens bourrés de talent avec lesquels il se trouvait en osmose par le style et par l’esprit.                 Il se charge de la direction d’orchestre engageant  ponctuellement, selon ses inspirations d'autres musiciens (flutiste, saxophoniste puis pupitres de cuivres ou de cordes).

jusqu'à aujourd'hui, malgré l'intérêt que suscite sa discographie, aucune réédition n'avait vu le jour. Une faute qui vient tout juste d'être réparée grâce à la sortie d'une compilation que j'ai le plaisir de vous présenter.

Tout d'abord, commençons avec l'information principale ; La sélection des titres composant ce disque est le fruit d'une collaboration entre des collectionneurs et Yan Tregger lui-même et ce, après écoute d’une centaine de musiques du compositeur.

Les informations personnelles concernant cet artiste, ne sont pas légion sur la toile, ni même sur d'autres supports, mais nous sommes heureux d'apprendre que les années n'ont pas altérées l'amour qu'il porte à la musique.

Autant vous le dire maintenant, la sélection est riche et surprenante. La face A est plutôt Seventies avec un style pop instrumental et une ambiance psychédélique, tandis que la face B est plus rythmique et mélodieuse, elle correspond mieux aux ambiances disco funky des eighties.

Le premier morceau, "SUN ADORATION" était initialement sorti sur l'illustre label "Musique d'Illustration", un label obscur en 70 mais très prisé de nos jours. Le titre a été repris en 2005 par le super groupe anglais "STEREO MCS " sous l’appellation ‘SUN’ dans une version trip hop très sympa qui a cartonné au Royaume Uni. La version originale elle, est magistrale. La guitare est puissante et consistante, elle est accompagnée par un orgue, une basse et une batterie qui suivent la même logique, le tout est saupoudré de quelques voix scat. On continue avec, "MINERAL" et "FREELY STORIES" à la frontière entre pop psyché et groove envoutant, ceux qui aiment l'improvisation seront servis.

Pour les puristes et fin connaisseurs de l'illustration, la surprise vient après, avec deux inédits gravés à partir des bandes magnétiques originales ! Les titres "HUFF" et "AT THE FEET" devraient faire couler beaucoup d'encre tant il est rare de voir des sons de cette qualité ressortir après 40 ans passés au fond d'un tiroir.

Ils sont issus de l'album SARRAVHA qui n'a jamais vu le jour. Le premier morceau est du même acabit que SUN ADORATION, la flûte et la guitare y jouent des rôles prépondérants, le riff de guitare casse littéralement  la baraque. Le second titre commence par un beat singulier et très puissant, progressant sur 4 temps et suivi de près par des instrumentations très denses. J'avoue avoir perdu le contrôle dès la première écoute ! Les personnes les plus sensibles à ce style musical seront proches de l'exaltation... A noter la belle performance du saxophone ténor solo en fin de plage. Le titre est incontournable. La face A se termine avec "The crash" qui joue à merveille son rôle de transition.

En retournant le disque, ça commence très fort avec le titre "CATCHY" qui figure sur l'album du même nom de 1978. La rythmique disco synthétique est plus régulière, des percussions type Bongo accompagnent la mélodie. La première ballade du LP s'appelle "SLOW ZOOM", on y découvre toute la subtilité et la générosité du jeu des musiciens et du chef d’orchestre.

 Le morceau suivant est fréquemment joué par les DJ dans les Battles de B'boy, "THE GIRL IN GOLD" est un break haletant appuyé par un trio basse/batterie/guitare puissant et très rapide.

Comme beaucoup d'autres, Y. Tregger était influencé par les grands artistes soul  de l’époque comme James Brown, Marvin Gaye ou Barry White, c'est ce dernier qui l'influence directement sur l'album MAJOR SYMPHONY dont est issu "PROPHETIC SOUL", les arrangements font la part belle aux violons mais le titre conserve cependant un genre caractéristique. Les deux derniers titres sont issus des albums les plus rares de sa discographie avec notamment "HENNY" issu de l'album Timing 2 qui est un son soul-funk médium-tempo dans un style proche de la blaxploitation conféré par la guitare wah-wah, discrète mais très efficace, qui survole toute la plage.

"Black and blue", danse lascive et langoureuse, vient superbement clôturer le disque.

On regrettera dans ce disque l'absence de titres issus de l'album "SHIFTERS" que Y.Tregger avait composé et arrangé avec Jacky Giordano, un autre grand musicien de l'illustration sonore.

Souhaitons que ce premier OPUS ne soit pas le dernier car il y a encore beaucoup à découvrir dans les disques encore inédits conservés jalousement par YAN.

Vous l'avez compris, cette compilation est obligatoire : d'une part, elle est musicalement excellente et d'autre part, elle inclut deux inédits de haut vol.

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