Les sondages sont-ils fiables ?

Les sondages sont souvent critiqués. Le plus souvent parce qu’ils n’ont pas réussi à prédire l’avenir. Mais même en admettant que le  sondage n'est pas un outil de prédiction mais plutôt un une photographie de l’opinion à un instant t, on peut tout de même s’interroger sur la véracité  et la volatilité des réponses, sur leur fiabilité, sur les relations de proximité entre les instituts et le pouvoir…

Des réponses erronées 
Des sondés peuvent fournir des réponses erronées car :

- Ils n'ont pas d'idées formées sur les questions qu'on leur pose et ils répondent au hasard, simplement pour le privilège d'être sondé.

- Ils trouvent le questionnaire trop long, s'ennuient, pensent à autre chose et répondent au plus vite pour abréger l'exercice.

- Ils répondent en fonction des idées qui circulent dans leur entourage proche, suivant l'avis d'un leader d'opinion plutôt que leur propre expérience. Le phénomène déborde de la stricte question de l'opinion puisqu'il n'est pas rare qu'un sondé rapporte le comportement de quelqu'un de sa famille alors que c'est lui qui est interrogé. C'est pour prévenir ce phénomène que les questions commencent très souvent par vous, personnellement.

- Ils anticipent le résultat du sondage et répondent en fonction des résultats qu'ils aimeraient voir publiés.

- Ils n'assument pas face au sondeur la réalité de leur opinion ou de leur pratique et préfèrent déclarer quelque chose de plus consensuel.

Le recueil de l'information par les sociétés de sondage (qui se parent abusivement du titre d'institut) est sujet à caution. Ainsi, lorsque l'interviewé répond « je ne sais pas » il est alors sollicité avec insistance car l'enquêteur a pour consigne de « relancer » l'interviewé. Tout pourcentage obtenu résulte donc d'une addition où toutes les réponses ont la même valeur, qu'elles soient directes et données initialement ou qu'elles soient obtenues en forçant l'interviewé, réponses forcées qui accroissent la marge d'erreur.

La volatilité des réponses
En France, il existe un délai précédant une élection pendant lequel les sondages ne peuvent pas être publiés afin d'éviter que la publication du sondage ne vienne perturber le choix, en conscience, du candidat à élire. Ce délai fixé à une semaine par la loi de 1977 a été réduit à un jour (le samedi précédant le scrutin) en 2002.

L'exemple des sondages électoraux, qui ont l'avantage de pouvoir faire l'objet d'une vérification, montre que les déclarations sont susceptibles de connaître de fortes évolutions. Il met en lumière la fragilité de chiffres qui sont souvent présentés comme des indicateurs fiables d'une réalité sociale solide.

Qui plus est ces sondages électoraux, contrairement aux autres sondages aux méthodes plus éprouvées, se passent quasiment exclusivement au téléphone fixe. Or certains sondés se sont désabonnés pour ne garder que le téléphone portable, d'autres ne sont guère joignables ou sur liste rouge ce qui induit un biais supplémentaire, dit « biais de sélection ».

Fiabilité du résultat
En France, la polémique la plus importante concernant les sondages a eu lieu à la suite de leur incapacité à prévoir le résultat du premier tour de l'élection présidentielle française de 2002. Toutes les enquêtes d'opinion, y compris celles menées la semaine précédent le scrutin, prévoyaient sans ambiguïté un second tour opposant Lionel Jospin à Jacques Chirac. Finalement, c'est Jean-Marie Le Pen, et non pas Lionel Jospin qui a accédé au second tour. L'argument généralement avancé par les sondeurs est que les sondages sont une « photographie » de l'opinion, et non pas un outil de prédiction. On peut noter ici que les cabinets politiques des partis principaux, l'Élysée, l'Intérieur et Matignon ont des contrats leur fournissant des données par l'étude des variations et la discussion plus approfondie et élargie avec le panel contacté par tous les moyens. Ainsi Lionel Jospin aurait été prévenu de la montée de Jean-Marie Le Pen mais aurait refusé de changer sa campagne et montrer son affaiblissement.

Les législatives de 2007 ont montré la difficulté pour les entreprises de sondages de donner des estimations fiables lorsque le terrain d'études n'est pas national20. Les enquêteurs réalisent leurs sondages par rapport au débat politique national et aux leaders des partis politiques alors que ces élections obéissent à d'autres logiques plus locales. Enfin, la multiplication du nombre des terrains (il y a 577 circonscriptions pour une élection législative, contre un seul territoire pour la présidentielle) augmente les marges d'erreur.

Mise en cause des patrons des instituts de sondages
Certaines voix de divers bords politiques s'élèvent pour soupçonner une connivence entre les patrons des instituts de sondages, qui favoriseraient le score de leurs amis, et/ou de leurs plus gros clients. François Bayrou a, par exemple, raillé les instituts qui le plaçaient en dessous de Jean-Marie Le Pen le 20 avril 2007, alors qu'il a fait 8 points de plus (18,5 % contre 10,5 %) le soir du 1er tour, le 22 avril 2007. La semaine précédant le deuxième tour de l'élection présidentielle de 2007, Les instituts officiels donnent tous Nicolas Sarkozy gagnant avec entre 5 et 9 points d'écart avec Ségolène Royal, Alors qu'un petit institut, 3C Études, pratiquant la même méthode des quotas, aussi sérieusement, donne Nicolas Sarkozy à égalité avec Ségolène Royal.

Le groupe de l'entrepreneur Vincent Bolloré, ami proche du l'ancien Président Sarkozy, détient l'intégralité du capital de CSA-TMO tandis que l'actuelle présidente du MEDEF, Laurence Parisot, était présidente de l'IFOP. Plus généralement, ces dernières années ont été marquées par un mouvement de concentration des instituts de sondages, désormais détenus par de grands groupes financiers ou publicitaires.

Cependant, les sondages ont montré leur intérêt comme indicateur. Ils permettent une photographie à un instant donné et peuvent très utiles pour dresser un état des lieux afin de déterminer les actions à entreprendre de la façon la plus juste possible. Lorsque toutes les précautions sont prises, tant au niveau méthodologique, qu’au niveau du recueil des données ou de l’interprétation, les résultats obtenus peuvent être un puissant outil de pilotage.

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