L’Epreuve du feu

Hugo a 19 ans. Comme chaque été, il passe ses vacances sur une île atlantique, dans la petite maison familiale. Mais cette année est différente, Hugo s’est transformé physiquement et arrive accompagné de sa petite amie, Queen, une esthéticienne dont la verve et les longs ongles strassés détonnent avec la sobriété et la timidité du jeune homme. Rapidement, le couple devient l’objet de tous les regards.

Entretien avec Aurelien Peyre

D’où vient l’idée de L’Épreuve du feu ?

Le film vient d’un moyen métrage, Coqueluche, que j’avais tourné sur l’île de Bréhat. Le point de départ est le même, une fille qui rejoint son petit copain sur une île où il passe ses vacances depuis qu’il est petit, et comment le regard amoureux du garçon se transforme au contact de ses amis et de leur point de vue classiste. Je voulais refilmer cette histoire différemment, en donnant davantage de densité aux personnages que j’avais ébauchés.

Comment s’est passé l’écriture avec Charlotte Sanson, scénariste expérimentée ?

Elle est intervenue tardivement à un moment où je bloquais sur le scénario. J’avais croisé Charlotte plusieurs fois et je lui ai demandé une consultation. On a travaillé deux semaines ensemble, elle m’a fait des retours précis, on a mieux cerné le parcours d’Hugo. C’était court mais extrêmement bénéfique, notamment sur la structure. Elle m’a aidé à mieux percevoir et mettre en relief les enjeux du film.

Comment décririez-vous Hugo ?

C’est un personnage qui se construit activement une nouvelle identité. Il veut se débarrasser de son histoire passée, devenir une nouvelle personne, il fait du sport, amène une nouvelle copine… Hugo appartient à une génération où les jeunes hommes sont soumis à bien plus d’injonctions esthétiques que ceux des générations précédentes, notamment via les réseaux sociaux. Il est sujet à cette obsession du corps et de l’apparence, et finit par s’y perdre. Je souhaitais que tout au long du film, on se pose la question de son rapport à Queen, de ce qu’il veut vraiment, de qui il est vraiment. Ce n’est peut-être qu’à la fin qu’on l’entrevoit, lorsqu’il est tout seul et qu’il craque.

Malgré son évolution physique, on sent Hugo encore fragile, timide, incertain. D’ailleurs, il n’a pas trop envie de revoir la bande de copains de l’île.

Non, et c’est Queen qui l’incite à le faire. Elle lui donne le courage de faire face à son passé. Queen est pour lui comme la musculation : avec elle à son bras, il devient une autre personne. Queen est plus grande que nature, elle a les attributs de l’hyper-féminité, elle le valorise dans sa virilité.  

Comédie dramatique de Aurélien Peyre. 4 étoiles AlloCiné.