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La Disparition de Josef Mengele


Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, Josef Mengele, le médecin nazi du camp d’Auschwitz, parvient à s’enfuir en Amérique du Sud pour refaire sa vie dans la clandestinité. De Buenos Aires au Paraguay, en passant par le Brésil, celui qu’on a baptisé « L’Ange de la Mort » va organiser sa méthodique disparition pour échapper à toute forme de procès.

Entretien avec le réalisateur Kirill Serebrennikov :

Comment vous est venue l’idée d’adapter le livre d’Olivier Guez « La Disparition de Josef Mengele » ?

On me l’a proposé il y a assez longtemps, avant même que le roman ne soit traduit en russe, je l’ai donc découvert en anglais. Tout de suite, il y a quelque chose qui m’a intéressé dans l’idée de l’adapter, même si bien sûr la tâche était ardue… Que deviennent les criminels de guerre une fois que la guerre est terminée ? Est-ce qu’il y a une justice divine ?

Ces gens sont-ils rattrapés par leur passé ? La question du karma, du châtiment, de la justice… Tout ceci m’a toujours intéressé. De plus, ce livre d’Olivier Guez donne de la documentation et provoque l’imagination : il m’a permis d’imaginer beaucoup de choses, par exemple autour de la rencontre entre Josef Mengele et son fils, puisqu’on ne sait rien de ce qui s’est dit, il n’y avait pas de témoins.

Avez-vous collaboré avec Olivier Guez sur l’adaptation ?

J’ai travaillé seul sur le scénario, puis je l’ai présenté pour relecture à Olivier Guez qui a apporté quelques modifications et l’a validé. Pour moi, c’était important qu’il approuve ce scénario car il possède tellement bien le sujet, il a enquêté longtemps. de mon côté, j’ai lu tout ce qui a été écrit sur Josef Mengele, sur Auschwitz et sur la vie des nazis après la guerre.

Vous montrez aussi tous ceux qui l’ont aidé dans sa vie en Argentine, puis au Brésil…

Il y a la célèbre phrase de Sartre : « L’enfer, c’est les autres ». L’enfer, ce n’est pas seulement Mengele. c’était important pour moi de montrer tous les gens autour, ceux qui le cachaient, qui étaient payés pour le cacher ou l’exfiltrer quand ça devenait nécessaire. certains d’entre eux partageaient cette idéologie nazie, d’autres en profitaient pour de l’argent ou pour un certain confort que ça leur apportait. Le Mal, ce n’est pas seulement Mengele, ce sont aussi toutes ces personnes… beaucoup sont restées impunies.

De quelle documentation disposiez-vous pour reconstituer le monde dans lequel Mengele évoluait en Amérique du Sud ?

Il y avait très peu de documents visuels. Il reste quelques photos de Mengele à l’époque d’Auschwitz, ainsi que quelques portraits de lui en Amérique du Sud. Il nous a fallu inventer tout le reste. On a réuni toutes les informations qu’on pouvait avoir pour essayer de restituer l’atmosphère. Cette tâche s’est révélée particulièrement complexe, mais aussi assez enthousiasmante.

Un biopic adapté du roman d’Olivier Guez, prix Renaudot 2017. 3,6 étoiles AlloCiné.

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