
Les stablecoins, deuxième génération de crypto-actifs, sont susceptibles d'influencer l'efficacité de la politique monétaire. Les banques centrales ont intérêt à limiter l'impact de ces monnaies alternatives. Quels sont les mécanismes de perturbation ? Est-ce que l'euro numérique pourrait limiter ces effets ?
Les crypto-actifs adossés à des actifs stables (stablecoins) offrent une alternative à la monnaie publique émise par les autorités monétaires. L'adoption plus massive de ces monnaies gérées par des entreprises privées peut affecter l'efficacité des politiques monétaires. Un récent Bloc-notes Éco de la Banque de France, publié le 6 novembre 2025, apport un nouvel éclairage sur ce sujet.
La politique monétaire repose en grande partie sur la capacité des taux directeurs à influencer la quantité de monnaie en circulation, via les taux de marché et le crédit. Or, la part de monnaie sous le contrôle des banques centrales peut diminuer avec le développement des crypto-actifs. En devenant des moyens de paiement ou des réserves de valeur, ces actifs pourraient altérer la transmission de la politique monétaire.
Le développement des stablecoins, cryptos adossés à des actifs tangibles (devises, métaux précieux, comme le Tether USDT indexé sur le dollar ou le Tether Gold sur l'or), les rend plus attractifs et moins volatils. Des évolutions réglementaires récentes renforcent cette tendance : le Genius Act, adopté le 17 juin 2025 par le Sénat américain, et le règlement MiCA du 31 mai 2023 pour l'Union européenne obligent les émetteurs de stablecoins à détenir des réserves liquides équivalentes (obligations d'État...).
Une fuite de la monnaie traditionnelle vers les stablecoins peut affecter la transmission des décisions de politique monétaire par trois canaux principaux :
- les dépôts bancaires : les banques pourraient perdre des dépôts, ce qui augmenterait leurs coûts de financement, les rendant plus sensibles aux variations des taux directeurs ;
- la liquidité en monnaie de banque centrale : la demande de monnaie de banque centrale pourrait diminuer, rendant les marchés interbancaires moins dynamiques et moins réactifs aux mouvements des taux directeurs ;
- la demande d'actifs sûrs: les stablecoins étant souvent adossés à des actifs sûrs (bons du Trésor), une demande accrue pourrait faire monter leur prix et perturber le marché du financement bancaire.
Pour mieux comprendre les mécanismes réels, les auteurs du Bloc-note ont mené une étude empirique sur le marché américain et les interactions entre l'émission de Tether et la politique monétaire de la Réserve fédérale des États-Unis (FED) entre avril 2018 et décembre 2023. Les résultats révèlent des effets significatifs, mais très faibles, sur certains taux de refinancement bancaire. En revanche, aucun effet n'a été observé sur le taux EFFR (taux interbancaire américain au jour le jour), ni sur les rendements des bons du Trésor américains, suggérant que la FED conserve sa capacité à conduire efficacement sa politique monétaire.
Malgré ces conclusions, l'effet potentiellement perturbateur de l'utilisation croissante des stablecoins demeure. La création d'une monnaie numérique de banque centrale (MNBC), comme l'euro numérique, présenterait un double avantage selon les auteurs :
- une alternative digitale sûre : sans risque de défaut, elle pourrait limiter le recours aux monnaies alternatives du type stablecoin ;
- une régulation de la monnaie numérique : elle permettrait de mieux réguler la quantité de monnaie numérique émise.
Bien que la décision d'émettre l'euro numérique ne soit pas encore prise, la BCE a annoncé, le 30 octobre 2025 l'ouverture d'une phase de préparation technique.
Source : vie-publique.fr. Image : Pexels : DS stories
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