La Gnose : un ensemble de doctrines déviantes ? C’est ainsi que l’Église naissante la conçoit et combat. Mais l’histoire ne s’arrête pas là, car ce conflit, comme le montre André Paul, a été le moteur de la transformation du christianisme en Église.
L’implantation du christianisme en tant que philosophie étant chose acquise dès la première partie du IIe siècle, entre autres sous la forme d’un « Évangile » (Évangélion Christou), il allait prendre forme d’un corps social et cultuel, hiérarchique et dogmatique : « l’Église » (l’Ekklèsia Christou).
Alors que s’opérait cette transformation, les penseurs et maîtres de l’Église commencèrent à dénoncer en son sein des courants d’idées qu’ils condamnaient, les accusant de récupérer et de défigurer à leur avantage les principes de la gnosis (« connaissance »), et leur donnant pour cela le nom de « gnostiques », autre mot pour dire « hérétique ».
La riposte de l’Église à cet ennemi de l’intérieur engendrera l’« orthodoxie », l’âme d’une chaîne ouverte de formules intouchables, les « dogmes ». Les assauts gnostiques permettront ainsi, paradoxalement, au christianisme naissant de s’affirmer comme un corps social, uni par la profession d’un ensemble cohérent de croyances : l’Église.
Théologien et historien, André Paul est l’auteur d’une œuvre remarquée, en France et à l’étranger, à la jointure des religions et des civilisations, qui porte entre autres sur l’Antiquité judaïque, les manuscrits de la mer Morte, l’écriture et l’interprétation de la Bible.
André Paul est l’auteur de nombreux ouvrages : récemment, Le Christ avant Jésus (2021) et Paysan de la Rive droite (2023), ont été publiés aux Éditions du Cerf. Il vit à Paris.
Edition Cerf. 24€. 256 pages.