Une exposition sur les rites forestiers, longtemps différée, va se tenir au Musée de la Franc-Maçonnerie du Grand Orient de France, 16 rue Cadet à Paris, du 13 février au 21 septembre 2025.
On peut y découvrir des pièces exceptionnelles, pour certaines mythiques : non seulement le plus ancien document charbonnier connu à ce jour (1776), mais aussi le fameux Manuscrit des Fendeurs de Mâcon (1751), et bien d’autres surprises.
Autrefois les forêts n’abritaient pas seulement fées, saints, hors-la-loi ou chasses royales. Jusqu’au début du XXe siècle, y vivait également un peuple de travailleurs venus y prélever ou transformer la matière première de la civilisation : le bois. Fendeur et charbonnier étaient deux métiers essentiels de l’économie des sociétés anciennes. Leur travail procurait le matériau le plus présent dans la vie quotidienne et fournissait le charbon « de bois » nécessaire à la métallurgie, la verrerie, les faïenceries etc. Avant le basculement du XIXe siècle sur le charbon « de terre » issu des mines.
Longtemps l’activité s’exerce au plus près de la matière première, qui n’est guère transportable, c’est-à-dire au cœur même de la forêt (du latin foris, « dehors », c’est-à-dire extérieure à la société des hommes). Ces travailleurs des bois étaient souvent ostracisés et constituèrent des sociétés fraternelles pour faire face aux difficultés de la vie. Dans les régions forestières, celles-ci deviennent un élément familier de la culture populaire. La symbolique utilisée dans leurs rituels emprunte à leur cadre de vie et aux usages de leurs métiers.
Elle offre un curieux exemple de corpus initiatique lié au monde de la forêt. Un corpus qui suscite une résonance particulière dans notre époque devenue particulièrement sensible aux rapports de l’homme avec la nature.
Fenderie et Charbonnerie eurent un double destin. Au XVIIIe siècle, la franc- maçonnerie intégra certains groupes de fendeurs et leurs usages. Au XIXe siècle, leurs composantes les plus populaires se muèrent en Carbonari et participèrent à toutes les luttes politiques du « siècle des Révolutions », du complot des Quatre sergents de
La Rochelle en 1820 à la résistance au coup d’état de Napoléon III en 1851. Le visiteur pourra découvrir le mode de vie de ce « peuple de la forêt », aujourd’hui disparu, ainsi que les symboles et les rites initiatiques des Bons cousins, comme ils s’appelaient entre eux. L’exposition présente des pièces exceptionnelles – objets, tableaux et estampes, documents – qui témoignent de la vitalité des « Initiations forestières » et de cette culture populaire jusqu’au milieu du XIXe siècle.
Bienvenue dans ce voyage entre nature et symboles, franchissez la lisière et engagez-vous dans la forêt.
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