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Partir un jour 


Alors que Cécile s’apprête à réaliser son rêve, ouvrir son propre restaurant gastronomique, elle doit rentrer dans le village de son enfance à la suite de l’infarctus de son père. Loin de l’agitation parisienne, elle recroise son amour de jeunesse. Ses souvenirs ressurgissent et ses certitudes vacillent.

Entretien avec juliette Armanet

C'est un premier film et c'est auss la première fois que vous tenez le rôle principal. Comment vous êtes-vous préparée ?

Le film tourne autour de Cécile, mon personnage. C’est elle le noyau dur. C’était donc une grosse responsabilité pour moi, ce rôle principal. D’autant que je suis absolument de toutes les scènes, même celles où j’ouvre seulement une poignée de porte ! J’ai dû me battre avec plein de peurs, et surtout apprendre à m’abandonner, à lâcher prise, à laisser ce personnage entrer en moi. Changer de coiffure, de look, d’identité, oublier tout ce que je savais de moi, ce que j’avais construit : c’était un gros reboot ! Cela étant, j’ai beaucoup travaillé en amont avec un coach, aussi bien les textes que les chansons. Et peu à peu, je me suis libérée. Le tournage a été intense, il a duré deux mois et je me suis déployée au fur et à mesure, tout doucement. J’ai commencé à comprendre certains codes, à mieux me faufiler dans des contraintes techniques, à prendre de plus en plus de plaisir. C’était une sorte de baptême pour Amélie et moi, on a vraiment grandi ensemble. Son premier court métrage était aussi mon tout premier rôle au cinéma… C’est beau, on a passé plein d’étapes fortes main dans la main. Et puis j’aime beaucoup ce qu’elle est sur le plateau. Elle a un esprit d’équipe puissant, très fédérateur. Elle a à cœur de créer un plateau inclusif, une manière très moderne et indispensable de faire du cinéma.

A propos de préparation, Cécile, votre personnage, est une cheffe. Une «Top cheffe» même ! Vous avez l'air très à l'aise, mais est-ce si facile de passer du piano...à la batterie de cuisine ? 

Moins qu’il n’y paraît j’espère, car c’était un vrai rôle de composition ! Mon plat signature dans la vraie vie étant plutôt un paquet d’olives sur une planche apéro, on revenait de loin ! Mais Amélie ne voulait pas de doublure pour les scènes où l’on me voit préparer des plats. Impossible de tricher, car elle tournait ces moments-là en plan séquence ! Alors j’ai pris des cours avec une cheffe, Tatiana Levha, qui est également venue sur le tournage pour superviser les gestes techniques et la crédibilité des scènes. Le tablier, le costume aussi, m’ont bien aidée. J’ai adoré apprendre ce savoir-faire, cette science si précise des saveurs. J’y repense à chaque fois que je prépare un plateau apéro désormais.

Venons-en aux chansons qui jalonnent ce film musical. Parlez nous de ce drôle d'exercice qui consiste à passer du parlé au chanté comme si de rein n'était...

J’ai l’impression que c’est une chose que l’on pourrait faire dans la vie, non ? Si l’on osait… Et puis, parler c’est déjà chanter un peu. Il y a plein d’inflexions dans nos voix du quotidien. Oui, nos voix parlées sont déjà très musicales en vérité ! Là, on pousse juste un peu le curseur. Par ailleurs, j’ai la conviction profonde que plein de chansons parlent à notre place. Je veux dire par-là que beaucoup d’entre elles expriment bien mieux que nous ce que l’on a envie de dire ! Pourquoi, alors, ne pas dire en chanson ce que l’on a sur le cœur ? C’est sans doute le plus pertinent des dialogues.

Comédie dramatique de Amélie Bonnin. Séléction officiel du festival de Cannes. 3,8 étoiles AlloCiné.

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