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Les Musiciens


Astrid Thompson parvient enfin à réaliser le rêve de son père : réunir quatre Stradivarius pour un concert unique attendu par les mélomanes du monde entier. Mais Lise, George, Peter et Apolline, les quatre virtuoses recrutés pour l’occasion, sont incapables de jouer ensemble. Les crises d’égo se succèdent au rythme des répétitions. Sans solution, Astrid se résout à aller chercher le seul qui, à ses yeux, peut encore sauver l’événement : Charlie Beaumont, le compositeur de la partition.

Entretien avec Gregory Magne

 

Le film met en scène un quatuor à cordes, pourquoi avoir choisi plus particulièrement ce type de formation ?

En allant voir répéter des quatuors et en me plaçant au milieu d’eux, par exemple entre l’alto et le violoncelle, j’ai réalisé à quel point ce que les musiciens vivent et entendent du morceau qu’ils jouent est différent de ce que vit et entend l’auditeur ou le spectateur de concert. Du point de vue sonore, il y avait là une matière géniale pour faire exister les champs/contrechamps, les bascules de point, le découpage. Et puis, dans un quatuor, les questions d’équilibre entre les instruments et d’harmonie sont tellement présentes que c’était la formation idéale pour raconter l’histoire de personnes qui justement peinent à s’entendre.

Pourquoi avez-vous pensé à Valérie Donzelli dans le rôle de cette fille dévouée à un père défunt ?

Rendre la riche héritière d’un multimillionnaire immédiatement sympathique et touchante n’avait rien d’évident. Je trouvais que Valérie Donzelli incarnait tout le raffinement que l’on attribue à cette classe sociale, mais sans une once de prétention ou de dédain. Et surtout une grande fantaisie. Immédiate et constante. Une capacité permanente à surprendre. Lorsqu’elle débute une prise, on ne sait jamais où elle va aller. Elle aime proposer, se lancer, et voir comment les choses se passent. Ce côté hors sol du personnage racontait aussi un endroit particulier du deuil. Quand, après quelques mois, tout le monde revient à ses préoccupations et que vous, vous continuez à avancer amputé de quelque chose d’essentiel. Dans sa manière de contenir son émotion, de mettre de l’huile dans les rouages pour que le concert se fasse ou d’exploser soudain, Valérie raconte parfaitement cette fragilité émotionnelle-là.

Comment avez-vous travaillé le son du film, justement ?

Ce qu’exigeait le scénario du point de vue du son constituait un vrai défi. J’ai eu la chance que des techniciens de tout premier plan soient excités par ce défi. Nicolas Cantin et Daniel Sobrino pour le tournage, Fanny Martin pour le montage, Olivier Goinard pour le mixage. Les premières fois où on s’est posés à une douzaine de personnes autour d’une table pour savoir comment on allait fabriquer ce son, nous avions beaucoup plus de questions que de solutions. Il fallait récupérer le direct, mais pouvoir au final mixer indépendamment le niveau de chaque instrument ; il fallait enregistrer la musique, mais aussi les dialogues, les sons de doigts, de manipulation ; il fallait que les comédiens jouent, prise après prise, exactement la même chose dans le même tempo, etc. Dès l’écriture, j’espérais que ce que la musique allait exiger de nous tirerait l’équipe vers le haut. Ce fut le cas pour tous, au tournage comme en post production. D’un bout à l’autre, ce fut une harmonie totale. Raconter l’histoire de personnages qui échouent à cause de leurs egos, ça aide peut-être à accorder les siens.

Comédie dramatique de Grégory Magne. Propos recueillit par Anne-Claire Cieutat. 4 étoiles AlloCiné.

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