Haoui.com

L'Amour c'est surcoté


Diagnostiqué “nul avec les meufs” depuis son plus jeune âge, Anis mène une existence charnelle placée sous le signe du calme plat. Trois ans jour pour jour après la perte d’Isma, son meilleur ami et mentor, il prend son courage à deux mains et se décide enfin à sortir faire de nouvelles rencontres. Sauf qu’en abordant Madeleine, Anis ignore que débute une grande aventure. Un truc inattendu. Un truc qui s'appelle “l’amour”.

Entretien avec Mourad Winter

Le roman « L’amour est surcoté » (édité chez Robert Laffont) comportait déjà une forme de découpage cinématographique avec des indications d’intérieur, d’extérieur, d’horaires, de situation…

L’avantage de la littérature, c’est que le lecteur se fait ses propres images. Donc, sans le vouloir, t’es co-réalisateur. J’avais envie d’avoir une certaine maîtrise sur ce co-réal qu’on m’impose. Et c’est pour cette raison que j’écris à la première personne. J’aime que le lecteur réfléchisse comme le personnage principal, le comprenne, même s’ils sont très différents, qu’il vive les scènes, soit dans sa tête, sans pour autant lui imposer les décors. Ça c’est son problème (rires). 

Comment s’est passée l’adaptation du roman ?

J’ai commencé avec une grande version comprenant tout ce que j’aimais dans le roman et me suis retrouvé avec 220 pages de scénario… alors que le livre en fait 280 (rires). Du coup, j’ai tout réécrit comme si ces 220 pages n’existaient pas. Trois mois de boulot mis de côté. J’ai choisi alors de me focaliser sur le personnage d’Anis, sur ce que je voulais raconter de lui, tout en gardant l’idée initiale du roman, à savoir traiter la tridimensionnalitéde l’amour : le couple, la famille et les amis. Ce qui m’a conduit à redécouper entièrement mon livre.

Dans votre film vous parlez pour mieux vous les brocarder de masculinité toxique, d’homophobie, de transphobie, de racisme et d’antisémitisme. Pensez-vous que l’humour ait cette responsabilité d’être engagé dans son époque ? Peut-il ou doit-il être politique ?

Moi j’ai toujours été très à gauche, parce que j’ai baigné dedans et ça fait partie de mes valeurs mais j’ai pas l’impression que mon humour soit orienté politiquement. C’est juste un humour qui pointe les incohérences. Par contre, oui, on a une responsabilité. Dans toute forme d’art il y a le poids de la responsabilité dans le message que tu délivres. Le réalisateur, l’humoriste… mais ce n’est pas seulement propre aux artistes. Le charcutier, le député… eux aussi ont une responsabilité : celle de ne pas souffler sur les braises. Et plutôt que de faire de nos différences un sujet, je préfère rassembler des individus qui vivent bien ensemble et leur raconter nos quotidiens.

Comédie, Romance de Mourad Winter. Propos recueillit par Laurent Renard. 3,7 étoiles AlloCiné.

">