À la suite d’un accident de voiture, Suzanne perd la garde de ses trois enfants. Elle n’a plus le choix et doit se soigner dans un centre pour alcooliques. À peine arrivée, elle y rencontre Alice et Diane, deux femmes au caractère bien trempé… Denis, éducateur sportif, va tenter de les réunir autour du même objectif : participer au rallye des Dunes dans le désert marocain. Il devra s’armer de beaucoup de patience et de pédagogie pour préparer cet improbable équipage à atteindre son objectif.
ENTRETIEN AVEC ELSA BENNETT ET HIPPOLYTE DARD
Elsa Bennett : Faire ce film était une nécessité. Je souhaitais traiter le sujet de l’alcoolisme des femmes afin d’essayer de les aider à sortir du silence et avoir l’espoir d’entrouvrir une porte sur ce tabou qui perdure alors qu’il s’agit, en réalité, d’un véritable enjeu de santé publique. Au cours de ma vie, j'ai été personnellement impactée par des événements liés à l'alcoolisme de femmes de mon entourage proche, ce qui a déclenché mon besoin d’en parler. La spécificité de l’alcoolisme féminin est qu’il est très souvent vécu dans la honte, la culpabilité et donc dans le silence. Encore trop de femmes ne parviennent pas à se faire aider car la pression sociale, professionnelle et familiale est trop forte. Ainsi, le sujet reste très sensible, en particulier pour les mères de famille.
Hippolyte Dard : L'alcool est effectivement quelque chose de très présent dans les familles, y compris dans la mienne. En nous penchant sur le sujet, nous avons constaté qu’il y a eu des films sur l’alcoolisme au masculin, et pratiquement aucun sur les femmes et l’alcool.
EB : Ni les familles, ni la société ne veulent ouvrir les yeux sur les femmes en souffrance. Tous les témoignages que j’ai recueillis, le confirment. Un grand nombre de femmes se sentent très seules face à leur addiction. Dans le but d’approfondir le sujet, nous avons consulté Laurence Cottet, ancienne alcoolique qui donne aujourd'hui de nombreuses interviews et des conférences sur la manière dont elle s'en est sortie. Elle nous a permis d'accéder aux centres d’addictologie, afin de rencontrer des femmes qui se sont portées volontaires pour témoigner. Nous avons découvert des personnes qui avaient parcouru un immense chemin, souvent semé d’embuches, car le côté légal de l’alcool rend plus difficile l’abstinence, une fois sorties du centre. C’est un véritable combat à mener pour ne pas céder à la tentation. L’alcool est partout et il est socialement très difficile de se positionner en dehors de la consommation. Lors de ces rencontres avec ces femmes, j’ai surtout saisi la dimension de la maladie alcoolique qui avait pris le dessus sur leur volonté de s’en sortir. C’est un long travail pour chacune d’entre elles de saisir la complexité du système de l’addiction. Quelles en sont les causes et comment s’en sortir. Cette immense solitude, il fallait la rompre en la racontant, en la filmant.
HD : On avait tout de suite imaginé Valérie Bonneton pour jouer Suzanne, cette mère de famille, veuve totalement dépassée par la vie. Valérie possède cette palette de jeu très nuancée qui va du drame au sourire possible, elle sait pousser son visage, son regard à s’abandonner face à un quotidien intenable. En ce qui concerne Michèle, elle nous a dit : « Je ne peux pas passer à côté de ce sujet-là ». Et Sabrina possède un phrasé naturel très énergique qui correspond à un personnage ivre de sa propre nervosité comme l’est Alice.
Comédie dramatique de Elsa Bennett, Hippolyte Dard. 4 étoiles AlloCiné.