Dans un rapport qui vient d'être publié, la Cour des comptes dresse un premier bilan budgétaire des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, révélant une dépense publique de près de 6 milliards d’euros, marquée par un pilotage incertain, une transparence limitée et l’absence d’évaluation des retombées économiques futures.
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Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, bien qu’ayant connu un succès populaire et organisationnel, apparaissent, d’après la Cour des comptes, comme un événement dont la gestion financière publique souffre de nombreux dysfonctionnements. Derrière l’apparente rigueur du cadre budgétaire global se dessinent en réalité des lacunes notables de pilotage, de transparence et d’anticipation, sans évaluation crédible des bénéfices futurs.
Le coût public des JOP 2024 est évalué à 5,96 milliards d’euros, soit 2,77 milliards pour l’organisation et 3,19 milliards pour les infrastructures. Mais cette estimation, au 31 mars 2025, est encore incomplète : les juridictions régionales des comptes n’ont pas achevé l’analyse des dépenses des collectivités locales, et certaines données manquent encore pour l’État.
Pire encore, de nombreuses dépenses de sécurité, de transport ou de gouvernance n’ont pas été anticipées dans les lois de finances, révélant un manque de rigueur dans la planification budgétaire. Ainsi, les dépenses de sécurité, qui représentent à elles seules 1,44 milliard d’euros, n’ont fait l’objet d’aucun fléchage clair jusqu’aux derniers mois. Les prévisions ont été revues à la hausse de manière improvisée, traduisant une gestion chaotique.
La Cour note que les dépenses exceptionnelles en personnel (primes, renforts temporaires) ont été décidées dans l’urgence, souvent en réponse à des tensions sociales (policiers, douaniers, etc.), avec peu de pilotage centralisé. Il en résulte des surcoûts difficilement maîtrisables et une chaîne décisionnelle affaiblie.
L’approche retenue par la Cour consiste à comptabiliser toutes les dépenses brutes, sans tenir compte des retombées économiques ou des éventuelles recettes. Toutefois, même cette approche reste peu lisible pour le grand public. Les chiffres sont éclatés entre de nombreux acteurs (État, COJOP, Solideo, collectivités, opérateurs publics), sans synthèse consolidée accessible facilement.
Par ailleurs, les exonérations fiscales dont bénéficient les organisateurs n’ont pas été évaluées. L’administration fiscale a indiqué qu’« aucune estimation globale n’est prévue pour l’instant », ce que la Cour qualifie d’« insatisfaisant ». Ce manque de transparence empêche de mesurer l’effort total consenti par la collectivité.
Le même flou entoure le plan "baignade" de la Seine, préparé pour accueillir les épreuves en eau libre. Bien que ciblé pour les JO, son coût (entre 200 M€ et 1 Md€) n’est pas inclus dans le chiffrage officiel. Cette hésitation méthodologique illustre la difficulté à distinguer les dépenses réellement imputables aux Jeux de celles relevant de politiques publiques plus larges, ce qui affaiblit la lisibilité budgétaire.
L’autre point noir du rapport est l’absence d’évaluation rigoureuse des retombées économiques, fiscales ou sociales des investissements réalisés. Si certains projets (villages olympiques, infrastructures sportives, transports) sont censés produire des effets à long terme, aucun chiffre n’est avancé sur leur rentabilité, leur fréquentation future, ou leurs retombées fiscales attendues.
Les revenus futurs de l’héritage olympique sont simplement évoqués de manière qualitative. Par exemple, la reconversion des villages en logements ou la réutilisation des équipements sportifs est présentée comme vertueuse, mais sans évaluation précise des coûts d’entretien futurs, de leur gestion, ni de leur taux d’occupation anticipé.
De même, l’impact touristique ou en notoriété est suggéré mais non mesuré, alors même que ce type d’effet est souvent surestimé dans les projets olympiques passés. La Cour insiste sur la nécessité d’un suivi de long terme, mais aucun indicateur de performance n’est encore défini.
En définitive, les JO 2024 auront mobilisé près de 6 milliards d’euros d’argent public dans un cadre marqué par l’improvisation budgétaire, l’éclatement institutionnel et le manque d’évaluation rigoureuse. Les bénéfices futurs espérés relèvent davantage d’un pari que d’une projection fondée, et la Cour des comptes appelle explicitement à renforcer le suivi, la transparence et l’évaluation des effets de cet événement majeur sur les finances publiques.
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