Le dernier Eurobaromètre (publié le 15 décembre) révèle un basculement profond de l'inquiétude française : les préoccupations sont désormais massivement centrées sur l'économie et le budget de l'État. La hausse des prix (36 %, +3 points) s'impose comme le souci majeur, indissociable d'une peur structurelle concernant la dette publique (24 %, + 4 points) et la situation économique générale (23 %, + 7 points).
Ce trio monétaire et budgétaire mobilise plus de la moitié de l'opinion, reléguant les enjeux traditionnels comme la sécurité ou l'environnement au second plan. Ce signal fort, traduisant une crise de légitimité politique sur la gestion financière, interroge directement la stabilité du futur environnement des affaires.
Ce n'est plus seulement la difficulté personnelle face à l'inflation qui préoccupe, mais bien la solidité de l'édifice national. L'insolente deuxième place de la dette publique dans le classement des angoisses signale que les Français s'interrogent sur un problème d'ordre "régalien" : la soutenabilité des comptes nationaux.
Alors que le déficit est estimé à 115 % du PIB, les citoyens expriment que les difficultés individuelles ne sont pas de simple fait conjoncturel, mais résultent d'un déséquilibre structurel profond de la nation.
Le contexte d'instabilité politique (marqué par les récents changements de gouvernement) place la réduction du déficit au cœur de l'agenda parlementaire. La crédibilité du gouvernement est désormais jugée sur sa feuille de route budgétaire pour 2026. Cela implique que les entreprises doivent anticiper un environnement potentiellement contraint, avec des risques accrus de :
- Mesures d’austérité ou de coupes budgétaires.
- Éventuelles réformes fiscales visant à combler le déficit.
Un paradoxe majeur émerge : 86 % des Français se déclarent « satisfaits de leur vie » personnelle (cercle proche, emploi stable, etc.). Pourtant, cette satisfaction individuelle cohabite avec un fort pessimisme pour l'avenir économique du pays.
Cet écart entre confort personnel et peur collective se traduit par un coût politique élevé : l’Eurobaromètre observe une corrélation directe entre cette inquiétude économique et une défiance marquée envers les institutions. La satisfaction à l’égard du fonctionnement de la démocratie devient minoritaire.
De plus, la France enregistre le niveau de confiance le plus faible envers l'Union européenne, avec seulement 27 % (loin de la moyenne des 27 États membres à 48 %).
Ce faible niveau de confiance signifie que l'efficacité de l'Union, et des mécanismes politiques en général, est dorénavant jugée sur sa capacité à délivrer des bénéfices économiques tangibles aux ménages (stabilisation des prix, pouvoir d'achat). Pour les dirigeants, cela se traduit par un besoin accru de résilience face à un climat social tendu et incertain.
L'obligation de prendre en compte un environnement réglementaire et politique plus volatile, où les décisions peuvent être rapidement remises en cause par l'opinion publique ou des crises gouvernementales.
À retenir : L'Eurobaromètre confirme que l'enjeu du pouvoir d'achat a été agrégé à celui de la dette publique pour former la préoccupation numéro un des Français. Ce cocktail de prix élevés et d'inquiétude budgétaire est le principal moteur de la défiance politique actuelle, signalant que l'horizon de stabilité économique dépendra de la capacité de l'État à gérer la soutenabilité de ses comptes.
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