Simone, une flic aux idées conservatrices, est infiltrée dans un collectif féministe, les «Hardies». Elle enquête sur les militantes qu'elle soupçonne de complicité dans le meurtre d'un mari violent. A leur contact, Simone s'ouvre progressivement aux idées féministes. Seulement voilà, sa couverture est mince. Et les "Hardies", devinant qu'il y a une taupe parmi elles , se mettent à la soupçonner. Pour détourner l'attention et se sortir de ce mauvais pas, Simone ne trouve rien de mieux que d'accuser au hasard un homme de l'avoir agressée sexuellement. Or, Paul, cet homme qu'elle accuse, un comédien raté qui vit dans l'ombre de sa femme, est le plus doux et le plus inoffensif des hommes. Simone, catastrophée de ce qu'elle a fait, tente de réparer sa faute, mais c'est trop tard : l'accusation devient publique et Paul une cible du collectif.
C’était très important pour moi que ce groupe soit attachant, qu’on soit avec elles, y compris dans la comédie. Elles ont des défauts, elles sont parfois ridicules, mais j’espère que chacun pourra s’identifier à elles, qu’il s’agisse du personnage joué par Melha Bedia, cette jeune femme fragile, qui veut bien faire et fait mal, ou de celui de Judith Chemla, qui ne peut pas s’empêcher d’être une chef, ou des autres. J’aime écrire les scènes de débat comme celle où elles réfléchissent à l’action à mener contre les flics et en viennent à l’idée des brebis. C’est un moment où chacune réagit selon son caractère, ce qui provoque de la comédie de personnages.
Quand on commence à écrire un scénario, on n’a pas à être prudent. Je dirais même que l’on doit être imprudent. J’écris souvent pour me choquer moi-même. Quand nous avons écrit Le Nom des gens, nous nous sommes souvent dit avec Baya que nous ne pouvions pas faire un film qui dévoile à ce point nos familles. C’était très risqué pour nous. Un risque intime. Et après, je me force à ne pas trop réfléchir à la sortie du film quand je le fabrique. On ne fait pas un film pour plaire aux critiques, mais pour exprimer un point de vue sur le monde. De toutes façons, il y aura toujours des gens pour dire «mais vous êtes fous, là, comment pouvez-vous dire ça ?» Nous avions beaucoup de discussions lors du montage, sur certaines phrases, qu’il fallait ou non couper, qui risquaient de choquer. Mais c’est toujours intéressant de faire dire par des personnages des choses interdites, car cela crée de la pensée et du débat. A l’intérieur de mon film, des points de vue différents sont exprimés par différents personnages, à chacun de savoir de qui il se sent le plus proche, ou le plus loin. Un film n’a pas à être irréprochable moralement, pour moi, un bon film doit produire du débat, de la pensée, en plus du plaisir bien sûr.
Elle a tout de suite accepté. C’est quelqu’un qui aime prendre des risques. Elle est tellement fine, intelligente… Je ne la connaissais pas avant, mais j’ai été totalement à l’aise avec elle car je savais très bien qu’elle comprenait exactement ce que je voulais faire. Nos discussions ont surtout reposé sur des questions de curseurs, de sympathie et d’antipathie du personnage. Léa n’a pas peur d’endosser des personnages qui ont des défauts. Et je crois que, comme nous toutes et tous, ces thématiques de #metoo la travaillent beaucoup. En particulier à la place qu’elle occupe en tant que comédienne. On a beaucoup discuté de la scène clé où elleaccuse Paul, quel est son degré de conscience dans ce qu’elle fait, ou d’inconscience ? Il ne fallait surtout pas qu’on se dise qu’elle a calculé son mensonge, mais qu’elle l’improvise pour sauver sa peau. La conscience de la gravité de ce qu’elle a fait vient après. Léa a vraiment pris le film à bras-le-corps. C’est quelqu’un qui écoute et qui réagit à ce qu’on peut dire en proposant tout de suite des choses différentes. Léa possède une palette très étendue, mais c’est une évidence de le dire. Elle rend Simone très attachante dans son itinéraire. C’était crucial parce que le film est d’abord l’histoire de Simone. Et puis, je crois que ça l’amuse de faire de la comédie, genre dans lequel elle est extrêmement précise.
Comédie dramatique, Policier de Michel Leclerc. Séléction officiel du festival de l'Alpes d'huez 2025. 3 étoiles AlloCiné.