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Une vie rêvée


Nicole a une vie de rêve. À 52 ans, elle vit dans une cité HLM de banlieue avec son fils de 19 ans, Serge, qui ne la supporte plus. Endettée et sans emploi, elle se voit retirer chéquier, carte bleue, et ses rides se creusent sans qu’elle ne puisse rien y faire. Et si, à l’approche de Noël, la vie se décidait enfin à lui sourire ?

ENTRETIEN AVEC MORGAN SIMON

Votre premier long-métrage, COMPTE TES BLESSURES, évoquait une relation père-fils. Pour ce deuxième long, c’est la mère, déjà présente dans vos courts-métrages, qui est au centre. D’où vient ce besoin d’évoquer la figure maternelle ?

En grandissant, on regarde ses parents différemment. J’ai pris conscience du parcours de ma mère et j’ai voulu questionner ce qu’elle a vécu. Cela avait un sens intime bien sûr et c’était aussi un angle qui me semblait pertinent pour questionner plus largement notre société. Je crois que mon but ultime c’était aussi de rendre ma mère immortelle. Elle apparaissait dans un de mes courts-métrages, RÉVEILLER LES MORTS, comme un fantôme. C’était l’histoire de deux frères qui faisaient réapparaître leur mère disparue grâce à une potion magique qu’ils avaient trouvée sur Internet. Déjà, j’avais cette nécessité-là, cette envie de fixer cette figure pour toujours.

Le film s’inscrit dans la chronique du quotidien et est centré autour de ce portrait de femme, de mère. Comment avez-vous travaillé l’écriture du scénario ?

Oui, c’est vraiment un portrait de cette mère. Durant dix ans, j’ai accumulé plein d’idées, des dialogues, des choses que pouvait dire ma mère et qui me semblaient vraiment uniques ou drôles. Lorsque j’ai décidé de faire le film, finalement, réécrire tout ça a été assez naturel. J’accumulais les éléments dans un fichier et, au bout d’un moment, j’ai senti que ça prenait forme et l’écriture a été assez intuitive. La rencontre importante a été celle avec les équipes de Wild Bunch alliées à Fanny Yvonnet qui avait produit deux de mes courts-métrages. Ça s’est tout de suite emboîté et on s’est lancés avec beaucoup de croyance dans ce film et d’enthousiasme.

Il y a un aspect conte dans ce film, comment l’avez-vous abordé ?

Le film a un côté conte oui, comme l’évoque son titre. Le personnage de Nicole a quelque chose de fantaisiste, de rêveur et de maladroit que j’ai aimé travailler, un peu comme dans une comédie italienne. J’aime ces personnages de losers quelque peu décalés qui finissent par devenir des héros que la lumière et le destin attirent à eux. Je vois Nicole comme une fleur presque fanée qui se remet à bourgeonner et qui finit par s’épanouir. C’était assez émouvant à voir pendant le tournage. Je me souviens que, pendant la scène de danse sur la musique de Dalida entre Norah et Nicole, j’étais ému pour Nicole, je trouvais que c’était vraiment beau ce qui lui arrivait, de la voir se rouvrir aux autres, comme les pétales d’une fleur touchés à nouveau par le soleil. J’ai senti la métamorphose au cours même du tournage. UNE VIE RÊVÉE se passe au moment des fêtes de fin d’année et il y a un peu de cette magie des films de Noël que j’affectionne beaucoup. Ça donne au film un côté conte social qui raconte aussi l’idée d’une revanche sur la vie.

Votre mère a-t-elle vu le film ? Qu’en a-t-elle pensé ?

Ma mère est ma première fan ! Elle voit tous mes films en fin de montage image, et ce sur son petit ordinateur. Cela a été pareil pour UNE VIE RÊVÉE. Le film l’a émue, elle a trouvé Valeria et les acteurs incroyables, elle a trouvé qu’il était très fort émotionnellement. Après bien sûr, elle est un peu gênée de montrer tout cela de sa vie, cette période de galère pour elle ne la définit pas, et elle trouve que sa déco était bien meilleure ! 

Une anecdote de tournage ?

À la fin de la première semaine de montage, on dérushait avec ma monteuse, Marie Loustalot, la scène de dispute de Noël où les acteurs se hurlent dessus, cassent des choses. Au bout d’un moment, on entend frapper très fort à la porte de la salle de montage qui était située dans un immeuble. J’ouvre la porte et tombe nez à nez avec trois policiers. J’ai tout de suite compris pourquoi ils étaient là ! Je leur ai dit que nous montions un film, ils sont restés figés quelques secondes, m’ont demandé s’ils pouvaient venir vérifier. Ils sont entrés avec tout leur attirail, ont vu la scène entre Valeria et Félix, et sont restés sans voix. Je leur ai dit que ça devait être crédible comme scène alors, l’un d’eux m’a répondu que oui. Ils étaient abasourdis et en même temps tellement soulagés que ce ne soit qu’une scène de film, car ils avaient fait tout l’immeuble. Ils entendaient hurler depuis des conduits d’aération sans comprendre d’où cela venait et pensaient que c’était vraiment grave. Ils ont pris le nom du film et sont partis, encore hallucinés. Je suis allé m’excuser auprès des voisins qui les avaient appelés, ils étaient eux aussi soulagés et nous ont incité à continuer. Avec ma monteuse, on était sidérés et hilares en même temps, on s’est dit qu’on devait être sur la bonne voie !

Comédie dramatique de Morgan Simon. Propos recueilli par Monica Donati. 3,5 étoiles AlloCiné.

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