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Prodigieuses


Claire et Jeanne, jumelles pianistes virtuoses, sont admises dans une prestigieuse université de musique dirigée par l’intraitable professeur Klaus Lenhardt. Elles portent ainsi l’ambition de leur père qui a tout sacrifié pour faire d'elles les meilleures. Mais, une maladie orpheline, fragilise peu à peu leurs mains, et compromet brusquement leur ascension. Refusant de renoncer à leur rêve, elles vont devoir se battre et se réinventer pour devenir, plus que jamais, prodigieuses. D’après une histoire vraie.

ENTRETIEN AVEC FRÉDÉRIC & VALENTIN POTIER 

Comment vous est venue l’envie d’adapter au cinéma l’histoire vraie des sœurs Audrey et Diane Pleynet, pianistes jumelles victimes d’une maladie orpheline ?

Valentin Potier : Nous les avons rencontrées il y a six ans autour d’un café par l’intermédiaire d’un ami commun. Elles avaient entendu parler de notre travail, vu nos courts-métrages. La discussion a duré trois heures au cours desquelles elles nous ont confié l’histoire de leur vie.

Frédéric Potier : En les écoutant, on imaginait des scènes de cinéma. Comme, par exemple, ce moment où elles se retrouvent seules sur la scène de l’opéra. Elles jouent quelques notes avec leurs mains abimées, et comprennent d’un seul regard que la musique est toute leur vie. Nous avons alors immédiatement pensé qu’il fallait en faire un film.

Valentin Potier : Le message de résilience que ces jumelles d’une quarantaine d’années nous délivraient était magnifique. Leur dignité dans l’adversité était admirable et elle nous a vraiment touché.

Qu’est-ce qui est fidèle à la réalité, qu’est-ce qui est imaginé ? La temporalité et la dramaturgie de l’histoire ?

Valentin Potier : Le film est fidèle à notre ressenti du premier jour, à ce qu’elles ont vécu. Bien sûr il y a notre vision de cette fiction qui nous a amenés à rajouter quelques petits éléments personnels, à romancer certains faits tout en étant respectueux de leur vérité.

Frédéric Potier : La découverte de leur maladie, la mise au point de leur technique de jeu, tout cela a pris beaucoup de temps. Notre film est concentré sur une année quand la maladie se révèle mais il montre l’essence-même de leur histoire.

Aviez-vous vu le documentaire de Nils Tavernier, LE MYSTÈRE DES JUMEAUX, dans lequel elles figuraient ?

Valentin Potier : Par bribes, et plutôt pour comprendre la technique de jeu qu’elles ont imaginée. Parce que c’est un vrai mystère.

Frédéric Potier : Ayant décidé de construire une fiction à partir d’une histoire vraie nous ne voulions pas être influencés. Mais, sur cette technique de jeu, les sœurs nous ont nourri en nous confiant des vidéos personnelles.

Ont-elles été impliquées d’une façon ou d’une autre dans le film ?

Valentin Potier : Nous avons échangé durant une année avec elles. Elles ont écrit à notre intention un millier de pages sur leur vie, de leur naissance à aujourd’hui.

Frédéric Potier : Elles écrivaient en tapant avec un stylo sur les touches d’ordinateur pour ne pas se faire mal aux articulations des mains. On sentait qu’elles avaient un besoin de se livrer.

Valentin Potier : Cela a constitué une masse d’informations avec des centaines d’anecdotes et notre travail a été de faire le tri et d’en tirer une histoire. L’important étant d’être fidèle à ce qu’on avait aimé lors du premier rendez-vous, ce qui nous avait ému...Elles n’ont jamais lu le scénario, elles nous ont fait confiance. Elles auraient pu avoir la tentation légitime de vouloir tout raconter et il aurait fallu six heures de film.

Biopic, Drame de Frédéric Potier, Valentin Potier. Propos recueilli par Camille Madelaine et Audrey Le Pennec. 3,9 étoiles AlloCiné.

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