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Premiers résultats de la grande enquête nationale « Contexte des sexualités en France 2023 »


La quatrième enquête scientifique nationale sur la sexualité

Une première enquête scientifique sur les comportements sexuels des Français avait été menée en 1970 auprès de 2 600 personnes par Pierre Simon et son équipe (Simon 1972). Elle a été suivie en 1992 de l’enquête « Analyse des comportements sexuels en France », menée auprès de 20 000 personnes, sous la responsabilité d’Alfred Spira et Nathalie Bajos (Inserm), puis de l’enquête « Contexte de la sexualité en France » réalisée en 2006 auprès de 12 000 personnes sous la responsabilité de Nathalie Bajos et Michel Bozon (Ined) en 2006. Les deux dernières enquêtes, initiées et financées par l’Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS) ont donné lieu à de nombreuses publications (Spira et Bajos, 1993, Bajos et al. ; 1998, Bajos et Bozon 2008). Les résultats ont contribué à guider l’élaboration des politiques de santé sexuelle, notamment en matière d’infection par le VIH. La nouvelle enquête « Contexte des sexualités en France » (CSF-2023) a nécessité 5 années de travail. Initiée à l’automne 2019, son calendrier a été retardé par la pandémie de Covid-19. Ce document est la première présentation de la méthodologie et des premiers résultats. Ils sont présentés pour la France hexagonale.

Les objectifs de la recherche CSF-2023

Les transformations de la société française au cours des dernières décennies, tant sur le plan social et juridique, qu’économique et technologique, ont eu une incidence sur les représentations et les pratiques dans le domaine de la sexualité et de la santé sexuelle. Des changements importants sont survenus depuis la dernière enquête de 2006. Les sexualités sont structurées par de nombreuses institutions et acteurs sociaux, elles sont encadrées par des normes sociales ; elles évoluent donc dans le temps. Dans l’enquête CSF-2023 comme dans les précédentes éditions, les sexualités sont étudiées selon trois composantes que sont les pratiques, les relations et les représentations. composantes que sont les pratiques, les relations et les représentations.

La santé sexuelle quant à elle est définie par l’OMS comme “un état de bien-être physique, mental et social qui requiert une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles qui soient sources de plaisir et sans risque, libres de toute coercition, dis crimination ou violence” (OMS, 2006). L’enquête CSF-2023 permet d’étudier les différentes formes de sexualité et les pratiques en santé sexuelle à l’instar des recommandations les plus récentes du groupe de travail de l’OMS sur les enquêtes en santé sexuelle.
Dans la continuité des enquêtes précédentes, trois dimensions sont abordés dans la recherche :
- La diversification des représentations et des pratiques dans un contexte social marqué par l’évolution des rapports entre les femmes et les hommes, par les changements dans les modes de vie, par le développement des espaces numériques, par les enjeux liés au consentement et l’évolution du cadre normatif dans ce domaine.
- L’effet des conditions de vie sur la vie sexuelle en observant comment les situations familiales, économiques, professionnelles, administratives et résidentielles contribuent au développement de nouvelles pratiques, à façonner les capacités de négocier une sexualité choisie et des rapports sans risque, à accéder aux ressources en santé sexuelle et reproductive.
- Les relations positives et/ou négatives entre différentes dimensions de la sexualité et l’état de santé (santé mentale, maladies chroniques ou limitations fonctionnelles) à différents âges de la vie. La recherche interroge aussi les nouvelles modalités d’accès au système de santé, en matière d’éducation à la sexualité, de choix et d’accès aux outils de prévention et de recours aux traitements via les plateformes numériques.

Enfin, la recherche CSF-2023 est conçue pour fournir des indicateurs clés permettant d’évaluer la stratégie nationale de santé sexuelle à l’horizon 2030

Une méthodologie robuste qui a fait ses preuves

L’enquête CSF-2023 s’appuie sur la même méthodologie que les enquêtes téléphoniques précédentes tout en étendant le champ géographique et l’amplitude des âges étudiés, et en ajoutant un volet de recueil des données par internet. Elle porte sur la France hexagonale et sur quatre territoires ultramarins : Martinique, Guadeloupe, Guyane et La Réunion. Elle concerne les personnes âgées de 15 à 89 ans, contre 18 à 69 ans dans les enquêtes précédentes. Le dispositif associe un premier questionnaire conduit par téléphone (volet 1), suivi d’un autoquestionnaire rempli en ligne pour les répondants majeurs (volet 2) et d’un auto-prélèvement biologique pour les personnes majeures âgées de moins de 60 ans (volet PrévIST) pour estimer la prévalence des infections sexuellement transmissibles (IST). Le dispositif a fait l’objet de deux enquêtes pilotes afin de valider la méthodologie et tester les questionnaires.

 Le dépistage des IST par auto-prélèvement

Un dépistage des principales infections bactériennes sexuellement transmissibles (Chlamydia Trachomatis -Ct-, Neisseria Gonorrhoeae -Ng- et Mycoplasma Genitalium -Mg-) a été proposé à toutes les personnes de 18 à 59 ans ayant déjà eu un rapport sexuel, ainsi qu’un dépistage des papillomavirus (HPV) aux 18-29 ans. L’objectif était d’estimer la prévalence des infections les plus fréquentes tout en évaluant la stratégie de vaccination HPV chez les plus jeunes. Les personnes acceptant de participer recevaient un kit d’auto-prélèvement (vaginal pour les femmes de 18 à 59 ans, urinaire pour les hommes de 30 à 59 ans et urinaire et pénien pour les hommes de 18 à 29 ans) à domicile à renvoyer par courrier au centre national de référence (CNR) des IST bactériennes qui réalisait les analyses pour les trois IST bactériennes et leur communiquait les résultats. Les prélèvements des 18-29 ans étaient ensuite envoyés au CNR des papillomavirus pour l’analyse des HPV. 

Source : Inserm. Photo : Pavel Danilyuk; Aysencur; pixabay - Pexels.

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