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14 jours pour aller mieux


Maxime, cadre ambitieux et cartésien, ne pense qu'à sa carrière et à son futur mariage avec la fille de son patron. Au bord du burn-out, il se retrouve embarqué par son futur beau-frère Romain au beau milieu de son pire cauchemar : un stage de bien-être.


Entretien avec l'acteur, Maxime Gasteuil.


14 jours pour aller mieux est un film que vous avec coécrit avec Edouard Pluvieux, (le réalisateur) et Lionel Dutemple. Quel est le point de départ de cette histoire de stage de bien-être ?

Tout est basé sur une histoire vraie... J’ai réellement participé à ce genre de stage avec mes deux potes : Edouard, qui réalise et Benjamin Demay, l’un des producteurs. Jérémy, le frère de Benjamin, avec qui je travaille dans le stand-up, vit au Québec et c’est un fou du « bien-être ». Il m’a proposé un jour d’aller dans un stage de développement personnel, à un moment où tout n’allait pas bien dans ma vie. Je fais un métier compliqué  : on ne sait jamais comment les choses vont se passer, ou se terminer, donc on doute... Etant assez cartésien, (je ne crois pas trop aux vertus du yoga et de la sauge), j’avais des réserves mais j’y suis allé. J’ai découvert un endroit où on nous explique que nous sommes faits de différentes couches, plus ou moins épaisses selon ce que nous avons vécu depuis notre enfance. C’est ce qui fait de nous qui on est et modèle nos réactions face à la vie.

Le film en effet rit en permanence « avec » et pas « contre » ...

Beaucoup de gens nous en parlent, en comparant avec certains autres films qui ont abordé ce genre de sujet. On y voit toujours des personnages complètement barrés qui finissent par manger des vers de terre ! Moi je voulais que nous soyons le plus sincère possible. C’est ce que j’essaye de faire dans mes spectacles et dans la vie, en me basant sur des choses vécues. C’est ce qui parle le plus aux gens... L’idée avec Max, mon personnage, était de voir comment allait évoluer dans un stage de bien-être, un type avec une grande gueule enfarinée. Nous voulions le faire évoluer dans ce décor surprenant mais crédible, exactement comme ce que nous avions connu lors de notre propre stage... Edouard a même emmené ses auteurs revivre l’expérience pour qu’ils comprennent bien ce dont nous souhaitions parler !

Tout cela confère au film un ton très à part, très moderne ; ce n'est pas un enchaînement de sketches ou de vannes mais une vraie comédie et un vrai film de cinéma...

Notre ambition était double. Edouard voulait réussir son film et moi je voulais passer ce cap du premier rôle... Si je m’y suis senti aussi à l’aise, c’est parce que je suis entouré des miens : Ben produit le film, c’est mon ami et il y a cru depuis le début, même quand on lui disait « Gasteuil c’est un humoriste, ce n’est pas pareil face à une caméra  ». Lui comme Edouard, (qui me dirige depuis des années en one-man show), savent de quoi je suis fait et jusqu’où je peux aller... Tous ensemble, nous voulions montrer à ce marché du cinéma, (y compris les financiers), que nous étions sincères et capables. Ce qui nous touche beaucoup aujourd’hui, comme vous le soulignez, c’est que les premiers spectateurs à avoir découvert 14 JOURS POUR ALLER MIEUX ont en effet et la sensation d’avoir vu un « vrai » film avec de « vrais » comédiens et nous disent qu’ils ont été touchés, qu’ils ont ri. Nous sommes en plus sélectionnés pour le Festival l’Alpe d’Huez ; on se sent pourris-gâtés !

Votre personnage s'appelle Max dans le film : comment l'avez-vous construit et jusqu'à quel point vous ressemble-t-il vraiment ? 

Je me suis tellement mis dans les bottes de Max que j’ai fait un zona à la fin du tournage ! Tout le monde m’avait dit qu’un tournage c’était lourd mais j’y suis allé tout à mon enthousiasme, simplement heureux de vivre cette expérience. J’avais en plus l’habitude des tournées de spectacles qui peuvent vraiment être harassantes donc je pensais que le cinéma, c’était un truc choral où on prenait son temps... mais en fait pas du tout ! Donc oui, je me suis totalement investi et Max a réveillé plein de choses. Venant d’un milieu ouvrier, j’ai grandi en côtoyant des gens plus aisés et en me disant « pourquoi pas nous ? ». Je m’en suis voulu ensuite en revenant à la source, c’était d’ailleurs le thème de mon 2ème  spectacle et j’ai compris que mes parents étaient vraiment supers ! C’est ce que vit Max dans le film : il a honte de ses origines et il veut briller, appartenir au grand monde. Vous savez, c’est cette chanson de Cabrel, « Les murs de poussière », où le gars veut absolument posséder ce qu’il n’a pas avant de se rendre compte qu’il avait déjà tout... On finit par avoir de l’empathie pour Max car ce n’est pas un méchant, il est juste perdu et persuadé de détenir la vérité. Incarner ce personnage m’a beaucoup dérouté.

Comédie de Edouard Pluvieux. Propos reccueilli par Dominique Segall. 3,5 étoiles Allociné. 
1 nomination au Festival International du Film de Comédie de l'Alpe d'Huez 2024 (édition n°27).

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