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3 jours max


Rayane, policier maladroit, héroïque malgré lui dans 30 JOURS MAX, se trouve cette fois confronté à une situation des plus rocambolesques. Sa grand-mère a été kidnappée par un cartel mexicain, et il a 3 jours max pour la libérer.

 


Entretien avec le réalisateur et l'acteur Tarek Boudali 

Avez-vous pensé à 3 JOURS MAX avant ou après la sortie de 30 JOURS MAX ?

30 JOURS MAX est sorti le 14 octobre 2020. Le même jour, Emmanuel Macron fait une allocution et instaure le couvrefeu. J’étais effondré. Je pensais que le film allait plafonner à 100 000 entrées… On est néanmoins reparti au combat le lendemain, pour une tournée de soutien. Et les gens sont venus en masse. Malgré un nombre limité à trois séances par jour, avec une jauge à 50% à cause de la distanciation obligatoire (un siège sur deux devait rester vide), port du masque, pas de confiserie, 30 JOURS MAX a fait 1,3 million d’entrées! Le public a sauvé mon film. Ça m’a évidemment reboosté. Et ça m’a encouragé à creuser le sillon de ce mé- lange action-comédie. L’idée de 3 JOURS MAX est ensuite arrivée très vite et j’en ai parlé à mes producteurs Marc Fiszman et Christophe Cervoni qui ont immédiatement donné leur feu vert.

Et ce, avec la volonté de faire plus fort, plus impressionnant, « jamesbondesque» même, en situant l’action à travers divers pays ensoleillés, Abu Dhabi et Mexique…

L’idée était de réaliser une comédie d’action à l’améri- caine. Il fallait des séquences spectaculaires, et comme je voulais parodier MISSION IMPOSSIBLE, notamment avec la scène où Tom Cruise escalade la fameuse tour Burj Khalifa à Dubaï, j’ai choisi Abu Dhabi, la tour Conrad, qui fait la taille de la tour Eiffel.

Finalement, comparée à cela, la séquence où vous êtes suspendu à un hélicoptère était simple !

Ah ah ! Ça a été une galère sans nom ! Mais pas pour la prise de risque. Je vous explique. Les autorités d’Abu Dhabi nous ont aidé au-delà de ce qu’on espérait. Et quand je leur demande de survoler la ville suspendu à un hélico, ils me disent que le seul moyen est de demander à l’armée car seul un hélico militaire serait exceptionnellement autorisé à entrer dans cet espace aérien (qu’ils ne pénètrent pas en temps normal). On fait donc des réunions avec l’état-major, je leur explique comment je visualise la séquence, on fixe les dates, pas de souci. Le jour où on fait la séquence, on a l’hélico militaire, un Black Hawk, et un autre pour les prises de vues. On commence par faire deux tours de vingt minutes. On avait pensé à tout, sauf à ma chemise dont les boutons s’attachaient comme des boutons de manchette…Ils ont tous sauté un à un alors que j’étais dans les airs. La chemise ouverte, on voyait la sangle de sécurité qui se trouvait en dessous… J’essayais tant bien que mal de la tenir fer- mée avec les mains, mais à l’arrivée, quand j’ai vu le retour images, on avait à peine quinze secondes d’exploitables. Bref, il fallait tout refaire. Sauf qu’il y avait un problème avec le rotor de l’appareil. Les ingénieurs et le pilote refusent de m’emmener à nouveau, trop risqué. Je suis effondré. On a fait tout ça pour rien. Je me dis que c’est impossible. Il faut trouver un autre hélico. J’appelle la femme qui s’occupe de la production exécutive à Abu Dhabi. Elle se battait depuis le début pour mon film. Elle va voir le pilote et demande à parler à son général : « On a payé pour un hélico, on en veut un qui fonctionne. » Une heure après, un autre Black Hawk arrive. Et pendant ce temps, la costumière a mis de vrais boutons à la chemise en « surcousant » pour que ça tienne.

Une séquence qui n’a pas dû être facile non plus est celle où vous êtes pendus par les pieds avec Vanessa…

Ce n’était pas simple, en effet. Le sang descend très vite à la tête et vous êtes désorienté. Tout le monde s’est moqué de moi au cours de mon dialogue avec Fifi, quand il allume le feu. Je lui dis: « T’es sérieux toi, tu les aides à nous sacrifier?! ». Là, je vous le dis normalement. Mais sur le décor, comme j’ai la tête à l’envers, je subissais une pression sur mes sinus et je parlais d’une voix nasillarde incompréhensible. Et plus j’essayais de m’exprimer normalement, plus c’était n’importe quoi. Vanessa elle, a très bien tenu. Elle restait concentrée, ne se plaignait pas… Il y avait de quoi, pourtant ! Parce qu’on ne fait pas qu’une prise! Une fois, deux fois, trois fois… Et on devait tenir cinq minutes, parfois un peu plus. Et c’est long cinq minutes, la tête à l’envers !

Il y a deux séquences où vous vous jetez sur une voiture. Il y a celle, disons classique pour vous, où vous vous jetez du fourgon sur la voiture derrière… Mais il y a aussi celle sur l’autoroute où vous êtes fauché de plein fouet !

Disons que je me jette sur le capot et j’ai explosé le pare-brise avec mon épaule. On ne l’avait même pas préparé cette cascade. Enfin, presque pas, car il y a une triche. Il y avait une sorte de plateforme à l’avant de la voiture. Je suis sur cette plateforme. On roule, assez vite, et quand je veux, je me jette sur le pare-brise, et le chauffeur pile et je suis censé retomber sur la plateforme. Évidemment, il y a des risques car je ne suis pas attaché. Et je peux retomber plus loin que la plateforme. D’ailleurs, c’est ce qui est arrivé et je me suis retrouvé sur le bitume. Mais sans trop de mal, ça va. [il rit]

Il y a un « deux en un » dans cette séquence, car il y a la référence FAST AND FURIOUS, mais il y aussi LA CHÈVRE avec le face-à-face Fifi-Franck, en lieu et place de Pierre Richard et Michel Fortin sur le parking de l’aéroport.

LA CHÈVRE est un de mes films préférés et cette scène où Pierre Richard affiche un « contrôlentotal », c’est LA scène qui me fait pleurer de rire. Je la revois régulièrement sur Youtube.

Tourner dans la jungle mexicaine n’a pas dû être une sinécure…

Ça demande une certaine logistique car on s’y enfonce vraiment pendant un long moment. Le camp de base étant loin, c’était assez fatigant tous les jours. La chaleur, les insectes… Même les arbres ! Certains peuvent vous tuer parce qu’ils dégagent une sorte de pollen qui, si vous le respirez trop longtemps, provoque une allergie fatale. Et une autre sorte d’arbre dégage un antidote! Mon directeur de production mexicain, à qui la mésaventure est arrivée, savait les repérer. Sinon, il y avait un endroit que j’adorais, hors du temps, un peu marécageux, avec des arbres qu’on croyait préhistoriques, mais on m’a dit que c’était dangereux, que même si les comédiens acceptaient d’y jouer, pas un technicien ne nous suivrait à cause des tiques, des serpents et des araignées qui s’y trouvaient en pagaille. J’ai donc laissé tomber.

Puisque vous parlez de style, à quel moment pensez-vous mettre votre ami Philippe dans la peau de David Guetta ?

C’est venu très rapidement et naturellement. Je cherchais quelque chose de neuf à apporter à son personnage. Comme on est recherché par la police, je pensais à des déguisements. Mais si on avait de vieux déguisements claqués, on allait nous reconnaitre. J’ai alors trouvé une autre solution: si l’un d’entre nous se faisait passer pour quelqu’un de connu, il obtenait plein de passe-droits et ça facilitait la tâche…Et comme on a souvent dit à Fifi qu’il ressem- blait à David Guetta…

Il y a beaucoup de guests-stars dans le film, comme Michèle Laroque par exemple.

Elle nous a fait un cadeau. On s’est connu sur le premier ALIBI.COM, puis elle nous a fait entrer aux Enfoirés, et on avait tous fait une apparition, Fifi, Juju, Élodie et moi, dans BRILLANTIS- SIME, son premier long-métrage comme réalisatrice. Je trouvais cool et moderne d’avoir une femme comme commissaire et elle a tout de suite accepté. C’est une amie et je suis super fier de l’avoir dans mon film.

Et pensez-vous déjà à la suite, 3 HEURES MAX ?

On verra selon le succès de 3 JOURS MAX. Ce qui est sûr, c’est qu’avec 3 HEURES MAX, on peut songer à un film presque en temps réel. On peut même démarrer par : « Mince ! Il ne nous reste plus qu’une heure et demie! ».

Comédie de Tarek Boudali. Propos reccueilli par Anne-Sophie Aparis et Camille Trubuil. 3,7 étoiles Allociné.

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