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Chasse gardée


Dans un village sans histoire, une maison de rêve en pleine nature est à vendre. Pour Simon et Adelaïde, à l’étroit dans leur appartement parisien avec leurs deux enfants, c’est l’occasion idéale de faire le grand saut et de quitter l’enfer de la ville. Mais le rêve se transforme rapidement en cauchemar quand ils réalisent que leurs si sympathiques voisins utilisent leur jardin comme terrain de chasse.


Entretien avec les réalisateurs Frédéric Forestier et Antonin Fourlon 

L’idée de cette migration d’un couple de Parisiens et de ses enfants vers la campagne a-t-elle été inspirée par le confinement ?

Antonin Fourlon : J’ai effectivement écrit cette histoire pendant le confinement que j’ai passé avec mes deux enfants en bas âge, dans soixante mètres carrés à Paris. J’avais des envies de grands espaces, je fantasmais déménager dans cette maison que je décrivais. Autour de moi, beaucoup d’amis partaient.
Frédéric Forestier : Déjà, avant le confinement, un bon nombre de Parisiens arrivaient à saturation à tous points de vue. Ca n’a fait qu’accentuer les choses.

Que vouliez-vous raconter à travers cette comédie qui oppose la capitale à la province, les bobos aux chasseurs ?

Frédéric Forestier : Aimons-nous les uns les autres malgré nos différences. Apprenons à vivre ensemble, à faire des compromis en essayant de trouver les choses qui nous lient. C’est, en résumé, le fond de cette histoire.
Antonin Fourlon : Oui, c’est plutôt un film de réconciliation entre les chasseurs que j’ai fréquentés qui sont souvent moqués et eux-mêmes qui brocardent les néo-ruraux qui ne connaissent rien à la campagne, au sauvage. Les deux camps peuvent être aussi ridicules en montrant que, d’un côté et de l’autre, il y a des gens supers.

Pourquoi avoir décidé de réaliser cette histoire à deux ?

Frédéric Forestier : Nous avions déjà collaboré sur des projets qui n’ont pas encore abouti. Antonin a écrit le film, je l’ai présenté à la production et nous avons décidé de le réaliser ensemble. Sur un tournage il est toujours enrichissant de travailler à deux, de pouvoir s’appuyer l’un sur l’autre. Cela nous a permis, en particulier, de faire évoluer le script en permanence.
Antonin Fourlon : C’était mon premier film en tant que réalisateur. Ce qui a été formidable et essentiel dans ce duo c’est qu’il y a eu quelques scènes que j’avais écrites, comme celle des étiquettes que les commerçants tournent pour vendre plus cher aux Parisiens, que j’aurais été bien embarrassé de mettre en image. Il fallait l’expérience de Frédéric pour rendre cette ligne de scénario visuelle.

Il y a forcément quelques animaux dans le film notamment des sangliers. Ces scènes-là ont-elles été simples à gérer ?

Frédéric Forestier : Celles avec le chat ont été plutôt ardues. Pour le reste, il y a quelques sangliers mais surtout des animatroniques et des effets numériques. Autant on peut dresser un chien, autant c’est plus compliqué avec un sanglier ou cerf.
Antonin Fourlon : C’est aussi l’époque qui veut ça, comme dans les cirques, au cinéma on utilise de moins en moins d’animaux issus du monde sauvage.

Il y a un autre thème qui est abordé c’est la désertification des villages. D’où l’intérêt que des citadins s’y installent ?

Frédéric Forestier : En scolarisant leur fille Romy dans la commune les parisiens sauvaient l’école de la fermeture sinon il aurait fallu aller à vingt-cinq kilomètres. C’est une réalité quotidienne. Dans le film c’est un enjeu, un levier pour le jeune couple aussi.
Antonin Fourlon : Au départ les chasseurs n’ont pas envie de reculer mais la vie du village est précieuse et cela crée un dilemme chez certains d’entre eux qui ne souhaitent pas qu’elle disparaisse donc que l’école reste ouverte. Et pour Bernard ça met la pagaille dans son couple.

Comédie de Antonin Fourlon et Frédéric Forestier. Propos reccueilli par Anne-Sophie Aparis et Camille Trubuil. 3,1 étoiles Allociné.

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