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On sourit pour la photo


Thierry passe ses journées à classer ses photos de famille, persuadé que le meilleur est derrière lui. Lorsque Claire, sa femme, lui annonce qu’elle le quitte, Thierry, dévasté, lui propose de refaire « Grèce 98 », leurs meilleures vacances en famille. Officiellement, il veut passer une dernière semaine avec leurs enfants avant de leur annoncer la séparation. Officieusement, il espère reconquérir sa femme ! En tentant de raviver la flamme de son couple, Thierry va mettre le feu à sa famille…

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Entretien avec le réalisateur, François Uzan

Vous avez une belle et longue expérience de scénariste, (pour le cinéma et les séries) mais on sourit pour la photo est votre 1er long-métrage en tant que réalisateur. Quelle était votre envie de départ pour vous lancer dans cette aventure ?
L’histoire remonte à il y a 11 ans  ! J’étais parti en vacances en famille et en rentrant, j’avais rendez-vous avec mon ami Anthony Lancret (un des producteurs du film). J’ai commencé à lui raconter mes vacances et au bout de 5 minutes, il m’a dit : « Arrête de m’en parler, écris plutôt un film ! ». Évidemment, mes vacances en famille étaient bien moins frénétiques et pimentées que celles de la famille Hamelin dans on sourit pour la photo, mais j’en ai gardé une couleur, une tendresse, une dynamique familiale… À l’époque, j’avais en effet une trentaine d’années et j’ai réalisé que quel que soit votre âge, quand vous vous retrouvez avec vos parents, vous avez de nouveau 10 ans ! C’est une sorte de voyage dans le temps et je m’en suis servi pour construire l’histoire, mais je n’ai pas voulu me restreindre à mon point de vue, celui d’un trentenaire, parce qu’au fond, je suis un peu tous les personnages…

Des personnages qui ont tous des caractères, des sensibilités et des préoccupations fort différents… 
Oui mais je les comprends toutes et tous  ! Ce père obsédé par les photos, c’est moi… Cette femme qui n’a pas envie de se dire que «  C’était mieux avant  », c’est moi aussi. Même chose pour cette fille qui n’arrive pas à décrocher du boulot, ce jeune homme un peu immature ou cet «intrus» qui cherche à s’intégrer dans une nouvelle bande. Ils me ressemblent tous ! Mes personnages ont donc les qualités des membres de ma famille, mais leurs défauts, ce sont les miens ! (Rires)

Tout cela donne au film son ton assez particulier : on y sourit, on y rit mais on y est également très souvent ému car il aborde, (sous le couvert de la comédie), des thématiques parfois assez graves, notamment sur les relations de couple ou familiales, à l’épreuve du temps qui passe… 
Les thèmes dont vous parlez me touchent et m’obsèdent. Pour moi, on sourit pour la photo est un film sur les fantômes du passé. Alors oui, dit comme ça, on ne part pas forcément sur une comédie, mais comme ce sont de gentils fantômes avec lesquels on cohabite, qui nous accompagnent et qu’il faut un jour abandonner, cela crée au final une comédie nostalgique, voire mélancolique… Attention : pour moi, ce ne sont pas de termes négatifs ou péjoratifs. J’ai lu un jour qu’« être mélancolique c’est pleurer des jolies choses », donc on peut verser une petite larme, mais j’aime avant tout faire rire donc avec ce matériau de base j’ai voulu écrire une vraie comédie.

L’histoire part donc de ce couple de parents, Claire et Thierry, peut-être arrivé au bout de son parcours et qui va décider d’emmener ses enfants en vacances en Grèce. Tout l’intérêt et le pari du film était j’imagine de faire exister chaque personnage, sans en perdre un en route ? 
Exactement. Il y a 5 personnages centraux : la mère, le père, le fils, la fille et le gendre, or je me sens des points communs avec chacun d’entre eux. Je les aime tous et je voulais donc que le spectateur les aime tous. Au cœur du récit, il y a évidemment le couple formé par Claire et Thierry Hamelin, les parents, incarnés par Pascale Arbillot et Jacques Gamblin qui sont un peu en bout de course, mais j’avais aussi des choses à dire sur leurs enfants. J’avais envie de parler de ce qu’on vit à cet âge-là, ce besoin de se dépasser et de faire le deuil de certaines choses… Je crois par exemple que l’on ne peut pas vivre à 30 ans ce que l’on n’a pas vécu à 16, mais ça n’est pas grave : il y a tellement d’autres choses qui nous attendent  ! Donc chacun de mes 5 personnages va connaître son petit voyage (au propre comme au figuré) dont tous reviendront un peu changés…

Ce voyage a lieu en Grèce. Le choix de ce pays pour le film est il en rapport avec vos vraies vacances familiales ?
La dimension biographique du film ne va pas jusque-là, d’abord parce que je n’ai aucun compte à régler avec ma famille, au contraire  : mon film est une vraie déclaration d’amour à mes proches ! Concernant le choix du pays, les premières versions du scénario se déroulaient en Italie. J’avais envie de soleil, de Méditerranée, d’une gamme de couleurs entre le bleu et l’orange… Mais si j’ai opté pour la Grèce, c’est parce que je trouvais intéressant d’évoquer aussi tout ce qui s’est passé dans ce pays ces dernières années et le décalage entre ce qu’on imagine en tant que touriste et la réalité sur place aujourd’hui…

Vous avez donc véritablement tourné là-bas… 
Oui, durant l’été 2020 pendant 5 semaines au sud d’Athènes puis une semaine sur l’île d’Egine… La Grèce que je montre dans le film n’est pas celle des Cyclades et des grosses fêtes à Mikonos ! C’est au contraire une Grèce plus authentique, plus populaire qui dit quelque chose de cette famille Hamelin. Nous avons eu la chance de pouvoir tourner dans des décors extraordinaires grâce à une production locale très efficace. Cela nous a permis de filmer à 4 heures du matin aux pieds de l’Acropole, au temple d’Aphaïa ou sur des plages sublimes. Les protocoles sanitaires étaient très stricts, mais il y a eu un avantage : nous avons eu accès à ces endroits qui, d’habitude, sont bondés et donc inaccessibles.

Comédie de François Uzan. 1 prix et 1 nomination au Festival International du Film de Comédie de l'Alpe d'Huez 2022. 1 nomination au Festival International du Film de Comédie de l'Aple d'Huez 2021. 3,5 étoiles sur AlloCiné.

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