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La crise énergétique, état des lieux


La crise énergétique mondiale de 2021-2022 est une pénurie d'énergie dans le monde, causée en 2021 par la forte reprise économique mondiale après la récession liée à la pandémie de Covid-19 de 2020, puis amplifiée à partir de mars 2022 par l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Forte hausse de la demande d'énergie

Depuis l’automne 2021, la reprise économique mondiale a fait grimper le prix des matières premières (gaz, charbon et pétrole). Le gaz naturel est devenu un enjeu géopolitique entre l’Union européenne, la Russie et les États-Unis. La tension sur le gaz naturel au niveau mondial est aussi liée à l’augmentation du prix des quotas d’émission européens de dioxyde de carbone.

En 2021, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a constaté la plus forte augmentation jamais enregistrée de la demande mondiale d'électricité : +1 500 TWh, soit +6 %, à la suite du rebond économique mondial après la récession liée à la pandémie de Covid-19 en 2020. En pourcentage, c'est la plus forte augmentation depuis 2010. Elle a déclenché des pannes dans certains pays et conduit à une hausse historique des prix ainsi que des émissions de CO2. Selon l'AIE (janvier 2022), la volatilité du marché pourrait entraîner encore trois années de hausse des prix, ainsi que des émissions record de gaz à effet de serre.

Exportation énergétique

En décembre 2020, après des mois de restrictions, la Chine bloque totalement les importations de charbon d'Australie, qui était la plus grande source de charbon importé par ce pays.

Les exportations américaines de gaz naturel liquéfié (GNL) vers la Chine et d'autres pays asiatiques ont bondi en 2021, les acheteurs asiatiques étant prêts à payer des prix plus élevés que les importateurs européens.

Sécheresse au Brésil

La pire sécheresse au Brésil depuis près d'un siècle menace son approvisionnement en électricité. Le Brésil dépend de l'hydroélectricité pour les deux tiers de son électricité.

Marché carbone européen

En septembre 2021, le commissaire européen à l'action climatique Frans Timmermans déclare au Parlement européen à Strasbourg « qu'« environ un cinquième » de l'augmentation des prix de l'énergie peut être attribué à la hausse du prix du CO2 sur le marché du carbone de l'Union européenne.

Guerre en Ukraine

Le 27 avril 2022 la Russie coupe l'approvisionnement en gaz à la Pologne et à la Bulgarie pour sanctionner leur soutien à l'Ukraine et le refus de payer le gaz en rouble puis à la Finlande. Gazprom annonce le 30 mai 2022 la suspension de ses livraisons de gaz aux Pays-Bas, et le 31 mai au Danemark. Dans les deux cas, il s'agit de volumes relativement faibles à l'échelle de l'Europe, et l'importateur néerlandais Gas Terra avait déjà pris ses dispositions pour acheter son gaz ailleurs. Le ministre néerlandais de l'Environnement déclare qu'en cas d'urgence, la production pourrait être augmentée dans le champ gazier de Groningue.

La Russie coupe ses exportations d'électricité vers la Finlande à la suite de l'annonce de sa volonté de rentrer dans l'OTAN. L'électricité russe représentait 10 % de la consommation mais la fin de ces importations ne devrait pas faire courir de risque sur la sécurité du réseau électrique finlandais.

Conséquences en Europe

L'Europe est plus vulnérable aux hausses des prix de l'énergie car elle importe environ 60 % de son gaz de Russie, d'Algérie et de Libye, ce qui fait grimper les prix, par rapport aux États-Unis qui bénéficient de prix du gaz relativement bas en raison de leurs sources nationales abondantes.

En raison d'une combinaison de conditions défavorables, qui impliquent une demande croissante de gaz naturel, la diminution de l'approvisionnement des États-Unis, de la Norvège et de la Russie sur les marchés européens, une production d'électricité moindre par les sources d'énergie renouvelables telles que le vent, l'eau et l'énergie solaire, et un hiver froid qui a laissé les réservoirs de gaz européens épuisés, l'Europe a été confrontée à de fortes augmentations des prix du gaz en 2021. Les marchés du gaz naturel liquéfié ont été tendus tout au long de 2021.

La Russie a entièrement approvisionné tous les contrats à long terme, mais n'a pas fourni de gaz supplémentaire sur le marché au comptant. En octobre 2021, l'Economist Intelligence Unit signale que la Russie a une capacité d'exportation de gaz supplémentaire limitée en raison de sa propre demande intérieure élevée avec une production proche de son pic. Le 27 octobre 2021, le président russe Vladimir Poutine autorise le géant de l'énergie contrôlé par l'État Gazprom à commencer à pomper du gaz naturel supplémentaire dans les sites de stockage de gaz européens une fois que la Russie aura fini de remplir ses propres stocks de gaz, ce qui pourrait arriver d'ici le 8 novembre. Cette décision provoque une chute des prix mondiaux des ressources énergétiques et atténue la crise énergétique en Europe.

L'Union européenne est très dépendante du gaz naturel, qui représente 15 % de la consommation d'énergie en France ou en Pologne, 25 % en Allemagne et en Espagne, et plus de 40 % en Italie. Or une part prépondérante de ce gaz provient de Russie par gazoducs : jusqu'à 40 % certaines années, 30 % en 2021 ; il faut y ajouter des volumes de gaz naturel liquéfié (GNL) acheminés de Sibérie par des navires méthaniers. Le repli des importations russes explique en partie la flambée des cours du gaz en Europe, quatre fois plus élevés en janvier 2022 qu'un an avant, entraînant ceux de l'électricité. Washington, Berlin, l'Agence internationale de l'énergie et d'autres accusent Moscou d'avoir volontairement resserré les robinets pour faire monter les prix et faire pression sur les capitales occidentales. L'Europe peut augmenter ses importations de GNL des États-Unis, du Qatar ou d'Afrique. Sur certains jours en janvier 2022, le GNL a assuré jusqu'au quart de la demande européenne, et sur l'ensemble du mois, les volumes de GNL importés devraient être supérieurs aux achats de gaz russe, ce qui n'était jamais arrivé. Ceci a été rendu possible parce que la Chine, la Corée et le Japon étaient moins demandeurs de GNL, grâce à des températures clémentes en Asie du Nord. Mais au-delà d'un certain volume, les capacités européennes de regazéification du GNL seraient saturées.

Analyses et critiques

Certains critiques ont accusé le système d'échange de quotas d'émission de dioxyde de carbone de l'Union européenne (EU ETS) et la fermeture des centrales nucléaires d'avoir contribué à la crise énergétique. Le gouvernement Merkel en Allemagne a décidé de supprimer les centrales nucléaires et les centrales au charbon.

Le Kremlin a été accusé de vanter la nécessité du gazoduc Nord Stream 2, mais certains analystes énergétiques considèrent que les pénuries d'énergie en Europe sont auto-infligées et accusent, entre autres, les sanctions de l'Union européenne contre les entités russes.

Pour Nikolas Gvosdev, spécialiste des relations internationales russo - américain , l'Union européenne s'est engouffrée dans la crise énergétique par ses propres manœuvres. En voulant émousser les ambitions géopolitiques de la Russie en usant de leur position d'acheteur, les gouvernements européens ont encouragé les services publics de gaz à passer au lieu de gros contrats pluriannuels avec la société russe Gazprom des accords « juste à temps », permettant d'acheter de l'énergie pour une utilisation à court terme à des prix compétitifs sur le marché au comptant. Dans le même temps, l'Europe devait investir dans de nouvelles interconnexions et gazoducs à travers le continent, garantissant qu'aucune région ne dépendrait d'un seul port d'entrée pour l'énergie. Les Européens avaient notamment pensé qu'ils pouvaient trouver un moyen d'amener les vastes réserves de gaz de l'Iran et de l'Asie centrale vers l'Ouest, mais une combinaison de coûts de développement élevés, de sanctions américaines continues contre l'Iran et d'une demande accrue de la Chine a rendu difficile pour l'Europe d'atteindre cet objectif.

Dans le même temps, l'espérance qu'un consortium d'États de la Méditerranée orientale, liés par l'attrait du profit partagé, prenne des dispositions pour développer les gisements de gaz offshore nouvellement découverts, ne s'est pas réalisé en raison de l'incapacité des États de la région de régler leurs revendications concurrentes sur la Méditerranée orientale. La proposition de l'administration Trump que les Européens achètent de plus grandes quantités de gaz nord-américain butte également sur une infrastructure d'exportation américaine vers l'Europe sous-développée et de prix plus élevés que ce que les acheteurs européens sont prêts à payer. Alors que les fournitures « juste à temps » sont devenues introuvables et que Pékin semble disposée à surenchérir sur l'Europe afin de garantir qu'il n'y aura pas de pénurie d'énergie en Chine pendant l'hiver 2021/2022, l'Union européenne se retrouve prisonnière de ses calculs politiques et géopolitiques.

Cette situation fournit un nouveau levier au président russe Vladimir Poutine qui a laissé entendre que si le gazoduc Nord Stream 2, qui attend une décision de certification des régulateurs allemands, n'est pas certifié, l'Europe ne verra pas un seul mètre cube de gaz au-dessus de ce qui est requis par l'Accord gaz de 2019.

Pour l’économiste Benjamin Coriat, la crise énergétique est le « symptôme d'une transition écologique mal préparée ». Selon lui, les États européens ont entrepris le processus de la transition sans encadrer les prix de l'énergie. La crise traduirait ainsi « le manque d'anticipation et l'irresponsabilité de nos dirigeants en matière climatique ». Le marché du carbone fait l'objet de spéculations et est « une catastrophe qui n'a plus rien à voir avec la défense de l'environnement ».

Texte et photo sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici. Photo : IAD-Michoko, Pixabay.

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