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Guy Georges, le tueur de l'Est parisien


Guy Georges, de son nom de naissance Guy Rampillon, né le 15 octobre 1962 à Vitry-le-François (Marne), est un tueur en série et un violeur en série français actif pendant les années 1990 en France. Il a été condamné le 5 avril 2001 pour sept meurtres à la réclusion criminelle à perpétuité assorti d'une période de sûreté de vingt-deux ans.

 

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Biographie

Enfance

Guy Rampillon naît le 15 octobre 1962 à Vitry-le-François. Son père, George Cartwright, soldat afro-américain est cuisinier sur la base américaine de l'OTAN de Marly-le-Roi, de passage en France et déjà marié aux États-Unis. Sa mère, Hélène Rampillon, Angevine, est montée à Marly-le-Roi travailler « au bouchon », dans les bars américains. Elle a eu un premier fils en avril 1961 prénommé Stéphane, et né de père inconnu. Ce premier enfant est élevé par les parents d'Hélène qui s'occupent parfaitement de lui.

Guy Rampillon est rapidement renié et abandonné par sa mère, et rejeté par ses grands-parents maternels qui considérent que Guy n'est que le fruit d'une aventure extra-conjugale et sont mal à l'aise avec la couleur foncée de sa peau. Hélène Rampillon part vivre en Californie avec Stéphane, elle refera sa vie loin de son deuxième fils, et ne le verra jamais lors de ses brefs retours en France. Guy Rampillon est d'abord placé chez des nourrices à Angers qu'Hélène ne peut, ou ne veut pas payer, puis confié le 9 mai 1963 à la DDASS qui le place dès le 4 juin 1963 dans la banlieue d'Angers, chez la famille Morin qui compte cinq enfants. M Jeanne Morin avait déjà eu par la DDASS un enfant noir qu'elle avait pleuré quand on le lui avait repris. Guy George est accueilli comme un enfant de substitution. Il révèle très tôt un caractère solitaire au sein de cette famille nombreuse constituée de treize enfants adoptés, puis, très vite, un tempérament violent et agressif.

Sa mère n'ayant pas signé les papiers officiels d'abandon, il ne peut être adopté. Le 2 février 1966, la DDASS constate « l'état d'abandon » de Guy Rampillon, bientôt pupille de l'État sous le matricule 5086. Afin de faciliter son adoption, par décision de justice le 23 février 1968, on substitue son nom de naissance (Rampillon) qui est celui de sa mère pour le remplacer par un patronyme (Georges) provenant du prénom de son père.

Adolescence

Sa scolarité est chaotique : après avoir redoublé le CM1, il entre en sixième de transition en septembre 1974, au collège privé Notre-Dame, à Baugé dans le Maine-et-Loire. Solitaire, ses loisirs consistent à se promener dans les bois et à chasser, à l'exemple de Joe l'Indien, personnage des Aventures de Tom Sawyer, avec deux de ses frères adoptifs ; il traque, capture et vide lui-même le gibier qu'il trouve.

En novembre 1976, à 14 ans, il tente d'étrangler de ses mains une de ses sœurs adoptives, Roselyne Derouineau, handicapée mentale, qu'il apprécie pourtant. Cet incident est passé sous silence par les Morin, sur les conseils du D Longereau, qui soigna Roselyne, soucieux de laisser une chance à Guy.

Le 31 mars 1978, à 15 ans, il récidive en agressant Christiane, sœur de Roselyne, en tentant de l'étrangler avec un pied de tabouret. Dans les deux cas, il semble avoir agi par pulsion. Inquiète pour ses autres filles, M Morin obtient le renvoi de Guy Georges dans le foyer de La Marmitière spécialisé pour les jeunes en difficulté.

Parcours criminel

Années d'errance et premiers crimes

À Paris, Guy Georges vole et se prostitue auprès d'une clientèle masculine. C'est le 16 novembre 1981 qu'il sévit pour la première fois dans la capitale. Nathalie L., 18 ans, est agressée dans son immeuble alors qu'elle rentrait chez elle. Après avoir été violée, elle est poignardée et laissée pour morte par son agresseur. Blessée très gravement, la jeune femme survit pourtant à l'agression. Georges n'est pas inquiété, la justice concluant à un non-lieu. Il s'agit de la première agression connue qui précède une longue carrière avant une réponse pénale. En février 1982, il se fait arrêter dans le cadre d'une affaire de vol. Sa conditionnelle tombe. Condamné à cinq mois de prison, il est expédié en maison d'arrêt à Fleury-Mérogis. Le 30 mai 1982, il est libéré.

Une semaine plus tard, le 7 juin 1982, il agresse Violette K. dans un parking souterrain du 16 arrondissement : il la viole, la poignarde et tente de l'étrangler. La jeune femme parvient à s'enfuir. Guy Georges est repris par la police quelques jours plus tard. Il est condamné à 18 mois de prison qu'il purge partiellement à Écrouves en Lorraine. Un soir cependant où il a obtenu une permission de sortie pour bonne conduite, il viole à l'aide d'une arme Pascale Nix dans sa voiture : celle-ci est poignardée mais parvient à s'échapper. La police arrête Georges le soir même. Il est défendu devant la cour d'assises de Meurthe-et-Moselle à Nancy par Jean-Pierre Morin qui obtient une peine de dix ans d'emprisonnement (l'avocat général avait requis quinze ans).

Le « tueur de l'Est parisien »

Bénéficiant d'un régime de semi-liberté, Guy Georges en profite un soir pour ne pas se présenter à la prison de Caen dont il dépend. Il s'enfuit alors à Paris et vit dans différents squats de l'est de la capitale. En janvier 1991, Guy Georges tue pour la première fois, assouvissant une pulsion latente et trouvant ainsi le moyen de ne plus avoir de plaignante capable de le dénoncer. Dans la soirée du 24 au 25 janvier 1991, il aperçoit Pascale Escarfail, dix-neuf ans, alors qu'il est à la terrasse d'un café. Il la suit jusqu'au 41 rue Delambre, pénètre dans l'immeuble avec facilité car la porte en fer forgé se referme lentement, la double dans la cage d'escalier, entre de force dans le petit appartement de la jeune femme et la viole. Pascale se débat. Il la frappe de trois coups de couteau à la gorge.

Une semaine plus tard, il se constitue prisonnier dans un commissariat parisien. Il est condamné à une peine de huit mois pour cette évasion. Il est libéré le 4 avril 1992 et sévit de nouveau à Paris seulement dix-huit jours après sa sortie de prison. Le 22 avril 1992, il agresse Éléonore D. dans un hall d'immeuble. Sa victime parvient à s'échapper et prévient les forces de l'ordre qui arrêtent Guy Georges. Il est condamné à cinq ans de prison dont trois avec sursis.

Ressorti en 1993, Guy Georges récidive et assassine Catherine « Cathy » Rocher (vingt-sept ans) dans un parking souterrain après l'avoir violée, le 7 janvier 1994. Il n'est pas inquiété. Six jours après ce crime, il agresse avec l'aide d'un couteau une animatrice radio travaillant pour Radio Nostalgie, Annie Le Fléouter, sous le porche du logement où elle réside, rue du Père Corentin.

« Le tueur de l'Est parisien » (comme la presse le surnommera plus tard) récidive le 8 novembre 1994 en assassinant Elsa Benady (vingt-deux ans) dans le parking souterrain de sa résidence dans le 13 arrondissement. Un mois plus tard, l'architecte néerlandaise Agnès Nijkamp (trente-trois ans) est retrouvée par son compagnon, égorgée à son domicile dans le 11 arrondissement. Elle a été violée. C'est le quatrième meurtre de Guy Georges qui vit alors comme un marginal, errant de squat en squat, passant ses journées à boire et à voler dans les commerces.

Six mois plus tard, Élisabeth Ortega échappe de peu à une tentative de meurtre du tueur de l'Est parisien. Malheureusement pour l'avancement de l'enquête, elle décrit dans un portrait-robot son agresseur comme ressemblant à un maghrébin et non au métis qu'est Guy Georges. Du fait de cette erreur, l'enquête piétine. C'est alors Hélène Frinking, femme de vingt-sept ans, qui est violée et tuée dans son appartement en juillet 1995 en rentrant d'une soirée. Cette année-là, l'affaire du « tueur de l'Est parisien » commence à faire la une des médias, les enquêteurs parvenant à faire le lien entre différents crimes. Mais ils ont alors peu de preuves : une trace de pied grec (improprement appelé pied égyptien par les enquêteurs) relevée lors de l'homicide d'Hélène Frinking, un portrait-robot très vague, et deux traces ADN du même auteur laissées sur deux scènes de crime.

Le 25 août 1995, Guy Georges est à deux doigts d'être démasqué après une agression manquée chez Mélanie Bacou, dans le quartier du Marais. Reconnu et dénoncé à la police, il échappe de nouveau, inexplicablement, à ce que les faits qui lui sont reprochés soient considérés comme ayant une qualification sexuelle, et n'est donc pas confondu. Il a encore plus de chance lorsque sa photo est présentée à l'une de ses anciennes victimes, Élisabeth Ortega, qui ne le reconnaît pas. La comparaison avec l'ADN suspect lui est donc évitée. Il est ainsi mis hors de cause, ce qui a pour effet de renforcer son sentiment d'invincibilité face aux autorités.

En septembre 1997, après une tentative de viol manquée contre Estelle Fouque, c'est Magali Sirotti, étudiante de dix-neuf ans, qui est violée puis poignardée dans son appartement. Valérie Lauzanne est agressée dans son escalier le 28 octobre 1997, puis c'est Estelle Magd (vingt-cinq ans) qui est retrouvée le 16 novembre 1997 à son domicile, violée et égorgée dans son lit le jour précédent. Ce sera la dernière victime du tueur que la presse surnomme désormais « la bête de la Bastille ».

Après le meurtre d'Estelle Magd, à la fin 1997, les enquêteurs, appartenant jusque-là à quatre groupes différents de la Brigade criminelle (d'où une guerre des polices), sont définitivement parvenus à faire le lien entre les différents crimes, et l'existence d'un tueur en série dans la capitale est donc avérée. Conscient de l'enquête sans précédent qui est en train d'être menée (notamment une enquête scientifique inédite de comparaison d'ADN menée à l'échelle nationale par le juge d'instruction Gilbert Thiel), Guy Georges quitte temporairement Paris. Il y revient cependant quelques mois plus tard. C'est à ce moment-là que l'enquête scientifique porte enfin ses fruits et que le laboratoire de génétique moléculaire du CHU de Nantes, dirigé par Olivier Pascal, parvient à identifier et à recouper les traces d'ADN laissées sur les scènes de crimes comme étant celles de Guy Georges.

Procès et condamnation

Lors de son procès qui débute le 19 mars 2001, il commence par nier tous les meurtres, puis sa défense se fissure sous la pression des avocats. Solange Doumic, avocate de la famille Escarfail, obtient de lui un demi-aveu le 24 mars, et le 27 mars il finit par avouer lorsqu'il se trouve confronté à sa victime rescapée, Élisabeth Ortega. En pleurant il reconnaît sept meurtres et une agression. Les deux avocats de Guy Georges, Alex Ursulet et Frédérique Pons (l'ex-épouse de celui-ci et qui a bien voulu l'assister), ne peuvent désormais plus poursuivre leur stratégie de tout nier en bloc et adoptent celle de la rédemption.

Le 5 avril 2001, Guy Georges est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une periode de sûreté de 22 ans.

Texte et photo sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici.

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