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Bernard Pesquet, le Landru du Val d'Oise


Bernard Pesquet, né le 18 mars 1922 a Heugleville-sur-Scie et mort le 10 mai 2009 à la Maison d'arrêt de Fresnes, est un tueur en série français, surnommé le « Landru du Val-d'Oise ». 

Pesquet est l'assassin d'au moins six personnes. Son premier meurtre a été commis le 22 août 1941, alors qu'il avait 19 ans. Pesquet a alors passé 20 ans en prison pour ce crime, avant d'avoir été libéré, le 12 octobre 1961.

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Ce n'est que le 23 novembre 1974, que Pesquet a recommencé à tuer, en commençant par son épouse, puis son agent immobilier, le 30 avril 1976, ainsi qu'un couple âgé fortuné et leur domestique, le 29 juillet 1976.

Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, Pesquet est mort au Centre pénitentiaire de Fresnes, le 10 mai 2009, après avoir passé au total 53 ans de sa vie en prison.

Le commissaire Claude Cancès, qui a enquêté sur l'affaire, est resté convaincu sur le fait que Pesquet ait commis d'autres meurtres et assassinats.

Biographie

Jeunesse

Bernard Pesquet naît le 18 mars 1922 à Heugleville-sur-Scie. À la mort de sa mère, il est élevé par son grand-père maternel jusqu'en 1931, après avoir été rejeté sans relâche par la compagne de ce dernier.

En 1936, à 14 ans, Bernard Pesquet est envoyé en pension pour une durée de quatre mois. Il exerce son premier travail dans une verrerie, mais abandonne au bout d'un an.

En 1938, à 16 ans, Bernard Pesquet rejoint son oncle à Rouen pour devenir cuisinier, mais quitte son emploi un mois plus tard.

Le 29 septembre 1939, à 17 ans et demi, Pesquet est poursuivi pour vol à l'étalage, avant d'être acquitté par la suite ; faute de preuve et d'éléments à charges.

Le 18 mars 1940, jour de ses 18 ans, Bernard Pesquet réussit son examen de radio-électricien. Il obtient son émancipation puis s'installe dans un deux-pièces, 95, rue aux Ours, dont il fait à la fois son logement et son atelier. Dans le quartier, Pesquet est surnommé « le petit électricien ».

En juin 1940, Pesquet est requis, afin de travailler au Foyer du Soldat allemand. Tous les matins, une traction-avant noire vient le chercher afin d'effectuer plusieurs réparations dans les différents dépôts et bâtiments de la ville. Bernard Pesquet fait son métier avec la conscience et l'habileté que tous connaissent. Pesquet, étant ballotté par des évènements qui le dépassent, semble ne pas se poser pas de questions, alors d'autres le décrivent comme « mystérieux ». De temps à autre, John Anderson vient le voir chez-lui, sous différents prétextes.

En 1941, Bernard Pesquet fait la connaissance d'un certain Julien Quibel, un jeune homme d'une vingtaine d'années, qui devient rapidement son amant. Pesquet expliquera par la suite qu'il avait découvert que Quibel était un collaborateur.

Premier crime

Le 22 août 1941 à Rouen vers 23 h, Bernard Pesquet bat à mort Julien Quibel, à coup de barre de fer et lui taillade les veines à l'aide d'un rasoir. N'ayant aucune possibilité de se défendre contre son amant, Quibel meurt de ses blessures. A la suite de son crime, Pesquet se rend au domicile de Quibel et dérobe ses économies, avant de retourner chez-lui. Le corps est retrouvé le lendemain, non-loin de chez Pesquet. Bernard Pesquet est, au moment des faits, âgé de 19 ans et est vite soupçonné par les proches de Quibel en raison de leur relation amoureuse.

Le 25 août 1941, Pesquet est arrêté et placé en garde à vue. Lors de son audition, Pesquet se joue des forces de l'ordre. Ce n'est qu'au troisième jour de sa garde à vue, qu'il avoue avoir tué Julien Quibel. Pesquet précise qu'il l'a tué afin de lui voler ses économies et son argent et en raison de sa collaboration avec les Allemands. Il est emprisonné pour l'assassinat de son ami. Il a alors 19 ans. Bernard Pesquet, ayant plus de seize ans au moment des faits, encourt la peine de mort, même si celle-ci a peu de chance d'être appliquée, car Pesquet est encore mineur à cette époque là (la majorité étant fixée à 21 ans à l'époque).

Le 8 novembre 1941, le procès de Bernard Pesquet à lieu devant la Cour d'assises de Rouen. Au terme de son jugement, Pesquet est condamné aux travaux forcés à perpétuité. Malgré l'abolition du bagne (aboli en 1938), la perpétuité ne permet pas de possibilité de libération. Bernard Pesquet s'attend alors à mourir pendant sa peine de travaux forcés à perpétuité.

Le 7 décembre 1941, alors qu'il débute sa peine à la Prison de Fontevraud, Bernard Pesquet se rétracte de son crime et nie désormais avoir tué Julien Quibel. Pesquet affirme son intention de se pourvoir en cassation mais, le délai étant dépassé, le recours s'avère impossible. Au début de l'incarcération de Pesquet, la France est en pleine guerre et beaucoup de détenus meurent de faim en détention. Cependant, Bernard Pesquet parvient à survivre de ces famines quotidiennes, du fait de son jeune âge.

Le 28 décembre 1944, Bernard Pesquet dépose une demande de révision de son procès. Il explique que sa demande tardive est liée à la Libération afin d'attendre que tous les occupants soient partis. Pesquet affirme avoir avoué son crime, de peur des représailles des occupants. De ce fait, la requête de Pesquet est envoyée au ministère de la justice. En juillet 1945, la cour de révision rejette la requête de Pesquet.

Le 4 juin 1960, les travaux forcés sont abolis en France. La peine de Bernard Pesquet devient une réclusion criminelle à perpétuité, aménageable au bout de quinze ans de détention. Ayant déjà purgé près de dix-neuf ans de détention, Bernard Pesquet attend sa libération avec impatience: c'est un prisonnier sans histoire et bien noté par l'Administration pénitentiaire, ayant participé au déminage d'Angers à la Libération.

En octobre 1961, Pesquet obtient une grâce, qui commue sa peine en 20 ans de réclusion criminelle. Ayant déjà purgé sa peine, sa demande de libération conditionnelle est immédiatement acceptée.

Libération et répit présumé

Le 12 octobre 1961, Bernard Pesquet est libéré, après 20 ans passés en prison. Âgé de 39 ans, il se dit «heureux» de pouvoir enfin construire une vie. Il devient également peintre et créé sa propre entreprise.

En décembre 1963, Pesquet rencontre Christiane Ruaux (née le 30 janvier 1943) avec qui il se marie en décembre 1968.

À partir du début des années 1970, Christiane Pesquet commence à fuguer lorsque des disputes éclatent avec Bernard Pesquet. Elle est décrite comme étant une « femme volage ».

En décembre 1972, le couple Pesquet entame un déménagement à Pierrelaye et s'y installe au début 1973.

En 1974, après seulement cinq ans et demi de mariage, Christiane Pesquet découvre le passé criminel de son mari ainsi que son homosexualité. Bernard Pesquet, apprenant que son épouse souhaite le quitter, devient alors méfiant vis-à-vis de sa femme.

Le «Landru du Val-d'Oise»

Meurtres en série

Le 23 novembre 1974, Bernard Pesquet tend une embuscade à sa femme Christiane, âgée de 31 ans, et la tue à l'aide d'une carabine 7.65 mm. À la suite de cela, il la laisse agoniser puis enterre son cadavre sous un mètre de terre dans son second sous-sol, à son domicile de Pierrelaye. Dans les jours suivants l'assassinat de sa femme, Bernard Pesquet est questionné par son voisinage. Pesquet fait croire à une nouvelle fugue de la part de son épouse, à la suite d'une énième dispute du couple.

Le 28 janvier 1975, Bernard Pesquet écrit une lettre aux parents de son épouse, expliquant que leur fille s'était révélée une « épouse volage », «intéressée» et «dépensière». Pesquet écrit également dans sa lettre, qu'il se désole du «départ » de son épouse. Bien que son affirmation soit crédible, Christiane est néanmoins recherchée, mais pour un simple prêt non-remboursé à sa famille. À la suite de cela, la disparition de Christiane Pesquet se solde par un classement sans suite.

Le 30 avril 1976, Henri Franqui, un agent immobilier de 52 ans, se rend chez Bernard Pesquet à Pierrelaye, afin de lui acheter sa maison après plusieurs tentatives infructueuses par le passé. Agacé, Pesquet abat Franqui à l'aide de sa carabine 7.65 mm, puis enterre le corps de sa victime dans le sous-sol, comme il l'avait fait avec son épouse. Bernard Pesquet, alors ruiné financièrement, utilise par la suite le chéquier de Franqui afin de faire quelques courses et vend également la voiture de ce dernier.

Le 29 juillet 1976 vers 11h30, Bernard Pesquet se rend Neuilly-sur-Seine chez un couple de retraités, Emile Bergaud, 73 ans, son épouse Alice Bergaud, 71 ans, ainsi que leur domestique Alfeia Borgioni, âgée de 63 ans. Sous prétexte de repeindre la maison du couple retraité, Pesquet, étant de nouveau endetté, tue le couple Bergaud ainsi que Mme. Borgioni, à l'aide de sa carabine 7.65 mm, avant de dérober le butin et les objets de valeurs et de s'en aller sans que personne ne l'arrête. Le commissaire Claude Cancès est immédiatement saisi de cette affaire d'homicide. Les policiers découvrent que Mme Bergaud avait reçu une lettre de Bernard Pesquet, dans laquelle ce dernier avait annoncé venir au domicile du couple.

Le 30 juillet 1976, sachant que Bernard Pesquet habite dans la région, les gendarmes se rendent chez lui en vue d'un témoignage. Mais, ces derniers apprenant que Pesquet a déjà passé 20 ans de sa vie en prison pour meurtre, décident de le placer immédiatement en garde à vue. Des bijoux et des lingots d'or appartenant au couple Bergaud sont ainsi retrouvés au domicile de Pesquet, mais l'homme de 54 ans reste muet sur le triple meurtre de Neuilly-sur-Seine.

Instruction et débats sur l'abolition de la peine de mort

Le 1 août 1976, Bernard Pesquet est emprisonné pour le triple meurtre des époux Bergaud et de leur domestique. Il encourt la peine de mort. Cependant, les gendarmes, dont Claude Cancès, le soupçonnent d'être à l'origine de plusieurs disparitions suspectes et non-résolues, dont la disparition de son épouse survenue moins de deux ans plus tôt.

Le 11 août 1976, les enquêteurs renouvellent leur perquisition et trouvent le squelette de Christiane Pesquet et le corps en décomposition avancée d'Henri Franqui. Acculé, Bernard Pesquet avoue les deux assassinats et en est inculpé. Pesquet gagne aussitôt le surnom de Landru du Val-d'Oise. Heureux d'avoir inculpé le récidiviste, le commissaire Claude Cancès et les autres enquêteurs restent tout de même persuadés que Bernard Pesquet ait pu tuer d'autres personnes entre sa libération de prison en octobre 1961 et son arrestation en juillet 1976.

Le 14 août 1976, Bernard Pesquet tente de s'évader mais est immédiatement maîtrisé par des gardiens de la prison.

Entre 1977 et 1979, Bernard Pesquet et ses avocats tentent, tant bien que mal, de plaider une quelconque pathologie mentale, afin d'obtenir l'irresponsabilité pénale de Pesquet et lui éviter la peine de mort. La défense de l'inculpé s'appuie sur le fait que Bernard Pesquet se met à peindre divers tableaux avec, selon eux, différentes « déconnexions de la réalité », pouvant ainsi laisser penser que Pesquet serait atteint de schizophrénie. Cependant, les experts psychiatres contestent la requête de la défense, démontrant que Bernard Pesquet cherchait à retarder son jugement, afin d'éviter la guillotine. À la suite des manipulations de Pesquet, les experts psychiatres prouvent ainsi qu'il avait conscience que ses crimes et, ne souffrant d'aucune pathologie mentale, le jugent donc responsable de ses actes.

En 1980, âgé de 58 ans, Bernard Pesquet est renvoyé devant la Cour d'assises du Val-d'Oise.

La peine de mort est finalement abolie le 9 octobre 1981 par Robert Badinter, devenu Garde des sceaux. Pesquet encourt désormais la réclusion criminelle à perpétuité.

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