Le châteauneuf-du-pape est un vin d'appellation d'origine contrôlée produit sur les communes de Châteauneuf-du-Pape, d'Orange, de Bédarrides, de Sorgues et de Courthézon, en Vaucluse.
C'est ici que prit corps pour la première fois la notion d'AOC appellation d'origine contrôlée avec la constitution en 1923 par le baron Pierre Le Roy de Boiseaumarié d'un syndicat de défense. L'élaboration du vin Châteauneuf-du-pape est une pratique reconnue par le ministère de la Culture et est inscrite en 2019 à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel en France.
Balayé par le mistral, c'est l'un des secteurs les plus secs de la vallée du Rhône avec 2 800 heures d'ensoleillement par an. La chaleur emmagasinée de jour par les fameux « caïau frejaü » est restituée la nuit par un effet de four. Ce terroir est soumis à un rythme à quatre temps : deux saisons sèches (une brève en hiver, une très longue et accentuée en été), deux saisons pluvieuses, en automne (pluies abondantes et brutales) et au printemps. Sa spécificité est son climat méditerranéen qui constitue un atout exceptionnel :
- le mistral assainit le vignoble ;
- la saisonnalité des pluies est très marquée ;
- les températures sont très chaudes pendant l'été.
Dominé par le château qui servait de résidence d'été aux papes d'Avignon, ce vignoble s'est rendu célèbre par ses treize cépages. Le grenache est le plus souvent majoritaire (74 %) dans les cuvées de châteauneuf. Syrah (10 %) et mourvèdre (6 %) contribuent par leur assemblage avec celui-ci à donner une couleur soutenue et une palette aromatique plus riche (exceptions notables, le Château Rayas (en) est constitué de 100 % de grenache provenant de très vieilles vignes, et le Vin di Felibre est composé de 80 % de mourvèdre). Il existe quelques cuvées avec une majorité de syrah ou de mourvèdre (château de Beaucastel).
Un très grand nombre de cépages sont présents dans l'appellation, ceci est due au complantage en vigueur au début du siècle ; mais, sur les dix-huit cépages autorisés (en distinguant leurs différentes couleurs) pour les rouges et les blancs, grenache (grenache N, grenache G, grenache B), mourvèdre, syrah, cinsault, muscardin, counoise, clairette (clairette B, clairette Rs), bourboulenc, roussanne, piquepoul (piquepoul N, piquepoul G, piquepoul B), picardan, vaccarèse et terret noir, les plus utilisés sont les huit premiers. Ces dix-huit cépages sont autorisés, seul ou en assemblage, autant pour la production des vins rouges que pour celle des vins blancs.
Comme de nombreux vignobles en dessous du 45 parallèle, les côtes-du-rhône méridionales, dont fait partie l'appellation, sont des vins assemblant plusieurs cépages. Ceci est justifié par les caractéristiques climatiques régionales avec des étés très chauds, sinon torrides, et la présence du mistral, vent excessif, qui participent à la surmaturation des cépages. Tous les essais de vinification mono-cépage ont démontré que ces vins ne peuvent atteindre une qualité élevée et donner la véritable expression du terroir. Par contre l'assemblage de plusieurs variétés permet d'obtenir un parfait équilibre entre acidité, alcool et tannins.
C'est le grenache noir qui représente la plus importante proportion, il est assemblé avec le mourvèdre et la syrah. Un peu de cinsault permet d'apporter la finesse. Les trois premiers cépages permettent d'obtenir un parfait équilibre et donnent des grands vins de garde qui truffent en vieillissant. En fonction des parcelles et des micro-climats, l'assemblage peut varier entre 80 % de grenache, syrah et mourvèdre entrant en part égale pour le pourcentage restant, et 50 % de grenache, la syrah et le mourvèdre représentant chacun 25 %. Mais à Châteauneuf-du-Pape, le cahier des charges autorise les vignerons à constituer des cuvées mono-cépage. Il s'agit le plus souvent de cuvées spéciales et non de la cuvée classique des domaines. L'élevage traditionnel des vins rouges s'effectue en foudres ou en cuve béton, en barriques ou en demi-muids. Les vignerons utilisent souvent un mix de ces différents contenants, pour élever leurs vins.
La maîtrise des températures lors de la vinification a permis d'obtenir par un moyen uniquement physique une parfaite expression des vins de ce terroir. Les cuvées classiques sont le plus souvent issues d'un assemblage de deux ou trois cépages blancs: grenache blanc, clairette, roussanne et bourboulenc. Auxquels peuvent s'ajouter un peu de Picadan ou de Picpoul. Certaines cuvées spéciales peuvent être constituées à 100% de Roussane ou de Clairette. . En ce qui concerne, l'élevage des vins blancs, il peut s'effectuer en cuve inox, béton et parfois en barrique ou demi-muids.
Les vins de ce terroir, reconnaissables entre tous, ont un style inimitable. Mais la multiplicité des cépages et les assemblages qu'ils permettent ainsi que les durées de cuvaison, qui restent à la libre appréciation du vigneron ou du vinificateur, ont permis de faire des distinguo subtils en déterminant trois groupes bien typés. Le premier à faire ces distinguos fut Robert W. Mayberry. Ce classement interne à l'AOC n'est en rien officiel ou qualitatif mais permet d'orienter le goût ou la préférence d'un amateur vers un style de production.
Il y a une tradition des « vins robustes », définissant des vins qui ont du corps et un pourcentage alcoolique parfaitement équilibré par des tanins puissants. Difficiles à boire jeunes, ces vins s'affinent en vieillissant et certaines de ces bouteilles peuvent traverser les âges. Ils sont parfaitement illustrés par la production du « Vieux Télégraphe », du « Domaine de Reveirolles », de « Font de Michelle » ou du « Château la Nerthe ». Les « vins classiques » se caractérisent par une présence importante de tanins obtenue par une cuvaison longue. Ces vins ont du corps et de la générosité, ce qui ne les empêche pas d'avoir de la grâce qui va s'affirmer lors de leur vieillissement. Leur référence sont les châteauneufs de « Château Rayas », des « Domaines Mousset », du « Domaine de Beaucastel », et du « Domaine de Beaurenard ». Les propriétaires de « Château de la Gardine », « Clos de l'Oratoire des Papes », « Domaine de Nalys », « Château Maucoil » et le « Cellier des Princes » ont opté pour le style des « vins élégants » qui implique un pourcentage alcoolique plus modéré et des tanins très arrondis, pour fournir un vin coulant et désaltérant pouvant être bu dans sa jeunesse tout en ayant la possibilité de vieillir.
Dans l’AOC Châteauneuf-du-pape, deux grandes types de bouteilles coexistent, les bouteilles personnalisées de certains domaines, les bouteilles collectives propres à des groupements de producteurs ou de négociants. La Mitrale appartient à ce deuxième groupe. Créée en 2002, présentée officiellement le 27 février 2003, à Paris, elle se décline en quatre contenances : 37,5 cl, 75 cl, magnum et jéroboam. Elle peut être utilisée par tout producteur ou négociant respectant une charte de qualité qui impose un contrôle régit par un cahier des charges.
Cette charte exige que seuls les vins AOC Châteauneuf-du-pape soient embouteillés dans la Mitrale et qu'elle ne puisse faire l'objet d'aucun réemploi. Au niveau qualitatif, le vin doit respecter des normes analytiques et organoleptiques, ainsi que des exigences liées à l'embouteillage, au bouchage et à la date de commercialisation. De plus, conformément au décret de contrôle du 24 juin 1996 relatif à l'appellation Côtes-du-rhône, la mise en bouteille se doit d'être faite dans l'aire de cette AOC, ainsi que dans les cantons limitrophes de celle-ci situés dans les départements de la Drôme, du Gard et de Vaucluse.
Les châteauneufs rouges d'une puissance inégalable, dont la couleur va du pourpre au grenat, exhalent des arômes complexes de fruits rouges et d’épices évoluant vers le cuir, la truffe, le musc et des notes réglissées. Leur bouche, généreuse et souple, est toute en rondeur et en onctuosité avec une grande et belle longueur. Les galets roulés donnent à ces vins leur richesse aromatique et un grand potentiel de vieillissement.
Les blancs, à la robe jaune pâle, possèdent un nez floral où se retrouvent les arômes de fleur de vigne, chèvrefeuille et narcisse. Ils sont amples au palais avec une fraîcheur aromatique qui étonne par sa persistance. Un sol sableux leur apporte élégance et finesse. Plantées sur des graves ou un terrain calcaire, les vignes donnent un vin plein de vivacité.
Il est à souligner, qu'en fonction du réchauffement climatique, la date de début des vendanges a avancé d'un mois en cinquante ans.
Les vins rouges, avec leur robe intense, présentent à l'agitation un nez de fruits rouges et d'épices qui évolue avec l'âge vers des arômes d'anis, de réglisse et de cuir. En bouche, ces vins possédant une très longue persistance aromatique, sont tout en rondeur et en onctuosité. Ils se comportent parfaitement sur les venaisons les plus riches. Les restaurateurs le servent en particulier avec un civet de cerf, un civet de sanglier, un lièvre à la royale ou un civet de chevreuil sauce grand veneur. Ils sont parfaits en accompagnement des viandes rouges typées, des grillades d'agneau ou des fromages forts.
Les vins blancs, revêtus d'une élégante robe jaune pâle, proposent une palette florale allant du narcisse au chèvrefeuille en passant par la fleur de vigne. Ils se caractérisent par une bouche ample et de belle longueur. Ces vins accompagnent des veloutés, du veau, de la poularde ou des champignons. Ils s'accordent parfaitement avec les poissons de rivière, les viandes blanches et la charcuterie de montagne. Ils accompagnent aussi les fromages les plus corsés à pâte cuite ou persillée et sont parfaits avec un fromage de chèvre. Un châteauneuf blanc de cinq ans exalte la saveur et révèle toute la finesse de la truffe.
Texte et photo sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici.
Un très bon champagne :
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