"Rémy et Laure partageaient le sommet de Croisse-Baulet et, si modeste qu'il fût, il faisait pour eux de cet instant un moment inoubliable.Rémy connaissait trop la force de cette communion pour y mêler les gestes minuscules de l'amour. Il sentait que son désir était partagé, que cette émotion avait la valeur d'une étreinte et que Laure, pas plus que lui, ne pourrait l'oublier. Tout devait garder son ampleur, sa grâce. Les petites effusions, les maladroites caresses humaines, dans ces décors de lumière, d'espace et de vent, sont dérisoires et même insupportables. Il fallait laisser l'esprit se mouvoir sans contraintes. Le regard était suffisant pour exprimer l'émoi et celui de Laure parlait sans ambiguïté.Ils retirèrent les peaux de phoque des skis, réglèrent les fixations pour la descente et raccourcirent les bâtons. Puis, sans se hâter, l'esprit plein d'un moment qu'il était inutile de faire durer tant il était saturé d'infini, ils s'élancèrent dans la pente."
Jean-Christophe Rufin naît à Bourges en 1952. Suite au départ de son père, la mère de Jean-Christophe Rufin se voit contrainte d’aller travailler à Paris. Se trouvant dans la difficulté d’élever seule son fils, elle le laisse à ses grands-parents.
Ancien médecin de guerre, le grand-père de Jean-Christophe Rufin transmet à son petit-fils son goût pour la médecine.
Jean-Christophe a à peine 15 ans lorsqu’il assiste à sa première transplantation cardiaque, réalisée par le professeur Christiaan Barnard en 1967. Fasciné par cette pratique, le jeune homme décide de faire de la médecine sa vocation.
Convaincu par le grand potentiel de la médecine, Jean-Christophe Rufin entreprend des études à La Pitié-Salpêtrière. Son talent ne tarde pas à être remarqué et il est rapidement promu chef de clinique à La Salpêtrière en neurologie.
Fort d’une riche expérience médicale, Jean-Christophe Rufin décide de s’engager dans l’humanitaire.
Aux côtés de Bernard Kouchner et Claude Malhuret, Jean-Christophe Rufin devient l’un des pionniers du mouvement Médecins sans frontières. Il s’engage alors dans de nombreuses missions en Afrique de l’Est et en Amérique Latine.
Fortement militant, Jean-Christophe Rufin devient le directeur médical de l’ONG Action contre la Faim en Éthiopie, en 1985. Il en vient à diriger l’organisation entre 2002 et 2006.
Ce solide bagage humanitaire lui ouvre les portes de la diplomatie. Entre 2007 et 2010, il exerce la fonction d’ambassadeur de France au Sénégal puis en Gambie.
En parallèle à son engagement politique et humanitaire, Jean-Christophe Rufin s’est également consacré à l’écriture de livres traitant de son vécu.
Jean-Christophe Rufin vit aujourd’hui avec sa femme Azeb Rufin, qui est agent littéraire. Il est le père de deux filles, Gabrielle et Valentine, et dirige actuellement l’émission J’ai déjà connu le bonheur sur France Culture.
Lors de ses années de travail au sein des ONG, Jean-Christophe Rufin a publié son premier essai Le piège. Quand l’aide humanitaire remplace la guerre (1986) où il décrit les enjeux politiques de l’action humanitaire. Chose qu’il réitère dans son troisième roman, Les causes perdues .
Jean-Christophe Ruffin a également exercé sa plume dans l’écriture de romans, récits et nouvelles. Il s’essaye notamment aux livres d’histoire avec Rouge Brésil ou Sauver Ispahan . Le collier rouge , quant à lui, relève plutôt du roman d’aventures tout comme son dernier livre Le tour du monde du roi Zibeline, paru en 2017.
Jean-Christophe Rufin a reçu le prix Goncourt du premier roman pour son ouvrage L’Abyssin, en 1997. La même année, le livre reçoit également le prix Méditerranée.
Deux ans plus tard, son roman Les causes perdues se voit décerner deux récompenses : le prix Interallié et le prix Erwan Bergot.
En 2001, Jean-Christophe Rufin entre officiellement au palmarès des grands écrivains avec son livre Rouge Brésil , qui reçoit le prix Goncourt et également le grand prix de l’Académie de marine. La même année, la plume de l’écrivain est récompensée par la Plume d’or de la Société des auteurs savoyards.
Il faudra ensuite attendre douze ans pour voir les œuvres de Jean-Christophe Rufin à nouveau récompensées. Son récit Immortelle randonnée : Compostelle malgré moi remporte le Prix Nomad 2013. Enfin, Check-point reçoit le prix Grand Témoin en 2015.
En parallèle de ses récompenses littéraires, Jean-Christophe Rufin est également titulaire de plusieurs distinctions. Il remporte le titre de Docteur honoris causa en 2006 et est également sacré Chevalier des Arts et des Lettres en 2003. En 2012 et 2013, il reçoit respectivement le titre de Commandeur de l’Ordre national du Lion du Sénégal, puis celui d’Officier de la Légion d’honneur.
Jean-Christophe Rufin partage avec son ami Sylvain Tesson le goût pour l'aventure et la passion pour l'alpinisme.
Editions Gallimard. 352 pages. 21€.