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Adieu les cons


Lorsque Suze Trappet apprend à 43 ans qu’elle est sérieusement malade, elle décide de partir à la recherche de l'enfant qu’elle a été forcée d'abandonner quand elle avait 15 ans. Sa quête administrative va lui faire croiser JB, quinquagénaire en plein burn out, et M. Blin, archiviste aveugle d’un enthousiasme impressionnant. À eux trois, ils se lancent dans une quête aussi spectaculaire qu’improbable.

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Entretien avec le réalisateur; Albert Dupontel

Qu'est ce qui vous a inspiré ce projet ?
L’envie d’une tragédie burlesque, tout en commentant, à ma façon comme toujours, le monde qui m’environne. Pour cette histoire, je suis parti de l’idée d’opposer deux « combles », quelqu’un qui veut vivre mais qui ne peut pas, à quelqu’un qui pourrait vivre mais qui ne veut pas. 

Comment s'est passé l'écriture du scénario ?
Écrire a toujours été difficile pour moi. Je passe 18 mois à réécrire la même histoire depuis 20 ans. Je suis un « Sisyphe narratif », avec de surcroît le rocher qui me tombe sur la tête. À vrai dire, je pense que nous avons tous en nous beaucoup d’histoires, la difficulté pour

L'écho aux actualités était-il recherché ?
Ce script a été écrit il y a 2 ans, bien avant les multiples faits divers qui ont ponctué les déviances en cours. Il semble parfois que les sujets abordés collent furieusement à la réalité. La vraie tragédie de l’histoire est qu’elle se répète. Aucune vision dans ma pensée, juste une bonne mémoire… 

On ressent davantage de réalisme dans ce film, pouvez-vous nous en dire plus ?
Plus que dans mes précédents films, ce sont des gens ordinaires. Bernie était décalé, c’était pratique, c’était un clown. Sur 9 MOIS FERME, c’était partagé, Ariane était dans la réalité et Bob Nolan était décalé. Ici les deux personnages principaux sont dans la réalité. On espère une identification forte. C’est Monsieur Blin qui apporte le décalage et la fantaisie. 

Pouvez-vous nous parler du personnage de Suze, et de son interprète Virginie Efira ?
Virginie s’est prêtée avec beaucoup d’humilité au jeu des essais. Je l’ai trouvée épatante, ce qu’a confirmé la caméra. Un mélange populaire, sexy, émouvant. L’incarnation du personnage de Suze lui appartient. Je n’ai eu qu’à surfer sur ses larmes. De surcroît, elle dégage à l’image une tendresse et une humanité que j’ai, aux rushs, accueillis avec ravissement. Ce qui m’intéressait, c’était de raconter la détresse de cette femme qui va rencontrer plein de bras cassés sur son parcours, face à une administration indifférente et numérisée. Suze va libérer ce petit monde sur son passage, désinhiber JB et révéler l’amour fou pour la vie qu’a Monsieur Blin.

Pourquoi avoir encore interprété un des rôles principaux du film ? 
À la différence d’AU REVOIR LÀ-HAUT, je m’étais dès l’écriture destiné ce personnage comprenant très bien les émotions d’un inhibé dépressif. Pour l’interprétation, il m’a suffi de regarder Virginie et d’écouter Nicolas. 

Comme souvent dans vos films, adieu les cons possède des seconds rôles importants. Que pouvez-vous nous dire de plus sur les acteurs qui les incarnent ?
Les autres comédiens étaient des évidences. J’étais ravi de retrouver mes comparses habituels, Philippe Uchan et Michel Vuillermoz entre autres. Par ailleurs, j’ai accueilli avec beaucoup de gratitude les clins d’œil de Grégoire (Ludig), David (Marsais) et Kyan (Khojandi) qui sont de véritables pépites de la génération montante.

Un mot sur le montage et la musique ?
Comme d’habitude, j’ai passé beaucoup de temps au montage, et sur la musique. L’excellent Christophe Pinel a cette particularité de proposer fort à propos moult musiques. Christophe Julien, mélodiste surdoué, m’honore de sa contribution et part souvent des propositions du montage. Ces mélodies ont beaucoup aidé cette narration émotionnelle évoquée plus haut.

Comment s'est passé le tournage ?
Cela a été un tournage facile. Encore une fois mon ambition était d’exhiber d’impudiques émotions, qu’elles soient miennes ou celles des acteurs. Ce fut intellectuellement un vrai lâcher-prise et physiquement un peu fatigant, du fait de la canicule récurrente de ces dernières années. Comme si cette excessive météo me poussait à raconter au plus vite ces histoires… 

Comédie française de Albert Dupontel. 1 nomination au Festival du Film Francophone d'Angoulême 2020 (édition 13). 3,6 étoiles sur AlloCiné.

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