90’s

Dans le Los Angeles des années 90, Stevie, 13 ans, a du mal à trouver sa place entre sa mère souvent absente et un grand frère caractériel. Quand une bande de skateurs le prend sous son aile, il se prépare à passer l’été de sa vie…

Entretien entre Jonah Hill, le réalisateur, et Rembert Browne, écrivain 

Rembert
Dès les dix premières minutes du film, je me suis demandé s’il était autobiographique. Est-ce qu’il y a un peu de vous dans chaque personnage ? Est-ce que vous êtes un des personnages ou aucun ? Dans quelle mesure les personnages, le cadre, l’environnement, l’histoire sont inspirés de votre propre expérience ?

Jonah
C’est une excellente question. Tout d’abord, je suis scénariste et je raconte une histoire. Donc ce n’est pas autobiographique. Les sentiments que ressentent les ados en grandissant sont personnels. Peut-être que parmi mes amis, certains ont vécu certaines choses que je raconte. Mais je voulais créer des personnages complexes dans une histoire que je tenais absolument à raconter.

Rembert
Je comprends. Au moment de l’écriture, avez-vous d’abord pensé à l’endroit où vous situeriez l’histoire, vouliez-vous mettre en avant la culture du skate ?

Jonah
J’ai grandi à Los Angeles, je faisais du skate tout le temps. Et je passais ma vie au tribunal, que l’on a recréé à l’identique dans le film, avec les graffitis et tout ce qui s’y trouvait à l’époque. Je n’étais pas très bon skateur, mais je cherchais avant tout à trouver une tribu, un groupe d’amis. Quand on est encore un jeune garçon, on fait tout ce qu’on peut pour appartenir au règne animal.

Et quand on est ado, on regarde les petits chercher à s’intégrer dans ce monde. C’est essentiellement un film sur le règne animal : un petit se pointe et apprend à survivre et à se construire au milieu de la meute.

J’ai toujours apprécié le côté anti éthique du skate. J’aurais tout donné pour réussir à faire les figures que les autres faisaient, mais surtout, cela m’a donné un point de vue, un goût et une perspective. Et surtout, une famille en dehors de chez moi. Alors même si le film ne raconte pas mon histoire, la toile de fond du tribunal et de LA est la même que celle dans laquelle j’ai grandi.

Rembert
En voyant votre film, je me suis retrouvé dans tous les personnages, ce qui est extraordinaire. Pour moi et pour beaucoup de gens, on s’identifie à chacun d’eux. 

Jonah
C’est le meilleur compliment qu’on puisse me faire. Les films que j’aime montrent toujours des personnages complexes, mais dans lesquels on peut se retrouver. A l’époque, surtout dans la culture du skate ou du hip-hop, ou dans tout ce que faisaient les ados, c’était pas cool du tout d’être motivé. Etre motivé, il n’y avait pas plus nul.

Essayer, bosser dur, c’était franchement ringard. D’ailleurs, on en parle dans le film. Ceux qui avaient une motivation profonde m’impressionnaient. Je voulais qu’un des personnages reflète cette attitude. Quand j’ai rencontré Na-Kel Smith, j’ai tout de suite vu ça en lui. Il est hyper cool, hyper bon acteur et jamais ringard.

Rembert
C’est un acteur incroyable.

Jonah
Il peut jouer quelqu’un de motivé, mais pas ringard. Pour moi, le film repose là-dessus. Trouver ces jeunes, faire le film avec eux et les regarder évoluer de skateurs à acteurs a certainement été l’expérience la plus émouvante de ma vie.

Rembert
J’allais vous demander comment vous les aviez trouvés et comment vous aviez fait pour qu’ils soient un groupe aussi bien assorti et crédible.

Jonah
Quand on écrit un scénario, on crée des personnages et on a hâte de les voir prendre vie. Je connaissais des tas de gens dans le milieu du skate, ceux que j’avais côtoyés dans mon enfance et certains rencontrés plus récemment. J’ai donc commencé par chercher et j’ai rencontré pas mal de personnes. Mon ami et coproducteur Mikey Alfred m’a énormément aidé. Et puis, j’ai rencontré Sunny dans un skatepark. On n’avait pas encore commencé le casting. On a commencé à discuter et voilà. J’avais trouvé Stevie.

Je cherchais un gamin qui mesurait 90 centimètres, mais 3 mètres dans son esprit et son cœur. Je pense sincèrement que Sunny a beaucoup mieux compris son personnage à la fin du film, parce qu’il a acquis bravade et confiance. C’est pour ça qu’il est si crédible. En tant qu’acteur, je n’ai jamais eu de rôle où je devais me mouiller comme Sunny le fait. Il n’avait que 11 ans au moment du tournage, c’est l’âge le plus difficile et le plus tourmenté. 

Rembert
Ce sont principalement les personnages qui sont mis en avant.

Jonah
Je suis tellement heureux quand après avoir vu le film, les gens viennent me raconter leur histoire. Na-kel est la star que j’ai toujours rêvé d’avoir. La scène entre lui et Sunny est une des premières scènes que j’ai écrite et elle est restée telle que je l’avais écrite. Lorsque Na-kel dit à Sunny : «Tu n’échangerais pas ta vie contre la leur.» C’est la scène préférée de tant de gens, ça les touche, mais il ne fallait pas qu’elle paraisse bidon ni ringarde. Il fallait que je trouve l’acteur qui serait capable de dire ce genre de phrase sans avoir l’air ridicule. En plus, Na-kel est un skateur pro extrêmement doué. Il est considéré comme le maître dans ce milieu. Donc forcément Sunny était plus impressionné et attiré par lui que par moi.

Comédie dramatique américaine de Jonah Hill. 4 étoiles AlloCiné.


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