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Le chant du loup Un jeune homme a le don rare de reconnaître chaque son qu’il entend. A bord d’un sous-marin nucléaire français, tout repose sur lui, l’Oreille d’Or. Réputé infaillible, il commet pourtant une erreur qui met l’équipage en danger de mort. Il veut retrouver la confiance de ses camarades mais sa quête les entraîne dans une situation encore plus dramatique. Dans le monde de la dissuasion nucléaire et de la désinformation, ils se retrouvent tous pris au piège d’un engrenage incontrôlable... Une des surprises réservées par LE CHANT DU LOUP, c’est qu’il ne ressemble pas vraiment à un film français à gros budget avec des acteurs connus. Par exemple, ce n’est ni un polar, ni une comédie. Vous avez conscience de cette différence ? Ce n’était pas évident de faire confiance à quelqu’un qui n’a encore jamais fait de film, chacun d’entre eux avait le choix entre ce projet et d’autres, et ils m’ont suivi. Stéphane Riga (producteur exécutif et artistique) est le premier nom qui me vient à l’esprit. Je ne remercierai jamais assez ceux qui m’ont fait confiance. C’est une chance. L’originalité du projet a plu. C’est ça qui nous a donné l’énergie. D’où vient cette histoire de sous-marin ? Le genre est plutôt traditionnellement américain. Ça réactive également des souvenirs de la guerre froide… J’aime les mondes inconnus, invisibles, le mystère. Quand j’ai pu m’immerger dans un sousmarin pendant plusieurs jours, j’ai été saisi. On a l’impression d’être dans le ventre d’une baleine. Les machines sont semi-organiques. Les équipages se connaissent intimement. C’est un microcosme de la société dans lequel ce qui sépare les gens à la surface – la religion, la politique, les origines – n’existe pas. Seuls comptent la solidarité, le courage, le fait de pouvoir réagir ensemble. Et en même temps le monde des sous-marins nucléaires est un univers dur, qui met en jeu la dissuasion nucléaire, l’auto-annihilation de l’espèce. J’ai voulu essayer de comprendre ce paradoxe : ils s’entrainent à la guerre pour qu’elle n’ait pas lieu : c’est le principe de la dissuasion, qui structure la doctrine française de défense. Autour de cette idée, bien réelle, de l’ordre irréversible. C’est très particulier. Votre expérience antérieure dans la diplomatie, vos connaissances en géopolitique vous ont-elles servi pour l’écriture du scénario du CHANT DU LOUP ? Des engrenages fatals peuvent se déclencher très vite. Je connais ces rouages. Les événements que je décris pourraient vraiment avoir lieu un jour, hélas – sans que nous n’en sachions rien. Dans ce film, tout est montré du point de vue des sous-mariniers : ils ne savent pas tout et n’assistent pas aux discussions des décideurs politiques. Ils assument, pour le meilleur et pour le pire, les décisions. Parfois, il faut le courage exceptionnel de quelques hommes pour sortir d’un engrenage fatal. Nous n’en savons rien, ici, à la surface, et nous n’en saurons jamais rien... tant que le pire est évité. Est-ce que c’est un film qui fait l’éloge d’un héroïsme discret ? Est-ce que la construction scénaristique du CHANT DU LOUP, avec ce prologue qui nous propulse tout de suite de plain-pied au cœur de la tension, s’est imposée tout de suite ? Avez-vous tourné les scènes de sous-marin dans un véritable sous-marin ou avez-vous tout reconstitué en studio ? A ce propos, quelle est la part des effets spéciaux dans ce film ? Est-ce que ça allonge beaucoup le temps de la post-production ? Votre film donne un sentiment de réalisme, de précision dans la connaissance des procédures, des rituels à l’œuvre dans un sous-marin. Cette précision vient-elle de votre imagination de scénariste ou des informations que vous avez recueilli lors de vos séjours en sous-marin ? Je crois que la façon de parler, le langage étrange des sous-mariniers constitue un élément dramatique important pour le film, c’est pourquoi les termes techniques ont été maintenus dans leur réalisme et leur vérité humaine. De la même manière, tous mes décors sont construits à l’échelle 1, c’est-à-dire qu’on n’a pas triché les espaces pour avoir plus de place pour la caméra. Les acteurs ont dû jouer et bouger dans un espace très confiné, et on a fait des prouesses techniques pour pouvoir les filmer malgré l’exiguité des décors. C’était important de faire cet effort. Je voulais que le plateau devienne un lieu de vérité, et que les comédiens agissent dans des situations réelles. La vie dans un sous-marin, ce sont des rituels et des accidents. Les rituels permettent d’effectuer en groupe des opérations complexes, où il faut à la fois gérer une chaufferie nucléaire, naviguer à l’aveugle sous des centaines de mètres d’eau, détecter et identifier tout ce qui bouge autour, et surtout se maintenir indétectable, y compris par d’autres bateaux alliés et même français. Alors chacun déroule des rituels, des litanies de chiffres, de codes, qui servent à vérifier que la situation est « cohérente », à corroborer. C’est un ballet, une chorégraphie où chacun sait ce qu’il a à faire, assume son rôle. Mais il y a aussi une autre dimension : chaque sous-marinier respire sur une longueur d’onde qui lui est propre, et qui s’accorde avec celle des autres. Il faut sentir cela, profondément, et le transcrire – le montrer avec des images, des visages, des figures, des raccords, des notes, des sons... Le huis-clos donne aussi au film un poids, une densité… Dans la mesure où le film se déroule dans un milieu militaire très sensible, avez-vous dû donner des gages à l’armée française ? Drame français d'Antonin Baudry. 4,4 étoiles AlloCiné. Voir toutes les newsletters : www.haoui.com Pour les professionnels : HaOui.fr |