Une intime conviction

Depuis que Nora a assisté au procès de Jacques Viguier, accusé du meurtre de sa femme, elle est persuadée de son innocence. Craignant une erreur judiciaire, elle convainc un ténor du barreau de le défendre pour son second procès, en appel. Ensemble, ils vont mener un combat acharné contre l'injustice. Mais alors que l’étau se resserre autour de celui que tous accusent, la quête de vérité de Nora vire à l’obsession...

Note d’intention du réalisateur, Antoine Raimbault

«  Fasciné par cette étrange affaire, j’ai assisté aux deux procès de Jacques Viguier. Et sur les bancs de la cour d’assises j’ai fait la connaissance des enfants de Jacques et Suzy, qui se sont construits dans cette terrible équation : Maman a disparu et papa est accusé de l’avoir tuée. J’ai découvert d’un coup d’un seul la justice de mon pays et le calvaire de cette famille condamnée à l’incertitude.

C’est à mon sens un des rôles du cinéma que de donner de la perspective en réinterrogeant le réel. Raconter ce procès si singulier. Montrer la justice au plus près. Donner à voir la cour d’assises aujourd’hui. En rendre la complexité et tenter d’en saisir la puissance dramatique.

Le film respecte scrupuleusement ce qui s’est dit aux audiences et dans les écoutes téléphoniques. De l’affaire nous n’avons rien eu besoin d’inventer. Tout est vrai. Faute de preuve, la vérité judiciaire s’est ici essentiellement bâtie sur la rumeur et la calomnie. Qu’il est aisé de façonner un coupable à partir de sentiments et de fantasmes.

Parce que la nature a horreur du vide, que justice doit être rendue et qu’il faut un coupable, on ne peut faire autrement que de se forger une intime conviction. On se raconte une vérité qui paraît logique, rationnelle, satisfaisante et définitive. Et peu importe que d’autres doutent, peu importe l’absence de preuve, une fois qu’elle s’est insinuée, la conviction emporte tout. C’est précisément de cette mécanique obscure que le film traite : l’emprise de la conviction sur la raison.

UNE INTIME CONVICTION n’est pas un film à thèse. Les questions m’intéressent infiniment plus que les réponses.

L’enjeu est bel et bien d’amener à la réflexion. En entrant dans le point de vue de Nora, au fil de sa contre-enquête, les spectateurs épouseront sa conviction, avant de réaliser qu’elle n’a pas plus de preuve que les accusateurs de Viguier. Au fond ce que raconte le film c’est que la quête de vérité peut rendre fou. Et que l’on peut tous basculer.

Nora incarne tout autant un fantasme de figure justicière, qu’une réflexion introspective sur le danger de nos certitudes.

Depuis toujours, le mystère criminel fascine et obsède. « Au café du commerce, entre un verre de Gaillac et l’odeur du café, d’un geste on condamne. Mais pas dans la cour d’assises… » plaide Éric Dupond-Moretti. Ce ne peut être que la voix du doute, la seule audible dans cette affaire, qui l’emporte in fine sur l’obsession accusatrice de Nora. »

Drame judiciaire français d'Antoine Raimbault.


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